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Avions cloués au sol : Airbus livre sa part de vérité

L’affaire des hélicoptères de l’armée malienne cloués au sol, est toujours au centre des débats et soulève des passions.

 

La Lettre confidentielle du Mali (LCM) a pu rencontrer  une source au sein de la société Airbus Hélicoptères, qui a vendu les appareils au Mali. Pour la première fois, voici la version vendeur. Propos recueillis par Serge Daniel.« Dans le contexte d’une menace terroriste très active  dans les pays du Sahel, le Mali a décidé de se doter de moyens modernes  pour lutter  efficacement contre  ce fléau et assurer la sécurité de sa population.

Avec le soutien de la France et des autorités maliennes, Airbus Hélicoptères a démarré, en 2015, des discussions pour l’acquisition d’hélicoptères dont le besoin était estimé à quatre appareils. Une offre  pour deux appareils d’occasion de type AS332L non armés et deux appareils neufs de type AS332C1e armés a été remise à cette occasion.

En premier lieu, le choix des forces maliennes s’est porté sur les deux appareils d’occasion. Ces hélicoptères sont parfaitement adaptés aux conditions très contraignantes rencontrées au Sahel du fait de la température élevée, de l’environnement sablonneux et de la poussière particulièrement gênante pour les aéronefs. Les appareils, finalement retenus, étaient déjà en service dans cette zone de l’Afrique, servant principalement dans le cadre d’opérations de maintien de la paix et dont le contrat arrivait à son terme. Le gouvernement malien a su saisir l’opportunité pour acquérir ces deux appareils et a signé avec Airbus Hélicoptères et solex filiale, Vector Aerospace, deux contrats d’acquisition (un pour chaque appareil) en conformité avec les règles de code des marchés publics en vigueur au Mali et assortis de garanties bancaires. Les transferts de propriété des deux hélicoptères ont eu lieu respectivement en juillet et décembre 2016 (SN 2122 et SN 2046 respectivement) et en parallèle un contrat de remise en service a été signé avec Airbus Hélicoptères pour réaliser la mise en place d’un stock de pièces de rechange, la peinture, l’assistance technique la mise en vol de la flotte sur deux ans et la formation des équipages (huit pilotes) et des équipes techniques (six mécaniciens et quatre avioniques) destinées à assurer la maintenance de la flotte. Les appareils ont été initialement opérés avec succès, le SN 2046 enregistrant 70 heures de vol et le deuxième appareil (SN2122) 150 heures avant de devoir rentrer en maintenances programmées, respectivement grandes visites 6 ans en février 2018 pour le SN 2046 et 2 ans en Mai 2017 puis 12 ans en juin 2019 pour le SN2122. Plusieurs difficultés, notamment l’attaque terroriste survenue à Bamako en juin 2017,impayés avec Airbus, cannibalisation de pièces et endommagement d’un moteur durant une manutention par les équipes techniques maliennes, ont retardé l’exécution de la maintenance et la remise envol de l’hélicoptère.

L’hélicoptère SN 2046 est au sol depuis février 2018 pour maintenance programmée et maintenant proche de la remise en vol, mais requiert l’assistance technique d’Airbus pour finaliser. Airbus continue d’apporter son soutien technique et maintient les échanges avec les autorités maliennes pour aboutir à la remise en vol de ces deux hélicoptères, avec le concours efficace du coopérant Air français en poste à Bamako. Un nouvel accord devrait être trouvé rapidement avec les forces maliennes pour une entrée en service du premier hélicoptère d’ici à fin 2019.Le contexte 2x AS332 L1 vendus au Mali en juin 2015(1ex-Starlite+ 1 ex-Victor) et livrés en juillet 2016 (SN 2122) et en décembre 2016 (SN 2048) pour un montant  respectivement de 5,3 et 5,9MEUR. L’entrée en service et le training initial ont été sous-traités à Starlite à cause de restrictions de sécurité dans le pays. Le contrat complémentaire de support a été signé avec Airbus Hélicoptères (AH) pour 6 MEUR, DP (60%) reçu en novembre 2016. Le solde était retardé avec un montant d’impayé important qui a bloqué le compte client et, en conséquence, la livraison des pièces et du support entre juillet 2017 et octobre 2018.• Les impayés ont été réglés en octobre 2018, à la suite de quoi les technicien sont été envoyés à Bamako pour faire une estimation gratuite des besoins de réparation. Le SN 2046 a enregistré 70 heures de vol en 6 mois (août 2017-février 2018)avant d’atteindre l’échéance calendaire 6 ans, alors que le SN 2122 a servi à la formation des pilotes de mars à avril 2017 (20 heures par stagiaire X 8 pilotes) avant d’arriver à l’échéance calendaire programmée 12ans. En mai 2019, Airbus a remis une offre pour le retour en service du 1er appareil pour un montant de 365 KEUR, qui a été refusé, le client estimant le prix trop élevé.

Lors du Paris Air Show, au mois de juin,le client a demandé un complément de formation pour ses pilotes. Mise en œuvre. Le premier appareil est proche de la remise en vol et ne nécessite que quelques semaines de travail. Afin d’accélérer sa remise en vol, Airbus a décidé de faire un geste commercial et de réduire le prix de la proposition de 365 à 300 KEUR. L’offre a été adressée au client le 24 juillet 2019.

La mise en œuvre reste contrainte aux conditions de sécurité sur place et l’identification de personnels volontaires pour aller au Mali est en cours .Air Bus est dans l’attente d’un rendez-vous pour finaliser l’accord et démarrer le chantier au plus tôt. Pour la formation des pilotes, plusieurs pistes sont explorées. L’option la plus rapide et la plus probable (accord de principe ALAT obtenu) serait la mise à disposition d’un pilote instructeur de l’ALAT déjà sur place, en opex au Mali, présentant l’avantage qu’il connaît parfaitement le pays et ses exigences. Le deuxième appareil (SN 2122, vendu en conditions « as is where is » était déjà proche de sa grande visite (prévue en juin 2019) lors de la livraison, avant d’arriver, en avril 2017, en visite générale périodique 2 ans. Beaucoup de pièces prélevées sur l’appareil et un moteur endommagé par le client lors d’une manipulation, vont rendre le retour en service de cette machine complexe et coûteux. Airbus étudie plusieurs options :- Son remplacement par un autre appareil d’occasion qui permettrait une remise en vol plus rapide et une plus grande flexibilité de maintenance en utilisant le SN 2122 pour pièces.- L’utilisation d’un autre appareil d’occasion du même type qui servirait à la remise en vol du SN 2122 vendu et constituerait un stock de rechanges complémentaire. Son remplacement par un autre appareil d’occasion avec plein potentiel.

Son remplacement par un appareil neuf. Une fois le premier appareil venu en service, il sera urgent de mettre en place un dispositif de maintenance efficace, avec formation renforcée des équipes maliennes et un contrat de support technique et logistique ».SOURCE : LETTRE CONFIDENTIELLE

DU MALI (LCM) Bimensuels d’informations et d’investigations édité à Paris N°029 • 14 octobre 2019 2

LA LETTRE CONFIDENTIELLE DU MALI Dir. pub. : Serge Daniel

Propos recueillis par Serge Daniel

22 Septembre

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