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Boubacar Bocoum : « L’architecture institutionnelle n’est pas construite »

Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation a reporté les concertations régionales sur les avant-projets de loi sur les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales. Prévues du 6 au 10, elles se tiendront du 13 au 17 novembre. Le sujet ne finit pas de susciter des réactions diverses. Au Journal du Mali, Boubacar Bocoum, analyste et politologue explique les enjeux liés à cet impératif de l’accord pour la paix et la réconciliation.

Pourquoi cet avant-projet fait autant objet de controverses ?

L’accord dans certaines de ses dispositions indique qu’il  fallait aller à une conférence d’entente nationale pour que les gens soient suffisamment consultés et écoutés pour en arriver  ensuite à cet avant-projet. On sent nettement que le travail a été fait dans le bureau et si les populations ne sont pas  d’accord cela veut dire que  ce n’est pas leur œuvre. Dans ce genre de processus il faut laisser les acteurs qui sont sur le terrain parce que nous sommes dans un concept de décentralisation. C’est la libre administration qui prévaut et dès lors il revient à toutes les régions de faire des propositions.  Ce sont des approches de communications qui ne sont pas de nature à apaiser le climat.

C’est donc ce qui justifie ces concertations régionales ?

Je ne pense pas que ce soit réellement des concertations régionales.  Ce sont des schémas administratifs alors que des concertations supposent qu’elles soient suscitées par les populations locales au départ. Là c’est un programme que le gouvernement distribue. On ne sait pas comment tout cela va se passer, ni comment ce sera organisé. Ce ne même pas évident que ça marche. La force d’une telle  démarche doit être inclusive, c’est en ce moment que tout le monde se l’approprie.

Quelle pourrait être la finalité de ces concertations ?

De toutes les façons,  l’Etat a cette habitude d’imposer, ce  qui pose problème dans la fonctionnalité. Le pacte pour la paix intime l’ordre à Bamako d’accélérer l’application de l’accord. Et pour cela, il faut aller dans le modèle de la déconcentration et de la décentralisation avancée. Si on va dans l’esprit de l’accord, ce sont les communautés locales qui sont dans l’administration. Par exemple le gouverneur qui est à Kidal n’est que le représentant de l’Etat, il ne  gouverne pas. Apres la période intérimaire, la logique aurait voulu qu’on aille vers l’élection d’un président élu  au suffrage universel. C’est la libre administration et tout ce qui concerne le développement de la localité relève exclusivement du président de région. Dès lors qu’on est dans un cas de figure le découpage ne doit pas être imposé à un autre niveau. C’est aux communautés de dire ce dont elles ont besoin et de le justifier.  L’Etat n’a pas suffisamment communiqué sur les enjeux.

Comment parvenir à des propositions consensuelles sachant qu’il y a des divergences au  niveau des régions ?

L’Etat nous envoie au découpage sans nous dire à quoi il sert et  comment il fonctionne. Dans l’accord,  il est dit qu’il faut un nouveau schéma institutionnel.  Et ce schéma n’a pas été dévoilé par l’Etat. Pour que je me batte pour avoir plus ou moins des régions, il faut que je comprenne d’abord c’est quoi la région, comment elle va fonctionner, comment sera fait la députation. L’assemblée régionale n’aura plus en ce moment la même fonction. Par exemple  les députés  de Gao ne seront pas  les députés  logiquement de l’Assemblée nationale du  Mali. La région de Gao aura son administratif,  son judiciaire  et son législatif. C’est tout ce schéma institutionnel qui doit être conçu et accepté par tout le monde.  Dès lors que cette architecture n’est pas construite, les gens sont confus quand on leur demande d’aller aux concertations. Les gens pensent aux nombre de cercles pour avoir plus des députés mais pour le moment on n’en sait rien de tout cela. L’architecture institutionnelle n’est pas construite. Le problème pour l’Etat malien c’est qu’on n’a pas construit de modèle. Il faut un schéma global avec tout le mécanisme de fonctionnement et le proposer au peuple et aller au referendum s’il le faut. On a besoin de concerter le peuple  pour des questions compliquées comme celles-là.

Journal du mali

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