Bilal Ag Acherif, secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), coordinateur général de l’effort de guerre pour les groupes armés issus de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et du Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP) et chef auto-proclamé de l’armée de l’Azawad a donné une interview au journal français l’Opinion, interview publiée ce dimanche 22 octobre 2023.
Se voulant un plaidoyer pro domo, la séance de questions-réponses avec le quotidien français, paraissant du lundi au vendredi, avec une pagination limitée de 8 à 12 pages, tourne au burlesque. Car, en faisant le récit de la situation sur le terrain, l’interview s’est terminée par un appel au secours à la Communauté internationale. Entre grossiers mensonges et vérités tronquées, le quotidien des sans voix a scruté et analysé pour vous l’interview presque secrète de Bilal Ag Achérif, le chef de la rébellion séparatiste qui a repris les armes contre le Mali. Voici les aveux d’un renégat.
Sur la situation militaire au nord du Mali
Bilal Ag Achérif affirme que c’est l’armée malienne qui a commencé à attaquer leurs positions il y a deux mois et demi à Tombouctou. Il ajoute que le gouvernement a tourné le dos à l’Accord de paix en attaquant leurs bases. La question est : quelle position des groupes signataires a été attaquée et quel jour ? Le SG, maitrisard en économie, chef de l’armée azawadienne, qui reste muet sur les réponses, peut-il nous faire la différence entre position et base au plan opérationnel ?
De la même manière, quelles atrocités de Wagner ont-t-elles été dénoncées par les séparatistes avant le début de la guerre qu’ils ont déclaré au pays le 10 septembre 2023 ? Comment Wagner a pu commettre ces exactions et ces atrocités dans l’Azawad ? La bonne question n’est-elle pas où était la vaillante armée de l’Azawad en mars 2022 lorsque l’Etat islamique au Grand Sahara faisait les exactions et les massacres de milliers de civils à Ménaka ? Ces massacres n’ont pas été commis par Wagner. Pourquoi la CMA n’a pas défendu ces populations ? Même lorsque le MSA a demandé une alliance opérationnelle de tous les groupes contre l’EIGS, la CMA s’est débinée. Allez savoir pourquoi…
Sur la création du CSP-PSD
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme du 14 juin, ont décidé de créer le Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD) pour défendre et protéger les populations et leurs territoires, selon Bilal.
En créant à l’issue de deux (2) jours de concertations tenues du 5 au 6 Avril 2021, le Cadre Stratégique Permanent (CSP), l’objectif de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme des Mouvements du 14 Juin 2014 d’Alger, n’était pas de déclarer la guerre au Mali mais de :
1 – Concrétiser la mise en synergie des efforts en faveur de la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger :
2-Opérationnaliser les mécanismes conjoints de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes afin de garantir la libre circulation des personnes et de leurs biens ;
3-Encourager et mener des initiatives en faveur de la cohésion sociale et du vivre ensemble entre les toutes communautés :
4-Réaliser une meilleure cohérence dans la prise en charge des aspirations communes des populations.
C’est pourquoi le GATIA (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés) s’est démarqué depuis le 25 juillet 2023 «l’orientation actuelle du CSP-PSD ne suit plus la ligne convenue… (et a pris la décision de quitter) définitivement le CSP-PSD… Par conséquent, aucune décision du CSP- PSD ne nous engagera».
Dans la même veine, le 10 septembre 2023, le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) informait le CSP qu’il n’a pas été associé à la rédaction de sa déclaration de guerre », par conséquent ne s’y reconnaît pas.
Il s’est définitivement retiré du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) le 24 septembre dernier justifiant sa décision par une multitude d’actes posés qu’il juge regrettables et inacceptables au nombres desquels la déclaration non consensuelle du CSP-PSD en date du 10 septembre 2023, par laquelle il engage un conflit armé contre les Forces armées maliennes (FAMa) ; l’incapacité pour le Cadre de répondre à son appel et celui du Groupe d’autodéfense Touareg Imghad et alliés (Gatia) à venir protéger les populations des Régions de Ménaka et Gao, victimes de massacres de masse perpétrés par Daesh depuis mars 2022… Toutes choses qui sont aux antipodes des objectifs du CSP-PSD qui était à l’origine un outil de promotion de la paix, du vivre-ensemble et de sécurisation des personnes et des biens, dénonce le document.
Comme on le voit, ce sont les faucons de l’Azawad qui ont unilatéralement décidé d’entrer en guerre contre le Mali, sans avertir les autres composantes du CSP-PSD qui ont dit clairement que la rébellion de la CMA (drainée par le MNLA et le HCUA) ne les engageait pas. Contrairement à ce que dit le secrétaire général du MNLA dans l’interview, «l’armée de l’Azawad» n’a pas riposté, elle a attaqué, la première à Ber, le 11 août 2023, pour empêcher les FAMa de prendre possession du camp de la Minusma, conformément au calendrier de retrait. Les rebelles ont attaqué à la sauvette les camps des FAMa dans les localités citées, mais ces camps n’ont jamais passé une seule demi-journée sous leur contrôle.
Sur l’unité d’action entre le CSP et le GSIM
Le responsable rebelle conteste qu’il ait eu une attaque suicide à Léré, mais ne conteste pas une jonction opérationnelle avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), toutes choses que le journaliste voulait savoir et qu’il confirme, par la suite, au regard de la réalité du terrain qu’il ne pouvait nier. Il fanfaronne : «L’opération a été menée par l’armée azawadienne. Le GSIM a bien sûr une présence sur le terrain et beaucoup de ses combattants viennent de l’Azawad, comme les nôtres. Depuis 2015, nous travaillons à la paix avec Bamako, contrairement au GSIM qui combat les FAMa depuis 2012».
Depuis 2015, quel travail la CMA a travaillé avec Bamako ? Si ce n’est l’obstruction et l’empochement des perdiems des commissions et autres structures budgétivores pour la mise en œuvre de l’Accord pour laquelle la CMA a unilatéralement suspendu sa participation. C’est elle qui accuse aujourd’hui le gouvernement d’avoir tourné le dos à l’accord ? L’hôpital se moque de la charité..
Pour ce qui est des mines antipersonnelles au nord, il faudrait demander à Bilal Ag Achérif avant l’arrivée de Wagner combien d’attaques à EEI les casques bleus de l’ONU ont subis et combien en sont-ils morts. Dès lors, la question est simple, quant à celui qui pose les mines antipersonnelles au nord. En tout cas, la preuve est faite que ce n’est pas Wagner qui donne aujourd’hui des cauchemars à la CMA et à ses commanditaires.
Sur le bilan des combats
Aux dires du commandant en chef des forces azawadiennes, «les forces armées maliennes (FAMa) et Wagner ont perdu 300 soldats à Ber, Léré, Bourem, Bamba, Dioura… De notre côté, nous déplorons la perte de 45 martyrs. Il y a aussi de nombreux blessés de part et d’autre ». Heureusement que le moral des FAMa est de beau fixe et elles continuent leur progression vers l’objectif initial : la tête du serpent.
Mais, au-delà des chiffres grotesques et fantasmagoriques avancés dans cette interview auxquelles le maitrisard de l’économie ne connait rien, la sémantique guerrière de ce natif de Kidal grandi en Libye n’est pas sans importance.
Parce qu’en opposant «soldats» et «martyrs», le chef de l’Armée de l’Azawad laisse tombe le masque. Allah nous ayant fait pour qu’on oublie nos petits mensonges, Bilal utilise le narratif djihadiste pour faire sa propagande.
Emprunté à l’italien soldato, dérivé du verbe soldare « payer une solde », lui-même dérivé de soldo (même origine que le mot français sou), le soldat est celui qui sert dans une armée, et reçoit une solde. C’est aussi le grade donné dans les armées au personnel situé au plus bas de la hiérarchie militaire.
Quid de martyr ? Selon Hurayra, le prophète a dit : « les martyrs sont au nombre de cinq : lʼhomme mort suite à une maladie du ventre ; lʼhomme mort par la peste ; le noyé, le mort sous des décombres et enfin celui qui est mort au service de Dieu »
Dans l’islam, la notion de martyre prend en islam une double acception. Le premier sens, plus général, vient de l’intention du croyant et de la nature de ses actes, sans que la mort survienne obligatoirement sur un champ de bataille.
Ainsi, par exemple, le décès naturel d’un pèlerin est qualifié de chahada. Le deuxième sens, plus spécifique, celui qui nous intéresse ici, réfère à la mort du croyant dans une guerre pour la cause d’Allah (djihad).
Lʼimam al-shafiʼî désigne le martyr comme : « celui qui est tué en combattant des mécréants et n’ayant comme motif que celui-là ». Il ajoute que le martyr est celui qui meurt pendant une bataille contre les mécréants. L’expression « pendant la bataille » exclut donc celui qui a survécu à cette bataille. Quant à l’expression « contre les mécréants », il exclut celui qui est mort lors d’une bataille opposant des musulmans entre eux, tels que les insurgés.
Comme on le voit, l’apprenti djihadiste se goure totalement : les FAMa ne sont pas des mécréants, et lui et ses troupes ne sont que des insurgés.
Sur le nombre de prisonniers fait par la CMA
« Nous en détenons toujours 18 militaires que nous traitons bien, conformément à notre culture et au droit international », dit-il. C’est sûrement la culture azawadienne et non touareg qui lui impose de faire subir aux prisonniers de guerre des traitements inhumains et dégradants, en exhibant sur les réseaux sociaux et en faisant passer de traître à la patrie, de poules mouillées et de bouffons… L’armée malienne et Wagner ont-ils annoncé qu’ils ont un seul prisonnier azwadiens ? Ont-ils présenté à la télévision un seul prisonnier azawadien ?
Sur la colonne de l’armée malienne qui monte vers Kidal
Selon Bilal Ag Achérif, «cette colonne est composée de 200 blindés, camions et véhicules tout-terrain. Elle est appuyée par un soutien aérien (drones TB2, Soukhoï, Albatros, hélicoptères)». Moriya ! Qui dit que djakouma n’est pas wara ? Gnè te doni ta n’ka a be guiriman don (les yeux ne portent de bagage mais ils connaissent ce qui est lourd). «Elle est actuellement bloquée à Anefis dont nous nous sommes retirés pour éviter que les populations subissent des dommages collatéraux ».
Anefiss ? Non, les FAMa, sont en route pour Kidal, le fief dit-on de la CMA, où les Maliens, fiers de l’être, les attendent à bras ouverts. Mais, c’est vrai qu’à chaque fois que les FAMa s’approchent, les braves combattants invincibles de l’Azawad qui respectent le droit humanitaire fuient les combats pour préserver les populations civiles innocentes, mais aussi leurs propres vies.
Sinon pourquoi ceux qui disent avoir une puissante DCA capable d’abattre tous les jours un avion malien fuit les confrontations ?
Comment ceux qui ont déclaré la guerre au Mali et à son armée peuvent-ils deux mois et demi après se présenter comme soucieux de la sécurité et de la vie des populations civiles ?
Très inquiet face à la tournure des opérations sur le terrain, le chef de l’armée rebelle dit que «les FAMa et Wagner veulent prendre les camps de Tessalit, où nous avons beaucoup de difficultés à cause de la présence de la Minusma. Celle-ci permet aux avions de Wagner d’y atterrir. Nous évitons de nous battre dans les zones où se trouvent les Casques bleus… Les FAMa et Wagner ont aussi l’intention d’occuper Aguelhok et Kidal ».
Ayiwa, selon les enfants : so filé, a boli kené filé (voici le cheval, voici le champ de course) ! La Minusma est partie, en plus du camp d’Anefiss, le camp d’AMachach est sous le contrôle des FAMa qui attendent Bilal et son armée de pieds ferme. Et s’ils tardent à se montrer les FAMa se feront le devoir d’aller les trouver à Kidal pour couper la tête du serpent pour en finir pour de bon.
Sur la trahison de la Minusma
Comme s’il y avait un deal avec la Minusma, le chef des rebelles l’accuse de «favoriser l’armée malienne, avec laquelle elle coordonne le retrait de ses troupes (…) Elle accélère ou retarde la remise aux autorités des camps qu’elle occupe dans le nord du Mali en fonction de l’avancée des forces maliennes. Elle a donc pris parti pour l’un des belligérants».
L’affirmation est vérité mensongère. Car la Minusma applique simplement la résolution 2690 du conseil de sécurité du 29 juin 2023. Par cette résolution, la Conseil de sécurité a instruit à «la MINUSMA, à compter du 1er juillet 2023, de commencer immédiatement, la cessation de ses opérations et le transfert de ses tâches ainsi que la réduction et le retrait de son personnel, de façon organisée et en toute sécurité, avec pour objectif que le processus soit achevé le 31 décembre 2023, en étroite consultation avec le Gouvernement de transition malien et en coordination avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police (… et) de veiller à ce que le transfert de ses bases d’opérations et de ses moyens soit effectué dans le respect total des pratiques générales et du règlement financier de l’Organisation des Nations Unies ». De quoi se plaint la CMA ? Que le conseil de sécurité n’ait pas décidé de l’inclure dans le processus de retrait de la Minusma ? N’est-ce pas raser la mauvaise tête ?
«Notre peuple, qui avait auparavant une perception positive du rôle des Nations Unies, se sent aujourd’hui trahi», tranche-t-il. Or, de son côté aussi, le gouvernement du Mali se plaint de la trahison de la même Minusma qui aurait précipité son retrait du camp de Kidal contrairement aux engagements et assurances qu’elle lui avait donnés.
Sur les craintes de vivre sous le joug des FAMa
Bilal explique que vainement, ils ont écrit au secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutierrez, pour demander à son institution de respecter un minimum d’impartialité lors du retrait des forces de maintien de la paix. Sans réponse, il change de fusil d’épaule et explique que «l’Accord de paix stipule que les forces opérant dans le nord du Mali doivent être issues de l’armée reconstituée».
De mieux en mieux, sic ! Donc, désormais ce n’est plus le territoire de l’Azawad mais c’est ‘‘le nord du Mali’’ ? Comme quoi, on ne peut toujours se rappeler de ses petits mensonges. Entre le peuple que le chef de l’armée de l’Azawad revendique et les populations du nord, il va falloir trancher donc.. En attendant, à partir du moment où vous avez pris la décision de vous retirer des mécanismes de la mise en œuvre de l’Accord et d’entrer en guerre contre l’armée et le Mali, êtes-vous fondés à se prévaloir du même Accord ?
Selon Bilal Ag Achérif «les FAMa ne peuvent à elles seules assurer la sécurité dans l’Azawad ». Qu’on les regarde à l’œuvre. C’est leur devoir, elles le feront. Y en a marre d’être chaperonné éternellement par d’autres forces. L’Accord n’a jamais interdit aux forces armées maliennes d’être déployées seules au nord ?
Dans l’Accord (article 17) qu’il n’a pas certainement lu, les questions de défense et de sécurité sont régies par les principes directeurs suivants :
– Inclusivité et représentation significative de toutes les populations du Mali au sein des forces armées et de sécurité ;
– Unicité des forces armées et de sécurité du Mali, relevant organiquement et hiérarchiquement de l’Etat central ;
– Progressivité du redéploiement des forces armées et de sécurité reconstituées du Mali (et non de l’Azawad). Il est logique que le chef des combattants de l’Azawad qui ont déserté les rangs de l’embryon de cette armée reconstituée ne peut se plaindre de la progression de l’armée que lui et ses hommes ont choisi d’attaquer.
L’Accord n’a jamais dit que les forces armées et de sécurité reconstituées vont se substituer à l’armée malienne et jouer son rôle de défense et de protection de l’intégrité territoriale. Il dit juste qu’elles ‘‘se redéployeront, de manière progressive à compter de la signature de l’Accord, sur l’ensemble des régions du Nord. Ce redéploiement s’effectue sous la conduite du Mécanisme Opérationnel de coordination (MOC), avec l’appui de la MINUSMA. Les forces redéployées devront inclure un nombre significatif de personnes originaires des régions du Nord, y compris dans le commandement, de façon à conforter le retour de la confiance et faciliter la sécurisation progressive de ces régions’’ (Article 21). Dès que la Minusma n’est plus là, et surtout que la CMA se sent trahi par elle, il faut donc rebeloter.
Sur la coopération pour le retrait des Casques bleus
Quant à rendre plus difficile le retrait des casques bleus, malgré les dénégations du chef de guerre de l’Azawad on devine aisément qui a tiré sur le convoi de la Minusma qui revenait de Ber le 13 août 2023, et qui faisait mouvement vers Tombouctou. Ce jour-là, le convoi des casques bleus est attaqué à deux reprises. La deuxième attaque se solda par quatre blessés que la Mission parvient à évacuer dans des conditions difficiles pour traiter à son hôpital à Tombouctou. Le CSP a-t-il jamais fait un communiqué pour se démarquer de cette attaque contre les Casques bleus qui peut constituer un crime de guerre au regard du Droit international ? Comme à Ber, ce sont les mêmes éléments rebelles qui, à Tessalit, ont tiré sur les avions des FAMa vainement ? Pourtant contrairement à ce que dit Bilal, «le personnel de la Minusma à Tessalit ayant dû se réfugier dans des bunkers à plusieurs reprises en raison de tirs, y compris le 19 octobre lorsqu’un C130 de la MINUSMA a été touché à l’aile alors qu’il atterrissait à Tessalit, heureusement sans qu’il y ait de blessés ou de dommages majeurs à l’avion». C’est peut-être le frère jumeau de la CMA qui a tiré sur les FAMa et la Minusma à Tessalit !
Sur la division au sein au CSP-PSD
Se disant essentiellement focalisé sur les opérations militaires, Bilal dit que ceux qui ont quitté le CSP sont libres de leur choix, comme si leur départ pouvait passer comme pertes et profits. Or, sur la conduite des opérations militaires, que vaut le CSP-PSD sans le GATIA et sans le MSA ? Mais, Bilal peut-il décemment déplorer leur départ quand c’est lui qui les a poussés à la sortie pour son agenda séparatiste ?
Sur la présence des représentants du CSP dans le gouvernement
Sans donner de précision quant au moment, Bilal Ag Achérif fait une révélation de taille : «nous avons demandé à trois ministres de quitter le gouvernement. Ils sont restés à Bamako de leur propre chef. Ils travaillent aujourd’hui pour eux-mêmes. Nous avons aussi demandé à nos quinze officiers de quitter les organes de coordination militaire avec l’armée malienne qu’ils avaient intégrée en 2015».
Le chef des opérations militaires de l’Azawad, Bilal Ag Acherif (c’est en cette qualité que le journaliste qui l’interview le présente) doit être amère que soit agenda séparatiste ne soit pas partagé par les deux ministres, au lieu de trois comme il l’annonce, et aux 15 officiers auxquels il a demandé de quitter le gouvernement et les organes de coordination avec les FAMa. Que vaut un leader qui n’est pas suivi par ses cadres et sa base ?
Le plus ridicule est qu’il ignore même le nombre des représentants des mouvements signataires dans le gouvernement qui sont : Mossa Ag ATTAHER (CMA) et Alhamdou Ag ILYENE (Plateforme).
A moins que notre faux ‘’Chef de guerre’’, sous pression, n’ait présenté l’ancien porte-parole du HCUA, Redouwane Ag Mohamed Ali, nommé le 9 octobre 2020 comme Commissaire à la Sécurité alimentaire, comme un membre du gouvernement.
Au lieu d’en tirer les conséquences et se taire, Bilal estime que les ministres et officiers azawadiens ne représentent plus qu’eux-mêmes parce qu’ils ont choisi de rester maliens. Serait-il disposé à se confronter à ses cadres pour une élection à la base ?
Sur les renforts venant de la sous-région ?
Selon lui, son armée «n’a pas de problème d’effectifs et nous savons où trouver des combattants. Chaque jour, nous recevons déjà des renforts de nos communautés de l’Azawad. Il s’agit d’une question existentielle pour nos populations. Notre principale difficulté réside dans l’approvisionnement en munitions, le soutien financier et la logistique pour soigner nos blessés ».
Voici un quidam parachuté de Tripoli en 2010 auquel on a promis une partie juteuse du Mali, qui n’a aucune base (sauf l’appui de la France), qui n’a réussi à rallier à sa cause qu’une poignée de rebelles avec lesquels ils s’affiche sur les réseaux sociaux, qui affirme qu’il est déjà à court de munitions, d’argent et moyens de transport (même pour ses blessés) seulement deux mois et demi après la guerre qu’il a déclaré au Mali, et qui veut qu’on le prenne au sérieux !
Le soutien des Touaregs du Niger, fake-news. L’arrivée des touareg de Libye, Fake-news… Dès lors, pour existentielle qu’elle puisse être, la question concerne plus Bilal Ag Achérif que les populations de l’Azawad qui n’ont aucun problème avec le Mali.
Sur la médiation internationale
Pour lui, «il faut se rendre à l’évidence. Cette médiation n’a pas atteint les résultats escomptés. Les médiateurs n’ont pas pu empêcher la guerre et ne sont pas parvenus à faire entendre raison aux autorités à Bamako… Pour sortir de l’impasse, nous devons repenser toute l’architecture de la paix et trouver un nouveau mécanisme. La Minusma se retire du Mali et ne pourra plus jouer son rôle de garant de la bonne application de l’accord d’Alger.»
Mais voilà, comme dans toute fuite en avant, le bouc-émissaire est tout trouvé : c’est la médiation internationale qui est fautive. Pouvait-elle empêcher une guerre contre laquelle elle ne pouvait rien parce la CMA l’a voulue, planifiée et mise en œuvre ?
Bien sûr qu’elle a réussi à faire entendre la raison de l’unité, de la fraternité et la paix aux autorités de Bamako. Mais qu’en est-il de vous la CMA quand le 11 juin 2023, la médiation internationale a relevé «que, sur la base de l’expertise qu’elle a commise, le projet de Constitution, qui reconnaît le principe de la libre administration des collectivités locales, ne fait pas obstacle à l’opérationnalisation de l’architecture institutionnelle prévue par l’Accord» ?
Bien sûr parce qu’elle ne souffle pas dans votre trompette que c’est l’impasse et qu’il faudra repenser toute l’architecture de la paix et trouver un nouveau mécanisme ?
Vous regrettez le départ de la Minusma déjà que vous avez accusé d’avoir trahi les aspirations de votre peuple in vitro ? Mais faut-il rappeler que la Minusma n’a pas été déployer pour être le garant de la bonne application de l’Accord d’Alger, mais par la résolution N°2100 du 25 avril 2013, le conseil de sécurité des nations-unies avait donné comme mandat à celle-ci la «Stabilisation des principales agglomérations et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays». Notamment :
«- En appui aux autorités de transition maliennes, stabiliser les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays, et, dans ce contexte, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones;
– Aider les autorités de transition maliennes à étendre et rétablir l’administration de l’État dans tout le pays… »
Sur l’appel au secours des rebelles
Bilal conclut son entretien par ce SOS : «nous appelons la communauté internationale, l’ONU et les organisations humanitaires à prendre leur responsabilité au sujet du conflit. La présence des mercenaires de Wagner est un désastre pour notre région».
En dernière analyse, il faut se demander si Bilal Ag Achérif avait toutes les informations et toutes les cartes en main avant de reprendre les armes et déclencher sa guerre contre le Mali. Car, comment sans munitions, sans appui financier, sans logistique et sans troupes on se lance dans une aventure guerrière contre un État, et au bout de deux petits mois, on appelle à l’aide la communauté internationale, l’ONU et les organisations humanitaires à prendre leur responsabilité au sujet du conflit ?
Avec tout le respect qu’on lui doit, Bilal Ag Achérif en plus d’être un renégat qui prend les armes contre son pays est un pantin.
LA REDACTION
Info Matin