La bourde diplomatique aux proportions inattendues sape davantage les relations entre Bamako et Paris. La mesure française de mettre le pays en zone rouge a fâché les Maliens qui ont eux aussi réagi en réciprocité.
Le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a récemment été pris de court en apprenant que le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français avait catégorisé le Mali en zone rouge, invoquant des « fortes tensions régionales » comme justification. Cette décision a déclenché une série de mesures qui risquent de compromettre les liens entre les deux nations.
Il est préoccupant de constater que cette dé-classification du Mali en zone rouge a été communiquée aux autorités maliennes par le biais des médias plutôt que par des canaux diplomatiques appropriés. « Le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a appris, avec surprise, par voie de presse que le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français a classé le Mali en zone rouge au motif de supposées « fortes tensions régionales », a tweeté le ministre Abdoulaye Diop.
Cette approche négligente a non seulement froissé la sensibilité de Bamako, mais a également miné la confiance qui est fondamentale pour maintenir des relations internationales solides. Une telle omission dans la communication ne fait qu’accroître les tensions déjà existantes entre les autorités de la transition malienne et celles françaises.
Dans la même foulée, a fait savoir le Chef de la diplomatie malienne, les Services de l’Ambassade de France à Bamako ont suspendu la délivrance des visas et fermé le centre de visas et le centre d’appels « Capago ». Ce qui a ajouté une couche supplémentaire d’obstacles aux relations entre les deux pays.
La suspension de la délivrance des visas a des conséquences bien plus vastes que ce qui pourrait apparaître à première vue. Elle a le potentiel de perturber les échanges culturels, économiques et éducatifs entre le Mali et la France, mettant ainsi en péril les opportunités de collaboration et de rapprochement entre les deux nations.
« Le Ministère suspend, jusqu’à nouvel ordre, la délivrance de visas aux ressortissants français par les services diplomatiques et consulaires du Mali en France », a répliqué le ministre Abdoulaye Diop. L’utilisation de la réciprocité par le Mali pour suspendre la délivrance de visas aux ressortissants français est compréhensible d’un point de vue diplomatique.
Cependant, ces mesures réciproques risquent de créer un cercle vicieux de représailles mutuelles qui ne fera que détériorer davantage les relations déjà fragiles entre les deux pays. La diplomatie devrait viser à apaiser les tensions et à favoriser le dialogue plutôt qu’à intensifier les conflits.
La situation actuelle appelle à une réflexion approfondie sur la manière dont les décisions diplomatiques sont prises et communiquées. Une meilleure coordination et une communication directe entre les parties concernées sont nécessaires pour éviter de telles bourdes à l’avenir. Les relations entre pays ne sont pas seulement basées sur les intérêts nationaux, mais aussi sur le respect mutuel et la compréhension.
Somme toute, la bourde diplomatique entre Bamako et Paris ne peut être minimisée. Les répercussions potentielles de ces actions hâtives sont profondes et pourraient avoir des conséquences durables sur les relations entre le Mali et la France. Il est impératif que les deux parties travaillent ensemble pour rétablir la confiance et relancer un dialogue constructif afin de surmonter les différences et de renforcer leur collaboration pour le bien de leurs peuples respectifs et de la stabilité régionale.
Cyril Adohoun
Source: L’Observatoire