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Bamako : Des jeunes ruraux ont trusté le métier de tailleur ambulant

Bamako, 09 Déc (AMAP) À bicyclette ou à pied, ils sillonnent les quartiers de la capitale malienne à longueur de journée. Ils sont d’une grande utilité pour les clients qui, sans se déplacer, veulent raccommoder des habits usagés. Ousmane Diakité, un jeune homme trapu sur un vélo d’un autre âge, fait partie de ces tailleurs raccommodeurs ambulants. Sur son porte-bagages est attachée une machine à coudre. Le cycliste signale sa présence dans la rue par les cliquetis de ses ciseaux. Une façon pour lui d’alerter d’éventuels clients. Sa stratégie ne tarde pas à faire son effet. Tout d’un coup, un garçonnet l’interpelle. Il rebrousse chemin. Une dame de la quarantaine lui propose des habits d’enfant à recoudre. Ils conviennent du prix.

Le jeune tailleur, visiblement dynamique, se met à la tâche avec entrain. Il n’est pas le seul à faire ce métier pour s’assurer une autonomie financière. Après l’hivernage, pour certains et les récoltes, pour d’autres, Bamako et les différents centres urbains du Mali accueillent ces jeunes gens.

Communément « Togolotogolo », ils sillonnent les rues, toute la journée en faisant claquer leurs paires de ciseaux pour attirer les clients. Si certains circulent à vélo, d’autres sont à pied, la machine à coudre sur l’épaule.

Ousmane Diakité, la trentaine, vient du village de Chi, dans le Cercle de San, dans le Centre du Mali. Il nous apprend qu’il pratique ce métier depuis 2012. «J’aime bien la couture. Je l’ai apprise au village avant de venir à Bamako », explique le garçon qui révèle qu’à ses débuts, il pouvait gagner entre 2.500 et 10.000 Fcfa par jour.

Ces dernières années, on assiste à une ruée des jeunes ruraux vers ce métier. « Nous quittons nos villages, chaque année, après les récoltes pour Bamako. Moi, j’habite à Kalaban-coura. Chaque jour, je sillonne les rues de ce quartier jusqu’au petit soir. J’économise mes recettes pour acheter du bétail, une fois de retour au village », explique le tailleur ambulant. Si les affaires ne marchent pas à Bamako, il compte tenter sa chance à Nioro du Sahel, Diéma ou Kayes, dans l’Ouest. Il ambitionne, à terme, d’ouvrir un atelier de couture.

CLIENTS GÉNÉREUX – Madou Tangara, originaire de Woletona, dans la Région de Ségou (Centre), est tailleur ambulant depuis seulement trois ans. Nous l’avons rencontré aux environs de 18 heures sur son vélo pour rentrer chez lui. «Je suis revenu du village il y a près d’un mois. Cela fait trois ans que je viens à Bamako après les travaux champêtres. Je sillonne deux quartiers et je peux gagner entre 3.500 à 4.000 Fcfa par jour», confie-t-il.

Cela non sans difficultés. «Nous rentrons très épuisés à la maison. En outre, nous avons parfois des incompréhensions avec des clients. Certains refusent de payer quand ils ne sont pas satisfaits de la qualité du service », dit le jeune tailleur.

En dépit de ces problèmes, certains réussissent à fidéliser la clientèle. C’est le cas de Madou Konaté qui dit avoir plusieurs clients fidèles dans différents quartiers. «Au début, ce n’était pas facile. Mais quand j’ai eu un portable, j’ai commencé à fidéliser les clients. Certains m’appellent pour me donner rendez-vous. D’autres me demandent de passer chaque deux samedi ou dimanche », explique celui qui a derrière lui une dizaine d’années métier. Certains clients très généreux lui donnent parfois jusqu’à 3.000 Fcfa pour sa prestation.

Qu’en pensent les clients ? «Il faut reconnaître que ces tailleurs sont d’une grande utilité. Les couturiers expérimentés refusent le raccommodage. Tu leur donnes un habit pour une petite réparation, ils peuvent le garder 10 jours sans le réparer. Alors qu’en un clin d’œil, ces tailleurs ambulants font le travail et à bas prix », témoigne Mah Fomba, soulignant que ces jeunes gens font bien leur travail.

Aïssatou pense que ce sont les plus expérimentés parmi ces tailleurs ambulants qui donnent satisfaction aux clients. «Il y a beaucoup de jeunes dans le domaine actuellement qui ne se sont pas donné assez de temps pour bien apprendre le métier. Si tu leur donnes un habit, ils font du n’importe quoi et après ils te réclament de l’argent », déplore-t-elle.

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