Alors que le vote du projet de loi portant institution de la Police territoriale a été renvoyé à une prochaine session du Conseil National de Transition (CNT), des voix s’élèvent pour l’abandon définitif de cette recommandation de l’Accord d’Alger, adoptée en Conseil des ministres le 25 mars 2020, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Qu’en pense la Police nationale ? Le Président du Syndicat autonome de la Police (SAP), l’Adjudant Bougouna Baba Dembélé, répond aux questions de Journal du Mali.
Le 2 juillet 2021, vous envisagiez un sit-in, que le Gouverneur du District de Bamako a refusé en raison de l’état d’urgence et de la crise sanitaire. Parmi vos revendications figure la non création de la Police territoriale. Pourquoi ?
Parce qu’elle n’a pas lieu d’être. Nous avons déjà une Police nationale bien structurée, avec des directions régionales qui coordonnent les missions sur leur territoire. Par exemple, celle de Sikasso gère les commissariats de Bougouni, de Kolondiéba… Il en est de même dans toutes régions et nous arrivons à travailler tous ensemble. Vouloir donner à chaque localité sa police, comme le stipule le projet de loi, n’augure rien de bon dans un État unitaire comme le nôtre.
Les missions édictées dans le projet de loi seront de sécuriser les personnes et les biens ; de maintenir de l’ordre public sur les voies publiques ; de prévenir les actes malveillants ; de veiller sur la tranquillité publique. Ce sont les mêmes que celles de la police nationale…
Bien sûr que oui. Et c’est là tout le danger de la mise en place de cette police. Quand vous donnez des missions similaires à deux structures différentes, il est certain qu’il y aura conflit d’intérêts. Surtout avec des hommes armés. En plus, il serait souhaitable de reformuler les missions assignées à cette police territoriale, qui, à mon avis, doit être chargée uniquement, aux côtés des forces de sécurité, des missions de police administrative générale, conformément aux dispositions du Code des collectivités territoriales. Il s’agit, entre autres, de la police des marchés, des cinémas et du maintien de l’ordre dans les stades.
Le Conseil nationale de transition doit se prononcer sur le texte lors d’une prochaine session. Si le oui l’emporte, quelle sera la réaction de votre syndicat ?
Pour le moment, nous n’en sommes pas là. Et je ne crois pas que cette loi sera votée. Ils l’avaient déjà reportée lors de la session précédente. Je souhaite qu’ils l’abandonnent carrément pour garantir l’unicité entre les forces de l’ordre. En tout cas, nous, nous demandons le retrait pur et simple du projet.
Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali