Les prix des hydrocarbures sont en baisse. Ainsi en a décidé le gouvernement burkinabè, le mardi 8 janvier 2019, soit deux mois, jour pour jour, après l’augmentation du prix du carburant de 75 F CFA sur le litre. Désormais, le super 91 passe à 657 F CFA, soit une baisse de 20 FCFA, et le gasoil passe à 571 F CFA le litre, soit une baisse de 30 F CFA. Quant au pétrole lampant, il passe de 538 F CFA à 455 F CFA. Pour le vice-président de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère (CCVC), Chrysogone Zougmoré, que nous avons joint au téléphone ce mercredi 9 janvier 2019, cette mesure est une tentative de diversion de la part du gouvernement. Entretien.
Lefaso.net : Comment avez-vous accueilli la décision du gouvernement de procéder à une baisse du prix du carburant ?
Chrysogone Zougmoré (C.Z.) : La CCVC note avec regret cette annonce gouvernementale du 8 janvier 2019 qui ne répond de manière positive à aucun de nos points de la plateforme revendicative. Nous avons toujours demandé un retour aux prix d’avant la décision gouvernementale du 8 novembre 2018. Lorsqu’on parle de 602 F avant l’augmentation de novembre 2018 et de 657 F aujourd’hui pour le super 91, nous disons qu’il ne s’agit pas d’une baisse mais d’une augmentation de 55 F.
Cela nous laisse vraiment pantois. Pour nous, il s’agit d’une tentative vaine de diversion de la part du gouvernement destiné à émousser l’élan populaire qui soutient la plateforme de la CCVC dont la satisfaction du point 1 pourrait soulager de très larges couches de nos populations. Nous restons sur notre soif et il apparaît clairement que le refus du gouvernement de satisfaire le point 1 pourrait constituer un des principaux facteurs d’échec de l’appel à la trêve sociale lancé par le chef de l’Etat lors de son message de nouvel an à la nation.
Lefaso.net : Que pensez-vous des arguments avancés par le gouvernement qui dit que cette baisse a été opérée au vu de la tendance baissière du prix baril au niveau international ?
C.Z. : Nous avons eu deux rounds de discussions avec le gouvernement. Au cours de ces deux rencontres, il a été à court d’arguments convaincants pour justifier sa décision du 8 novembre. Tendance baissière, tendance haussière ! Rien ! Nous avons prouvé par A+B qu’on pouvait aujourd’hui ramener les prix des hydrocarbures à leur état initial. Le gouvernement nous a dit qu’il devait respecter ses engagements pris avec le Fonds monétaire international (FMI).
Je l’ai toujours dit. Nous sommes une structure très responsable. Si nous savons que quelque chose n’est pas possible, nous ne l’inscrivons pas dans une plateforme revendicative. Si nous insistons aujourd’hui pour le retour des prix des hydrocarbures, c’est que nous sommes sûrs et convaincus que ça peut se faire,
Lefaso.net : Lors de votre dernière conférence de presse, fin décembre, vous aviez annoncé la tenue d’assemblées générales dans vos différentes sections ? Où en êtes-vous et que prévoyez-vous ?
C.Z. : Les Assemblées générales sont en cours. Nous traversons une période assez difficile – avec les derniers événements de Yirgou – il faut quand même être sensibles. Mais les concertations sont en cours et nous invitons le gouvernement à lâcher du lest s’il veut vraiment que la fameuse trêve sociale lancée par le chef de l’Etat puisse connaître un écho favorable au sein des populations.
Comme nous l’avions dit, en attendant tout nouveau mot d’ordre et forme d’action, la CCVC appelle à nouveau les populations des villes et campagnes à demeurer en état de veille pour exiger le retour des prix des hydrocarbures d’avant la décision du 8 novembre 2018.
Entretien téléphonique réalisé par Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Burkina