Le Médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), GoodLuck Jonathan, était encore à Bamako le week-end dernier pour tenter de trouver un compromis avec les autorités sur la durée de la transition. À la surprise de tous, l’émissaire est retourné sans trouver un accord, ce, malgré les efforts du gouvernement qui a proposé trois dates dont la dernière est de vingt-quatre (24) mois. Cette attitude des chefs d’Etat de la CEDEAO constitue tout simplement un orgueil qui ne rend service ni à certains pays de l’organisation, encore moins au Mali.
Dimanche soir, la nouvelle est tombée comme une épée de Damoclès. Alors que le peuple espérait sur la levée des sanctions à l’issue des 48 heures de négociations, le gouvernement annonce à travers un communiqué n’avoir trouvé aucun accord avec la Communauté économique des Etats de d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur un nouveau chronogramme de transition qui devait fixer la date de nouvelles élections destinées à rétablir l’ordre constitutionnel.
Pourtant, cette fois-ci, les autorités de la transition ont fourni de gros efforts dans les discussions. Puisque, côté malien, il a été proposé trois possibilités à savoir, une transition de 36 mois ; 29 mois ; ou encore 24 mois. Mais curieusement, la CEDEAO n’a accepté aucune des propositions et s’est campée sur une seule position caduque allant de douze à seize mois non négociable. Ce qui a été jugé trop court par les autorités du Mali au regard de la situation actuelle du pays.
Que de regrets….
À la suite de cet énième échec des négociations, le gouvernement exprime son regret : « Le Gouvernement de la République du Mali regrette cette absence de compromis à ce stade pour une Transition dont l’objectif est de poser les jalons de la Refondation du Mali, puis de mettre en place un nouvel ordre constitutionnel gage de paix, de stabilité durable et de bonne gouvernance. Manifestement la CEDEAO n’a toujours pas suffisamment pris en compte la complexité des enjeux auxquels le Mali est confronté et les aspirations profondes de son Peuple déterminé à prendre son destin en mains. Le Gouvernement de la République du Mali a toujours exprimé et illustré sa bonne foi et sa détermination à trouver une solution consensuelle avec la CEDEAO, en témoigne l’invitation adressée au Médiateur de la CEDEAO pour la tenue des consultations à Bamako ce week-end. C’est également sur l’initiative du Gouvernement de la République du Mali qu’un mécanisme de concertation avec la CEDEAO et la Communauté internationale a été mis en place le 9 février 2022. Ce mécanisme a notamment permis de procéder à une évaluation technique conjointe du chronogramme de la Transition au Mali. »
Une CEDEAO incohérente et non objective !
Pourtant, ces nouvelles consultations se sont tenues à la suite de la note verbale du 26 février de la représentation de la CEDEAO envoyée au Gouvernement du Mali et communiquant une proposition de chronogramme pour une Transition de douze à seize mois, même si le Gouvernement de la République du Mali a déploré le fait que cette proposition de la CEDEAO est essentiellement électoraliste et ne prend pas en compte les aspirations légitimes de réformes politiques et institutionnelles exprimées par le Peuple malien.
Une fois au Mali le Médiateur, au lieu de s’ouvrir davantage en allant au-delà des seize mois préconisés pour une issue favorable à tous, est resté camper sur les douze mois. Pendant ce temps, les populations des différents pays continuent de payer les frais. La preuve est que le prix des carburants vient de prendre l’ascenseur même si d’autres raisons sont évoquées à ce sujet. Cela s’ajoute à une très longue liste de produits de premières nécessités qui sont devenus intouchables sur les marchés à Bamako et dans d’autres villes de la sous-région.
Pourquoi la CEDEAO ne s’ouvre plus davantage, elle, qui se dit soucieuse de la protection des droits constitutionnels des citoyens ? Serait-elle dans un esprit de vengeance face aux autorités maliennes qui l’auraient défiée ? Quelles issues faut-il espérer de la suite ? Pour l’heure, il est toujours difficile de répondre à ces différentes questions.
Amadou Kodio
Source: Ziré