Sortir du village de Mondoro, à peine 4 km, est synonyme de mort sous les balles assassines des hommes armés non identifiés. Alors qu’un poste FAMa y est stationné, qui semble reléguer sa mission de sécurisation des populations au second plan. Profitant de l’attitude d’immobilisme des militaires sur place, des djihadistes encerclent le village comme des vautours à la recherche des cadavres d’animaux. Objectif : tuer toute personne qui sortira.
Le mardi 8 juin, au lendemain de l’investiture du nouveau président de la Transition, des jeunes partis à la recherche d’herbes secs, à quelques encablures du village, tombent sur des hommes armés guet-apens, qui les a tués à bout portant. Le bilan fait état de 2 morts, 3 blessés, des charrettes et des motos brûlées.
Trois mois plutôt, en mars, un vieux de plus de 70 ans trouve la mort à moins de 3 km du village. Il a été criblé de balles à la lisière du village par deux individus en moto.
Depuis 2019, la pratique était la même contre les habitants de ce village que les hommes armés ont décidé de décimer. En partance en charrette à Kikoly (hameau agricole), deux femmes avec leurs enfants montent sur une mine artisanale, posée sur le passage. Les deux femmes ne survivront plus, les enfants blessés.
Auparavant, c’étaient les animaux (ânes, moutons, vaches, chameaux…) partis au pâturage qui ne sont plus revenus. La pratique continue toujours. Son objectif est d’appauvrir les villageois. Pour ceux dont les animaux ont été volés, cela ne peut être que l’œuvre des hommes armés qui avaient menacé de mort les populations et déclaré que tous leurs animaux sont désormais devenus leurs propriétés. C’était toujours en 2019.
Bientôt deux ans, septembre 2019, un commerçant, élu communal également, avec un de ses petits frères et trois de ses enfants en provenance de la foire hebdomadaire de Boni, ont été pris en otage. Depuis lors, leurs parents n’ont aucune nouvelle d’eux. Les habitants de Mondoro devenu village martyr des hommes armés ne comprennent pas la non-assistance des forces armées maliennes. Tant, toutes les atrocités dont ils sont victimes se font au nez et à la barbe des militaires chargés de les sécuriser et de les protéger contre les ennemis de la nation.
Quoi de plus normal pour les villageois abandonnés à leur triste sort d’interpeler le nouveau président de la Transition, colonel Assimi Goïta, qui, à plusieurs reprises s’est rendu dans la zone.
Sur le terrain, l’inaction des militaires en poste, à tous les niveaux, dans cette partie frontalière avec le Burkina voisin interroge plus d’un. L’Armée a-t-elle décidé de ne plus faire la guerre avec les djihadistes ? A-t-elle troqué sa sécurité à celle des populations civiles ? Rien n’est moins sûr.
La situation est préoccupante. Plus possible pour le village de s’approvisionner ou être approvisionné. Les dons offerts par l’Etat et des ONG dans le cercle, Douentza, sont vendus sur place. Faute d’acheminement.
Même situation à Dinangourou, commune rurale dans le cercle de Koro. « Avec plus 10 000 âmes, Dinangourou est sous embargo des terroristes et cela malgré le poste de sécurité. Il manque à l’heure où j’écris, plus de médicaments, problème de nourriture lié à l’arrêt de toute activité commerciale, les femmes et les enfants affamés etc….je lance un cri de cœur aux autorités de la Transition pour soulager ses populations meurtrières », a posté Amadou Aya, sur sa page Facebook.
Sous nos yeux, au sommet de l’Etat, un Colonel est investi président de la transition : Assimi Goita. Au centre, les hommes armés investissent le terrain et font la loi. Est- à dire que les populations doivent encore attendre ?
Ousmane Morba
Source : L’Observatoire