Le président de la République a pris bonne note des difficultés rencontrées par nos compatriotes et y fera chercher des solutions

Le détail avait son importance : nos compatriotes résidant en Italie amenés par Souleymane Sylla, président du Conseil des maliens d’Italie (CMI) ont entonné à pleins poumons notre hymne national à l’entame de la rencontre avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Ce dernier n’a pas manqué de relever ce fait, faisant remarquer que nos compatriotes chantaient effectivement l’hymne national, alors que beaucoup d’autres le murmureraient pour masquer leur ignorance de ce symbole de la Nation.
Après ce cérémonial, place a été faite aux échanges du chef de l’Etat avec la communauté malienne vivant en Italie. Les ressortissants maliens sont venus nombreux des différentes villes et régions d’Italie répondre à l’appel de l’ambassadeur Bruno Maïga. Leur porte-parole Souleymane Sylla a indiqué que le retour au bercail constitue une préoccupation permanente de tout expatrié malien. Toutefois, nos compatriotes résidant à l’extérieur redoutent avant tout de se retrouver sans toit à leur retour dans la mère patrie. C’est pourquoi la facilitation de l’acquisition des logements sociaux par les candidats au retour leur semble être la solution la plus indiquée. Un montage pourrait être fait en ce sens qui reposerait sur une coopération entre les sociétés immobilières et l’Etat.
La dernière opération d’attribution de logements locaux a mis les Maliens de l’extérieur hors jeu, a dénoncé l’intervenant qui a pointé du doigt des informations incomplètes et des délais trop courts pour permettre aux candidats de se manifester vraiment. Réagissant à l’explosion du flux migratoire vers l’Europe, Souleymane Sylla a expliqué que la communauté malienne installée en Italie a entamé une campagne de sensibilisation et d’information pour faire comprendre aux candidats à l’émigration que l’Europe n’est plus l’eldorado espéré.
Le porte-parole du CMI a salué la signature de l’accord de paix le 15 mai dernier et a souhaité que les autorités associent au développement des Régions du nord les Maliens de l’extérieur susceptibles d’apporter leur expertise. Par ailleurs, Souleymane Sylla a souhaité la mise en place d’un accord qui permettrait à tout Malien expatrié qui aurait cotisé pendant des années en Italie de pouvoir bénéficier du paiement de sa pension de retraite une fois qu’il se serait établi au Mali. Actuellement, les dispositions de la loi italienne obligent l’expatrié malien à rester définitivement dans le pays d’accueil s’il veut percevoir sa pension de retraite. Il perd en effet le bénéfice de ce droit en cas de retour dans son pays.
DES OPPORTUNITÉS D’EMPLOI. Sylla a également souligné la cherté des communications téléphoniques entre l’Italie et le Mali en l’absence d’une convention de partenariat entre les sociétés de téléphonie des deux pays. Certains pays africains comme le Burkina faso ou le Sénégal bénéficient déjà des avantages des ententes bilatérales. Leurs ressortissants bénéficient en effet de communications à moindre coût. Pour un enregistrement correct des Maliens résidant en Italie par le système du Recensement administratif à vocation électorale (RAVEC), Souleymane Sylla a sollicité le renforcement de l’équipement disponible. La seule machine disponible est installée dans les locaux de la chancellerie à Rome. Son déplacement à l’intérieur de l’Italie ou dans les pays relevant de la juridiction de Rome se bute à des difficultés financières et au manque de moyens humains.
Le président de la République a dans sa réponse donné des informations précises sur la crise au Nord du Mali qui tire vers sa fin. Car la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est engagée à signer prochainement l’Accord pour la paix et la réconciliation. L’application concrète des dispositions du document pourrait commencer rapidement et les chantiers seront nombreux. Sur l’émigration, Ibrahim Boubacar Keïta s’est dit peiné de voir les nombreux drames se succèder sur les bords de la Méditerranée. Il a indiqué que les chantiers futurs de reconstruction du pays pourront offrir des opportunités d’emploi aux jeunes qui se dispenseront alors de tenter l’aventure de la Méditerranée. Le chef de l’Etat a entièrement adhéré à la campagne d’informations sur les dangers de la traversée en mer et sur la face sombre des séjours en Europe.
Sur les logements sociaux, le président a promis d’instruire au gouvernement de prendre des mesures correctives afin de permettre aux expatriés qui le désirent d’acquérir des logements décents. Les représentations diplomatiques et le Haut conseil des maliens de l’extérieur seront impliqués dans cette action. Sur la question du bénéfice de la retraite, le chef de l’Etat a indique que le gouvernement explorerait la possibilité de résoudre ce problème dans le cadre d’une entente conclue entre l’Italie et le Mali. Sur la communication téléphonique, le chef de l’Etat a lui tout de suite reconnu la difficulté évoquée, n’ayant pas lui-même réussi à communiquer avec les siens. En ce qui concerne l’enregistrement de nos compatriotes sur le RAVEC, le président Ibrahim Boubacar Keïta a promis de saisir le département de tutelle pour soulager la peine des compatriotes. Il a conclu par des remerciements à l’adresse de nos compatriotes venus le rencontrer pour lui exprimer leurs préoccupations et prendre les nouvelles du pays. Le chef de l’Etat a souhaité bon courage à ceux qui sont régulièrement installés en Italie et les a exhortés à respecter les lois et règles du pays d’accueil.

M. COULIBALY
Envoyé spécial

source : L ‘Essor