Comme à l’accoutumée, OCHA Mali a fait paraître la semaine dernière son premier bulletin humanitaire pour 2019. Ce document rappelle le contenu de leur Plan de Réponse Humanitaire avant de s’atteler à la question des réfugiés ainsi que des déplacés voire de la crise éducation auxquels le Mali reste confronté au jour le jour.
296 millions pour porter assistance à 2,3 millions de personnes
OCHA Mali a publié le premier numéro pour 2019 de son bulletin humanitaire de la période janvier-février. Dans ce document finalisé le 18 mars dernier, cette organisation fait un rappel sur son Plan de Réponse Humanitaire (PRH). À ce titre, elle fait comprendre qu’en 2019, 296 millions de dollars sont recherchés afin de porter assistance aux populations victimes. « Ce budget est destiné à la prise en charge des communautés les plus affectées par les conséquences des conflits ainsi que des personnes touchées par l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les inondations », précise le document.
À en croire le contenu de ce bulletin, les personnes dans le besoin s’élèvent à 3,2 millions de personnes, mais les partenaires d’OCHA Mali ne ciblent que 2,3 millions représentant ainsi 70% des personnes dans le besoin. Contrairement à la même période l’année dernière, cette année, le bulletin fait état d’une réduction des personnes dans le besoin et cela s’expliquerait par la qualité de la pluviométrie l’année dernière. « La réduction globale du nombre de personnes dans le besoin est due à la fois aux résultats positifs de la campagne agricole et à l’impact de l’assistance humanitaire fournie en 2018 », note avec satisfaction OCHA Mali.
La région de Mopti est la plus touchée
Cette organisation rappelle également que 40% des personnes ciblées vivent dans la région de Mopti. Cela, parce que 35% des « ayant besoin » d’assistance humanitaire y vivent. Dans cette région, « la situation nutritionnelle a commencé à se détériorer depuis l’année dernière pour des raisons principalement liées aux conséquences des conflits intercommunautaires », indique-t-on dans ce bulletin humanitaire. Pour espérer sur une lutte efficace contre ce statu quo, OCHA Mali opte pour une « approche multisectorielle intégrant » plusieurs facteurs notamment la sécurité alimentaire, l’amélioration de l’accès à l’éducation, la santé, l’eau potable et des conditions d’hygiène et d’assainissement adéquates.
Problème de santé au Nord du pays
L’accès aux services de santé de base de qualité au Nord du Mali reste une aventure de combattant pour ces populations. Cela, à cause de la crise sécuritaire. « Du fait de l’insécurité dans le nord du pays, 25 pour cent des structures sanitaires ne sont pas fonctionnelles dans les régions de Taoudénit, Ménaka, Tombouctou, Kidal et Gao, selon les données recueillies par le cluster santé », explique le bulletin humanitaire qui précise qu’à Taoudénit, 35% des centres de santé restent non fonctionnels, à Ménaka, c’est 33%, à Tombouctou 25%, à Kidal 24% et à Gao 9%. « En d’autres termes, sur 287 centres de santé 66 ne répondent pas aux critères retenus pour déclarer un centre de santé fonctionnel. Ces critères incluent l’état des infrastructures, la présence du personnel et l’existence d’un paquet minimum d’activités pour soutenir les services et soins de santé », explicite enfin ledit document qui déplore le fait que plus de 40% des femmes accouchent sans assistance de personnel qualifié.
Les enfants privés de leur droit à l’éducation
« En février 2019, quelque 857 écoles sur un total de 8 421 étaient fermées pour des raisons principalement liées à l’insécurité dans les régions de Koulikoro, Ségou, Mopti, Gao, Ménaka, Tombouctou et Kidal », indique OCHA Mali dans son bulletin qui précise que la région de Mopti à elle seule enregistre 28% des écoles fermées, Kidal 50% et Ménaka 50% également. Cette situation, précise-t-on, prive 257 000 enfants de leur droit à l’éducation. À cela, déplore l’organisation humanitaire, s’ajoute la grève des enseignants qui perturbe également l’année scolaire. « Les défis à relever par le cluster éducation sont liés à la sécurité, la mobilisation des enseignants dans les communes affectées ainsi que les capacités et conditions d’accueil des enfants (y compris les cantines scolaires, les latrines et les infrastructures d’apprentissage) », recommande-t-on.
Les réfugiés se font nombreux
À travers ce document, OCHA Mali fait voir que depuis la crise de 2012, plusieurs Maliens ont cherché refuge dans les pays voisins. « Selon le HCR, 136 737 réfugiés maliens ont été enregistrés au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie au 28 février 2019 », précise-t-il. Selon cette révélation reproduite par OCHA Mali, la Mauritanie enregistre 56 591 réfugiés maliens, le Niger 55 496 réfugiés et le Burkina Faso 24 650. Le Mali est également devenu un foyer pour réfugiés, car selon la Commission Nationale Chargé des Réfugiés (CNCR), indique OCHA Mali, 8 457 réfugiés sont arrivés au Mali du Burkina Faso, 1 024 du Niger. « Les défis majeurs rencontrés dans l’assistance aux réfugiés incluent la documentation d’état civil (pour les enfants notamment), la scolarisation des enfants, la sécurité physique des personnes et des biens, les moyens d’existence et d’autosuffisance, le renforcement de structures communautaires de protection (y compris de l’enfant, les violences basées sur le genre, etc.) et l’accompagnement des personnes ayant des besoins spécifiques », indique OCHA Mali.
Un taux de déplacement interne jamais atteint depuis 2015
Le bulletin humanitaire d’OCHA Mali pour la période Janvier-Février déplore l’augmentation du nombre de déplacés internes (PDI) depuis 2018. Contrairement à l’année dernière où le nombre de déplacés s’élevait à 47 700 à cette même période, cette année, il est à plus de 123 500. Aux dires de cette organisation, selon le rapport de la Commission Mouvement de Population (CMP) publié le 14 février dernier, « Le Mali n’avait pas atteint un chiffre aussi élevé de PDI depuis 2015. » La région de Mopti à elle seule comptabilise 56 495 déplacés internes contre 2 151 à la même période l’année dernière. Depuis décembre, précise le bulletin, Bamako et Koulikoro ont reçu 650 nouveaux arrivants s’ajoutant ainsi aux 3 023 déjà présents. Ces déplacements internes concernent également le cercle de Bourem et de Kita où on enregistre respectivement 21 059 et 626 déplacés.
Les engins explosifs touchent gravement les civils
« Au Mali, une victime d’engins explosifs improvisés sur trois est un civil », précise le bulletin après avoir indiqué que 249 personnes ont été victimes de cette situation en 2018 et dans la majeure partie des cas ce sont les enfants qui sont touchés. C’est dans ce cadre qu’OCHA Mali précise : « De ce fait, les activités de lutte antimines mettront cette année un accent particulier sur leur protection, à travers un projet visant l’inclusion de l’éducation aux risques dans les programmes scolaires. Ces activités permettront de renforcer la capacité du Gouvernement dans le développement de modules de formation pour les écoles fondamentales et de mettre en œuvre la déclaration sur la sécurité dans les écoles10, initiative à laquelle le Mali a adhéré en février 2018 »
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays