«Je vis à Banconi Flabougou, en Commune I, avec mes parents depuis 25 ans. Chaque année, nous sommes victimes d’inondations et perdons souvent tous nos biens. Ici, l’hivernage symbolise peur et cauchemar, surtout quand nous voyons les nuages se former. Les nuits, nous prenons les précautions pour parer à toute éventualité. Quand ça survient, c’est le sauve-qui-peut. Nous nous refugions chez les voisins qui ne vivent pas la même situation», relate Abdoul Bamba.
Réparateur de moto de son état, il est le seul homme de sa famille. Bientôt la trentaine, celui qui se dit orphelin de père depuis son tout jeune âge, semble être dans un dilemme. « Je sais que nous risquons de perdre nos vies dans ce quartier suite aux inondations, mais nous sommes obligés de prendre ce risque faute de moyens », se lamente-t-il. Le bricoleur dit gagner de quoi subvenir aux besoins de la famille, mais c’est insuffisant pour louer une maison.
Pourtant, la menace est réelle. La vieille Niéba Diarra, devenue cheffe de famille de fait depuis le décès de son mari, en sait quelque chose. « L’hivernage me rappelle ce mauvais souvenir, la peur de perdre à nouveau un autre petit enfant. En 2013, l’eau a emporté mon petit fils sous le regard impuissant de tous. Nos cœurs sont meurtris depuis. Nous gardons toujours en mémoire son dernier regard », confie-t-elle.
La vieille Niéba Diarra habite toujours la même maison familiale, construite à 3 m du marigot. Et elle exclut toute idée de recasement. Prétextant qu’il n’y a plus de terrain à Bamako, Niéba Diarra précise qu’elle préfère des solutions pouvant permettre d’éviter les inondations comme l’aménagement ou le curage des marigots.
En la matière la mairie cure les collecteurs une fois tous les deux ans, déplore certains. Ce qui est insuffisant pour éviter les inondations parce que les gens construisent ou déversent des ordures dans les collecteurs obstruant ainsi le passage de l’eau, selon eux.
La mairie de Korofina, en Commune I, dit fournir chaque année des efforts pour minimiser les dégâts. Des travaux de curage des collecteurs et des caniveaux, la construction de pavés et de nouveaux caniveaux, sont réalisés à cet effet, affirme le président de la commission eau et assainissement. Daouda Simpara révèle qu’ils sont en phase d’indemniser les populations riveraines en prélude au démarrage des travaux de réhabilitation du collecteur « Tienkolé », long de 3.100 m. Et qui déversera ses eaux dans le fleuve Niger.
En attendant, l’exemple de la famille de Salimata Koné devrait inspirer les autres riverains. Ils disent avoir laissé plusieurs mètres de servitude entre leur maison et le collecteur. Un espace de sécurité qui peut sauver en cas d’inondation.
Rokiatou TRAORÉ