Ce pays et ses dirigeants ne finiront jamais de nous étonner. Tellement légers qu’ils «chipotent» même sur le bilan d’un massacre aussi horrible que celui qui vient d’être perpétré à Sobane-Da dans la commune de Bankass, région de Mopti (bien entendu).
Un premier communiqué officiel du ministre porte-parole faisait état, officiellement et publiquement, de 95 morts. Un bilan repris en chœur par tous les Maliens, les médias nationaux et internationaux, avant que le gouverneur de la région, le Général de Division Sidi Alassane Touré, ne vienne, sur les antennes de la très respectée chaîne de télévision nationale (ORTM), mettre les pieds dans le plat, contester tout le monde et revoir le bilan à la baisse. Désormais, ce sont 35 personnes qui ont trouvé la mort : 11 adultes et 24 enfants. La précision est de taille.
Depuis, changement de cap total, virage à 360 degrés à travers un autre communiqué officiel, comme si, par enchantement, on pouvait faire et défaire des morts, le bilan est considérablement revu à la baisse, divisé par trois.
Désormais, ce ne sont «que» 35 personnes qui ont trouvé la mort. Comme si un mort, un seul mort, ce n’était pas déjà trop, on insiste sur les chiffres, le nombre, au moment où l’on s’attendait à des mesures et des décisions plus courageuses et de la part du président de la République, et du Premier ministre, ou de certains de ses ministres. Rien de tout cela, aucune prise de responsabilité !
Même le président de la République, dont on attendait qu’il s’assumerait, fera finalement le mort et ne prendra que des mesures relatives à une période de deuil. Et puis, c’est tout ! Lui qui, pourtant, avait promis, publiquement, de limoger un certain Abdoulaye Coulibaly, chef d’état-major général des armées, si jamais se «produisait un autre Ogossagou».
Les Maliens attendent de lui, désormais, des décisions fortes, même s’ils savent qu’il ne faut pas trop y compter. Il fera, peut-être, un tour sur les lieux du drame, se fera escorter par l’ensemble de la hiérarchie militaire, plus d’un bataillon Fama, toutes les forces de défense et de sécurité de Mopti ; sans oublier la Minusma, qui va se charger de son transport et sa sécurité. Quelques jours plus tard, vous verrez, il s’envolera pour d’autres lieux, comme si de rien n’était. Et comme le dit un adage de chez nous : «Malheur au mort».
A Sobane-Da, va-t-on retenir, tous les morts n’étaient pas morts, certains se cachaient dans les falaises.
Makan Koné
Source : Nouvelle Libération