Notre confrère Boukary Daou a finalement retrouvé l’air libre à l’issue d’une audience express, le mardi 2 avril dernier. Si toute la profession se réjouit de cette avancée, elle n’oublie pas que c’est n’est qu’un premier pas dans la lutte, un tout petit début…
Boucary Dao
C’est une marée humaine de journalistes et d’amis de la presse malienne, connus ou pas, qui avait pris d’assaut le Tribunal de la Commune IV. Stoïquement, elle a attendu que soit vidée une affaire de litige foncier avant que les magistrats n’examinent la requête de demande de liberté provisoire formulée par les conseils de Daou.
L’occasion est aujourd’hui heureuse de remercier et de féliciter les avocats qui se sont constitué pour notre confrère du Républicain. Ce sont Mes Amidou Diabaté, Lamissa Coulibaly, Hamadi Karembé (Avocats sans Frontières), Nématou Maïga, Malick Djibrilla, Mamadou Camara, Cheick Oumar Konaré et Alassane Diop.
Nous attendons donc l’audience au fond du 16 avril prochain qui, nous l’espérons, remettra dans ses droits Boukary Daou, après 28 jours d’un calvaire injuste et inutile. Mais, avant cette date, et après l’annonce d’une aide aux partis politiques maliens de plus de 1,7 milliard de FCFA, en ces temps supposés de serrage de ceintures, nous vous proposons de lire l’intégralité de la Lettre ouverte au Président de la République par intérim qu’ont rédigée des associations faîtières de la presse malienne.
«Monsieur le Président de la République, Nous ne pouvons plus refouler ce besoin inextricable de nous adresser à vous ouvertement. Par la présente, nous souhaitons attirer votre attention sur la détérioration persistante du climat de travail pour les journalistes par les agressions répétées contre eux et surtout la réduction des ressources des entreprises de presse.
A plusieurs occasions depuis votre installation comme Président de la République par intérim, nos organisations ont tiré la sonnette d’alarme en dénonçant plusieurs cas de tentatives d’assassinats de journalistes, de menaces et d’arrestations et de séquestrations des professionnels de l’information, et, enfin, les difficultés des entreprises de presse à pouvoir travailler convenablement.
Et rien n’a été fait pour que la situation s’améliore. Pis, nos organisations ont été totalement déçues par les derniers coups portés contre elles, qui préfigurent, si on n’y prend garde, une limitation grave des moyens des entreprises de presse à l’approche des échéances électorales annoncées.
A la honteuse torture de notre confrère Boukary Daou par la Sécurité d’Etat, il faut ajouter maintenant la privation des organes de l’appui nécessaire à leur implication dans la sortie de la crise. Alors qu’on nous a enlevé 61 % de l’aide publique aux entreprises de presse, soit plus de 109 millions de F CFA sur 200 millions de FCFA, on vient d’attribuer aux partis politiques une aide financière de l’Etat d’un montant de 1 milliard 718 millions 704 443 FCFA au compte de l’année 2012, comme si l’effort de guerre doit être consenti par les uns et non par les autres.
Sur cette enveloppe, qu’aucun Malien ne comprend ni n’accepte, le gouvernement a, sur la base du rapport de vérification des comptes de 2012, établi par la Cour suprême sur 47 partis politiques ayant fourni des dossiers, 41 sur plus de 100 ont été déclarés éligibles audit financement au regard des critères définis par la loi.
Il nous paraît, M. le Président de la République, de notre responsabilité de vous alerter sur les conséquences extrêmement graves de ces traitements injustes des acteurs publics, dont les effets seront obligatoirement contreproductifs et viendront contrarier votre volonté de mener à bien la transition politique en cours.
En tant que garant de la Constitution, nous vous demandons tout simplement de réparer cette grave injustice, car, comme pour les partis, c’est la Loi 00-046-AN/RM, portant Régime de la presse et délit de presse, qui institue l’aide à la presse.
Nous savons pouvoir compter sur votre soutien et vous en remercions».
ASSEP – GROUPE – URTEL
Ramata Diaouré