Courant vendredi 14 mai, il a fallu juste attendre la fin des prières pour s’attendre à une manifestation surprenante venant des musulmans de mosquée. Avec à leur tête un certain Ballo, imam de la grande mosquée de Boulkassoumbougou-Kouloubleni, les manifestants se sont dirigés vers la maison de l’artiste Salif Keita. Cela, pour lui illuminer clairement leur désaccord au sujet de l’ouverture du lieu dont il compte ouvrir comme un des bars-restaurants du quartier. Les fidèles s’indignent par le fait que l’endroit en question, c’est-à-dire le bar, est non seulement proche d’un centre de santé communautaire du quartier, mais aussi et surtout d’une mosquée. À cet effet, les manifestants scandaient certains slogans : « Non à l’ouverture d’un bar-restaurant en face d’un centre de santé et près d’une mosquée » ; « Nous ne sommes pas d’accord avec l’ouverture d’un bar-restaurant à côté de la mosquée et du centre de santé ».
Visiblement très remontés, certains se posaient également la question à savoir la personne qui a sciemment pu donner l’autorisation à l’artiste Salif pour la construction de cet endroit sous forme de bar-restaurant.
C’est le maire qui lui a autorisé ? s’interrogent-ils. Catégoriques, d’autres manifestants ont été clairs : «Nous préférons mourir dans la main de Allah, le créateur de tout, que de subir sa colère à cause de la construction des bars partout ».
Cette manifestation suscite de nombreuses questions liées à la problématique de constructions anarchiques des lieux de plaisirs dans de nombreuses villes du Mali, et singulièrement dans celle des trois caïmans (Bamako).Alors que la législation malienne est contre toute construction de ce genre de lieu notamment les bars à côté des lieux de culte (mosquée) ; des écoles ; centres de santé et autres, beaucoup sont ceux qui se mettent en porte-à-faux avec les normes en tentant de construire des bars dans des endroits inappropriés. Pour cette occasion, les éléments de police du 12ème Arrondissement étaient, même s’ils semblaient visiblement être surpris de ladite manifestation, présents sur le lieu. Vu le titre de membre du CNT dont l’artiste bénéficie, certains manifestants avaient du mal à croire que c’est lui le propriétaire de l’endroit. En tout état de cause, les musulmans ont « vivement » voulu se faire ainsi entendre à travers cette sortie. Ils ne cachent plus leur désapprobation par rapport à l’ouverture du lieu comme bar-restaurant à côté de leur lieu de culte et du centre de santé. L’incriminé artiste prendra-t-il au sérieux cette situation avant que ça ne dégénère ?
Mamadou Diarra