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Bakary pionnier se prononce sur la gestion actuelle au Mali : « Nous sommes d’une culture de grande hauteur. Les gens finiront toujours par tirer les leçons des erreurs des actes posés »

Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Bakary Koniba Traoré, dit Bakary pionnier, ancien ministre, ne se réserve pas quand il s’agit de parler du Mali. Appelé aussi Bakary ‘’Bi Ko Tè’’ ou BKT, l’homme n’a rien perdu de sa verve et de son amour pour le Mali. ET c’est sur son fauteuil roulant qu’il a accepté malgré son état de santé encore fragile de nous livrer son analyse de la gestion actuelle de notre pays par ses camarades politiques du RPM. Il s’est aussi prononcé sur la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation et sur le Drame de MINA. Bakary pionnier est un patriote émérite qui a tout donné au RPM et au Mali au même titre que feu Kadary BAMBA. Ils font partie de l’histoire démocratique de notre pays. Bakary Bi Ko Tè que nous avons encore la chance d’avoir parmi nous mériterait encore plus d’attention de ses camarades du RPM ainsi que la Famille de Feu l’honorable Kadary BAMBA. Leur combat vaut bien cette reconnaissance.

Bakary Koniba Traore pionnierInfosept : Comment se porte aujourd’hui Bakary Pionnier ?

Bakary Koniba Traoré: Je commencerais par dire que la Paix, la sérénité et les bénédictions de Allah Soubhanawata’ala soient avec nous et sur nous. Je suis sur fauteuil roulant. Je suis ce que les médecins appellent un malade à mobilité fonctionnelle réduite. Je souffre d’une maladie neurologique qui prend du temps avant de se résorber. Mais, sur le plan psychique, intellectuel et des autres capacités morales, je n’ai rien perdu de ce que d’habitude on sait que je préfère et veux faire. Ceci étant, grâce à Dieu, je puis dire que mon moral est excellent, l’état physique suit petit-à-petit, mais le corps a ses règles et la médecine, ses principes. Cela prendra du temps. Il faut être patient. Il faut continuer les séances de kiné, d’exercices et de prises de médicaments qui permettent de mettre les choses en ordre. Mais j’avoue que je suis une personne très optimiste et depuis mon mal à partir de 2011, je n’ai jamais eu à broyer du noir. Je suis partisan de la formule de Maitre Floriot qui dit : « il faut toujours prendre la vie du bon côté».

Infosept : Sur le plan politique, quelle appréciation faites-vous de la gestion actuelle du pays par vos camarades du RPM, sous la conduite du Président IBK ?

Bakary Koniba Traoré : Je dis ma priorité actuelle est de recouvrir ma santé. Donc, je suis les activités politiques avec une certaine longueur.  Et avec une certaine distance, on n’obtient pas toujours l’excellence, mais je pense que ce qui se fait n’est pas des plus mauvais et on peut croire que petit-à-petit les gens tireront les leçons des erreurs des actes posés. Et avec l’imagination et l’initiative, les gens finiront de faire en sorte que la volonté politique première de mes camarades qui est de faire en sorte qu’on se mette totalement, entièrement, sincèrement et honnêtement au service du pays pour que le Peuple ait un sort meilleur.

Infosept : Que pensez-vous de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger ?

Bakary Koniba Traoré : Je n’aime pas parler de spécificité ou de cas exceptionnel. Mais, il faut reconnaitre que dans les différents processus de paix, celui actuellement en cours a la chance d’impliquer les acteurs fondamentaux, les amis et toutes les bonnes volontés. Ceci est déjà le signal que la mise en œuvre, qui est une chose pas très facile, permettra de  faire en sorte que l’Accord puisse produire des effets très bénéfiques pour le point essentiel : Un Peuple- Un But- Une Foi.  Et il faut aussi que la souveraineté, la justice, l’unité, la bonne entente et le développement durable pour le pays puissent être sauvegardés.

Infosept : Que vous inspire le drame de MINA survenu lors du pèlerinage 2015 avec des centaines de morts ? 

Bakary Koniba Traoré : Comme pour tous les autres drames, il faut s’incliner devant la volonté divine. Car, la fin de la  vie peut venir à n’importe quel moment. Les conditions dans lesquelles les gens se sont trouvés sont ce qu’on appelle les facteurs qui permettent d’arriver à ce niveau, les comportements requis de la part des services de sécurité et de la part des pèlerins ne sont pas sans rapport avec l’ampleur du drame.  Donc, nous nous inclinons pieusement devant l’âme des décédés. Nous prions pour le prompt rétablissement de ceux qui sont blessés et nous invitons et les futurs pèlerins et les autorités, qui organisent le pèlerinage, de tirer la bonne leçon sur ce drame. Je ne suis pas fataliste, mais je dis quand le processus divin fait que la fin de la vie doit être réunie, elle intervient dans les fonds qu’on n’a pas toujours choisis. Vous voyez il y a juste quelques jours, en France des personnes âgées dans un bus qui ont fait un accident avec un camion où il y a eu plus de 40 décédées. Aussi, en Asie, un typhon a fait  plusieurs centaines de morts. On déplore toujours des cas de ce genre mais cela n’est pas suffisant pour ramener les gens à désespérer de la capacité de l’Homme à tirer les leçons de ses erreurs et à s’améliorer.

Infosept : Un message à l’endroit des Maliens ?

Bakary Koniba Traoré : C’est simplement dire aux Maliens que nous sommes d’une culture de grande hauteur. Nous venons de très loin. Nous avons hérité de valeurs profondes. Nous devons tout faire pour que la bonne entente permette de créer la paix. Car, sans une paix, une bonne entente et une justice correcte de survie et des facteurs de développement nous serons toujours dans  les dédales de la difficulté sociale.

Propos recueillis

Par Dieudonné Tembely 

 

Encadré

Bakary pionnier : Retour sur le parcours de pionnier d’un militant de conviction

Né le 29 décembre 1946 à Sinsani (Sansanding) dans la région de Ségou, Bakary Koniba Traoré est issu d’une famille bamanan et musulmane pratiquante. Après son Certificat de fin d’études du premier cycle, Bakary Pionnier, qui a toujours été brillant, va successivement passer avec brio le DEF et le baccalauréat en série philo lettres avec la mention assez bien, ce qui lui ouvre les portes de l’Ecole nationale d’administration (ENA), d’où il sort avec son diplôme en Economie et finances.

Courageux et entreprenant, il va ensuite décrocher un diplôme d’études approfondies (DEA) en économie et finances à l’Institut international d’administration (IAP) de Paris. A cela s’ajoutent un certificat d’aptitude à la gestion des entreprises (Gage), un certificat de spécialité en économie de développement et un Master of Art (MA) in Economics.

“Je suis pionnier dans l’âme”, aime-t-il dire, car il est passé par tous les compartiments du mouvement. “Pionnier aujourd’hui, pionnier toujours” : voilà le principe que Bakary Koniba a adopté, car, pour lui, une fois qu’on devient pionnier, on le reste toute sa vie durant. Provocateur ou inconditionnel adepte du Mouvement pionnier, Bakary a bravé les militaires qui sont rentrés par effraction dans l’histoire du Mali par le renversement du régime de Modibo Kéita le 19 novembre 1968.

“Après le coup d’Etat, le CMLN a voulu rendre négatif le Mouvement pionnier. Des gens avaient peur comme ils n’ont pas interdit par une loi les activités du Mouvement pionnier, moi je faisais exprès en portant ma tenue, mon béret et tous les accessoires qu’un pionnier portait et je partais à l’école. Pour cela, j’ai été convoqué par Tiécoro Bagayoko qui a tenté de me faire peur avec un pistolet», se souvient-il.

En 1969, Bakary Pionnier, va jusqu’à écrire dans le quotidien national un article en critiquant le Comité militaire de libération nationale (CMLN), qui agissait contre le Mouvement pionnier. “Le pionnier que je suis, ne pouvais pas baisser les bras”.

Avant qu’il ne devienne ministre, homme politique, Bakary Pionnier a participé activement à l’avènement de la Démocratie dans notre pays. De la Caisse autonome d’amortissement à l’Institut de productivité et de gestion prévisionnelle (IPGP) en passant par la BAD, la BNDA, la BOAD, le Fonds africain de solidarité, le Fonds africain de garantie et de coopération économique, la Dette publique, Bakary Pionnier aura été de tous les combats pour le développement du Mali.

Il a occupé quatre portefeuilles ministériels sous le président Alpha Oumar Konaré. Il a été successivement ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan chargé du Budget (1993), ministre du Commerce, de l’Industrie et des Transports (1994), ministre de l’Equipement et des Transports 1994 et ministre de la Communication (1994-1997), fonctions qu’il a cumulées avec celles de porte-parole du gouvernement pendant 53 mois.

Arrêté pour fait de tract, déporté à Taoudéni, condamné et envoyé à Inakunder (Tombouctou) de mai 1974 à 1978 par le régime du CMLN, Bakary Pionnier a séjourné dans des commissariats et la compagnie para commandos de Djicoroni pour sa participation active contre le référendum de 1974. Membre fondateur du RPM, parti au pouvoir actuellement, Bakary pionnier souffre depuis 2011 d’une maladie neurologique qui le retient sur un fauteuil roulant.  Adepte des belles lettres, il a à son actif un livre de poèmes (La voix d’un regard).

Source: InfoSept

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