Au Mali, il n’est pas vraiment rare de voir ou entendre des chefs religieux débiter des boniments pour s’attirer une plus grande popularité. Mais, le cas du prêcheur Bandiougou Doumbia, est d’une franche exagération. Les propos, combien injurieux, par lui proférés face à ses audiences, sont absolument indignes d’un religieux de son rang. Souvent, c’est à se demander si Bandiougou Doumbia ne serait pas sous l’effet d’une amphétamine ou même s’il ne serait pas « mentalement détraqué » lorsque l’on l’entend dire des propos qu’une personne réellement consciente n’oserait tenir face à un public quelconque.
Sous le régime de l’ex-président malien, Amadou Toumani Touré, Bandiougou Doumbia s’était ouvertement livré aux invectives des plus grossières vis-à-vis des plus hauts représentants de l’Etat. Le prêcheur les avait injuriés jusqu’à la dernière loge de leur intimité aussi bien que celle de leurs géniteurs.
A travers des propos profondément malsains, tenus contre les hauts dignitaires du régime, Bandiougou les avait littéralement vidés de tout honneur. Et cela se faisait ostensiblement voir par lui comme un « excellent motif de fierté morale » ou un « véritable facteur de leadership exemplaire ». En dépit d’un acte gravissime, le prêcheur n’a curieusement fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire et malgré qu’une bonne partie de l’opinion publique malienne l’aurait bien souhaité.
L’homme, en fin de compte, a joui d’une pleine impunité qui ne faisait que lui donner des ailes à l’image d’un « super citoyen » dans le pays. Pourquoi cette parodie de bravoure grossièrement brandie par Bandiougou pour, à tout prix, embobiner le grand public ? Lui seul pourrait clairement y répondre. L’on n’a également pas oublié ses déboires avec le chroniqueur Ras Bath, en 2016, où Bandiougou Doumbia a été sévèrement malmené sur les médias au point de faire baisser sa côte de popularité à tous les niveaux.
Aujourd’hui, l’homme aurait oublié que l’appareil judiciaire eût changé de mains et que de gros efforts avaient été récemment consentis par l’Etat malien pour redresser le Droit. Suite à des propos à la fois incendiaires et subversifs par lui tenus la semaine dernière et lesquels ont été également interprétés comme une « apologie au terrorisme » et « outrage au chef de l’Etat », le sulfureux Bandiougou Doumbia est manifestement arrivé au terminus de la bêtise. Il a été écroué à la Maison Centrale d’Arrêt, le 18 février 2020, où il aura certainement le temps nécessaire pour bien méditer sur sa mauvaise et honteuse éducation.
Moulaye DIOP
Source: Journal Le Point du Mali