La phase inter-ligues qui se déroule actuellement à Mopti, a mis à nu la chute vertigineuse des équipes de l’intérieur et la nécessité pour la fédération de revoir la copie des Conférences. Décryptage.
La 13è édition de la phase inter-ligues du championnat se poursuit dans la Venise. Après trois journées de débats, un constat frappe à l’œil : le niveau très bas des joueurs. En attestent les résultats des matches.
Au terme des trois premières journées, seul le Centre Bintou Dembélé (garçons et dames) a réussi à tirer son épingle du jeu, marquant le plus grand nombre de points dans un match (92 contre Alfarouk de Tombouctou). Qu’est-ce qui explique cette baisse de niveau des équipes ? Selon plusieurs observateurs le problème se situe à trois niveaux : le manque de compétition dans les régions, l’absence d’une vraie politique de formation et le manque d’infrastructures adéquates.
Mais certains pointent également du doigt les responsables des ligues de l’intérieur, à l’image du secrétaire général-adjoint de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB), Mady Moussa Doumbia qui déplore l’absence de compétitions dans les Régions. «Avant, les ligues régionales organisaient des compétitions au niveau des Régions qui servaient de préparation pour les équipes de l’intérieur. Mais depuis quelques années, les ligues n’organisent plus de compétitions et c’est normal que les joueurs manquent de fraîcheur physique, martèle Mady Moussa Doumbia.
Le secrétaire général-adjoint de la fédération souligne également le problème de formation à la base, une politique qui tend à disparaître dans les Régions. «Si les équipes régionales ne sont plus à la hauteur, c’est parce que la politique de formation à la base n’existe plus au niveau des ligues de l’intérieur.
Pourtant, il y a quelques années ce sont les équipes régionales qui fournissaient toujours la moitié de l’effectif des sélections nationales juniors et cadettes. Il faut que les ligues prennent conscience de leurs responsabilités et renouent avec ce qui faisait jadis la force des équipes de l’intérieur», dira un Mady Moussa Doumbia visiblement très déçu de voir certaines équipes comme AFPSS de Gao, le Débo de Mopti ou encore Alfarouk se présenter avec un effectif de cinq joueurs.
Mais si les responsables des ligues régionales admettent volontiers la baisse du niveau des équipes de l’intérieur, ils ne partagent pas totalement l’avis du secrétaire général-adjoint de la fédération. «C’est facile de nous accuser et de nous faire porter le chapeau de ce qui se passe maintenant, rétorque un responsable de la ligue de Ségou.
Pour nous, tout le monde a une part de responsabilité dans la déconfiture des équipes régionales, la fédération, les ligues et même les joueurs», ajoutera notre interlocuteur qui a requis l’anonymat. «Pour nous, la fédération n’organise plus les Conférences pour promouvoir et développer le basket-ball dansles Régions, elle le fait simplement pour justifier certaines dépenses», accusera-t-il.
A l’instar du secrétaire général-adjoint de la fédération, nombre de joueurs pensent également que les responsables des ligues ont une grande part de responsabilité dans l’échec de la politique des Conférences dans les Régions. «Pour nous les joueurs, les dirigeants sont les principaux responsables de l’échec des Régionaux, répond sans détours Moussa Koné sociétaire de l’AS Biton de Ségou. Ils ne s’occupent plus des équipes comme ils doivent le faire, ils ne nous donnent plus les moyens pour travailler et améliorer le niveau des joueurs», regrette-t-il. Toutefois, ajoute Moussa Koné, les dirigeants ne sont pas les seuls responsables de la baisse du niveau des équipes de l’intérieur. Les joueurs ont aussi leur part de responsabilité. «Non seulement on ne travaille plus comme avant, mais les joueurs sont également très indisciplinés. On ne peut pas progresser dans ces conditions», conclura le sociétaire de l’AS Biton de Ségou.
Tout le monde s’accorde donc à reconnaître que le niveau des équipes de l’intérieur a baissé et que les ligues ont perdu du terrain ces dernières années sur l’échiquier national. La question qui se pose aujourd’hui n’est donc pas de savoir qui est responsable de cette perte de vitesse des Régionaux, mais plutôt ce qu’il faut faire pour permettre aux ligues de remonter rapidement la pente.
Aider les joueurs de l’intérieur à se maintenir dans l’élite est d’autant plus important que l’avenir du basket-ball national ne dépend pas seulement de la bonne marche de la discipline dans le District, mais plutôt sur toute l’étendue du territoire. En tout cas, si les instances dirigeantes n’arrivent pas à arrêter la saignée dans les Régions, nul doute que les sélections nationales en pâtiront.
Envoyés spéciaux
D. COULIBALY
O. DIOP