La nocivité de ces produits est incontestable car nous ne savons pas dans quelles conditions ils ont été récupérés… Les maladies qui peuvent en découler sont, notamment la dermatose, les affections pulmonaires, les affections respiratoires et les allergies, a relevé Dr Youssouf Yalcouyé
Les produits de brocante envahissent de plus en plus les marchés de Bamako. Importés principalement d’Europe et des Etats-Unis d’Amérique, ils se composent, entre autres, d’objets électroménagers, d’appareils électroniques, de matelas, de vêtements et de produits alimentaires. Ces marchandises, qui sont majoritairement des anciens objets utilitaires, sont devenues des produits de prédilection pour un grand nombre de consommateurs bamakois. Mais quid des éventuels dangers que représentent de ces objets pour la santé ?
Le brocanteur Jean Mariko vend des matelas et des réfrigérateurs. Il exerce ce commerce depuis 7 ans. Il explique que ses matelas sont des stocks invendus des usines que des proches résidant en Europe lui envoient. « Nous ne pouvons pas attester que tous les matelas sont sans danger car nos sources d’approvisionnement sont totalement disparates », reconnait-il. Les taches qu’affichent certains matelas sont provoquées par l’humidité due aux conditions de stockage. Il concède que les matelas d’une place sont généralement issus des hôpitaux surtout quand ils ont la couverture en plastic noir.
Jean Mariko se dit conscient du danger que ces marchandises peuvent représenter pour les clients. C’est pourquoi il répand sur les matelas des produits qui peuvent éliminer les germes pathogènes. « Si les casses étaient pathogènes, nous ne serions pas encore en vie », s’est-il emporté devant notre insistance sur la dangerosité de ses marchandises. Il ignore certainement que les maladies peuvent mettre du temps à se manifester. Gaoussou Karambé qui venait d’acheter un matelas à la brocante sur la route de Daoudabougou, reconnait lui aussi que la provenance de ces matelas d’occasion est réellement douteuse. Il les achète, dit-il, par manque de moyens pour s’offrir du neuf. Selon lui, on peut se procurer un matelas d’occasion à 55 000 Fcfa. Pour avoir un matelas neuf de la même dimension, il faut débourser pas moins de 180 000 Fcfa. « Malgré leur état peu recommandable, nous n’avons pas le choix», dit-il.
Karamoko Sogoré est un vendeur des «casses» qui dispose d’un magasin où il propose du matériel de gymnastique d’occasion. Il soutient que ce sont les réfrigérateurs et les matelas qui représentent les plus gros risques. « Les matelas proviennent des hôpitaux, des hôtels et des maisons closes. Quant aux réfrigérateurs, à un certain âge, ces appareils dégagent un gaz toxique susceptible de nuire gravement à la santé », croit savoir notre interlocuteur. M. Sogoré attire l’attention aussi sur les produits alimentaires et surtout les boissons dont certains revendeurs modifient la date de péremption. Son voisin, vendeur de vélos d’occasion, a confirmé la présence de ces boissons sur le marché. L’homme nous a confié que lui-même consomme une boisson très énergisante.
Pour Dr Youssouf Yalcouyé, la nocivité de ces produits est incontestable car nous ne savons pas dans quelles conditions ils ont été récupérés. Les germes des maladies peuvent infecter ces matelas quand ils vieillissent et les bactéries nuisibles sont ensuite transportées chez nous. A en croire le médecin, les utilisateurs de ces objets sont bel et bien conscients des éventuels dangers qu’ils encourent à long terme. Les maladies qui peuvent en découler sont, notamment la dermatose, les affections pulmonaires, les affections respiratoires et les allergies, a indiqué le toubib. Pour mettre la population à l’abri des dangers des objets de brocante, le Dr Yalcouyé exhorte les autorités à interdire l’importation de ces produits.
Mohamed D. DIAWARA
L’Essor