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Au Sénégal, des accouchements à domicile font le lit de “drames”

Une mère hospitalisée au centre de santé de Thies au Sénégal le 11 mars 2014. Selon l’association pour la médecine et la recherche en Afrique (Amref) et la fondation Sanofi Espoir, le taux de mortalité maternelle, même en baisse, reste encore trop élevé.

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“Six de mes sept enfants sont nés à la maison”, affirme Diakhère Ndong, une mère de famille d’une localité de la région de Thiès (ouest) où des accouchements à domicile et sans assistance médicale, souvent mortels, font le lit de “drames”.

“Pour mon septième enfant, l’infirmier m’a internée quand je suis venue me soigner de paludisme. J’ai accouché deux heures après”, dit cette femme menue de 40 ans enceinte de son huitième enfant, vivant à Ndiaganiao qui polarise 39 villages totalisant quelque 50.000 habitants.

Mme Ndong est assise sur une banquette avec d’autres femmes enceintes devant une maternité – une case au toit de zinc -, dans une vaste cour balayée par un vent frisquet.

“Quand je commence à ressentir des maux de ventre, c’est souvent la nuit. Je n’ai pas toujours une charrette ou un autre véhicule pour aller” dans une structure de santé, poursuit-elle.

– Faute de transport, on accouche à la maison –

Comme elle, de nombreuses femmes des zones rurales de cette région sont ainsi obligées, faute de moyens de déplacement notamment, d’accoucher à domicile, rapportent des sources sanitaires.

A Notto-Diobass, un village proche de Ndiaganiao, la structure de santé locale a enregistré en janvier “quinze” naissances, par quinze femmes dont “dix ont accouché à domicile”, indique la sage-femme Adja Oumou Anne.

“Les drames proviennent de ces accouchements à domicile. Il est arrivé que des femmes meurent d’hémorragie. C’est un drame que nous ne souhaitons plus revivre”, souligne Amadou Bèye, unique infirmier de Ndiaganiao, lors d’un forum sur la santé.

Ce forum s’est tenu en présence de responsables de l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (Amref), une ONG africaine de santé publique, et de la Fondation Sanofi Espoir, basée en France.

L’Amref et la Fondation Sanofi Espoir ont organisé cette semaine un voyage de presse au Sénégal dans le cadre de leur programme de lutte contre la mortalité maternelle et infantile en Afrique.

Selon l’infirmier Bèye, sur 263 accouchements en 2013 à Ndiaganiao, 61 l’ont été à la maison, soit près de 25%.

– 392 mères meurent pour 100.000 naissances –

Des femmes accouchent à domicile et se font ensuite examiner “mais d’autres ne viennent pas. Il y en a qui ne font pas de consultations prénatales et souffrent après d’hémorragies, d’anémies et d’infections”, dit-il.

Selon l’Amref et la Fondation Sanofi Espoir, citant des chiffres officiels, le taux de mortalité maternelle a été “réduit au cours des 20 dernières années” au Sénégal, un pays pauvre. Mais avec 392 pour 100.000 naissances vivantes, ce taux “demeure toujours élevé”.

Il est de 10 pour 100.000 en France.

Quant à la mortalité néonatale, elle a régressé de 35 à 26% entre 2005 et 2012, mais reste toujours élevée. Elle représente à elle seule 40% de la mortalité infantile.

“Des facteurs culturels expliquent les accouchements à domicile. Les belles-mères prennent presque toutes les décisions en milieu rural. Elles disent à leurs belles-filles qu’une brave femme accouche à la maison”, affirme M. Bèye.

Ami Sène, une habitant de Ndiaganiao, confirme: “Nos mamans nous encouragent à accoucher à domicile mais le coût élevé des frais médicaux explique que beaucoup de femmes ne vont pas” voir l’agent de santé.

Ce coût, accouchement et frais médicaux compris, varie entre 8.000 et 9.000 FCFA (entre 12 et 13,7 euros) dans le public. Il monte à 20.000 FCFA (30,4 euros) dans le dispensaire privé du village.

Pour le chef d’un village voisin de Ndiaganiao, un autre problème est lié aux “femmes qui cachent leur grossesse” et ne vont pas voir l’agent de santé. Selon des croyances populaires, annoncer sa grossesse peut faire perdre le bébé.

“Nous souffrons d’un déficit en structures de santé et les difficultés sont dues à la pauvreté. Les routes sont mauvaises et nous sommes dans une zone enclavée. Des villages n’ont aucune structure de santé”, résume Awa Diouf, une responsable locale d’organisations de femmes.

L’Amref et la Fondation Sanofi veulent dans leur programme en Afrique de l’Ouest – dont le Sénégal est un pays pilote – accroître le nombre de sages-femmes et “renforcer leurs capacités”.

© 2014 AFP

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