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Au Mali, le départ des militaires suscite inquiétudes et soulagement

Après près de 10 ans de présence au Mali, l’annonce du retrait des militaires français et européens du Mali laisse un vide à combler. Pour certains, c’est au tour des forces armées maliennes de prendre le relais, mais d’autres émettent des doutes quant à leur capacité de couvrir tout le territoire malien.

Avec nos correspondants à Bamako, Serge Daniel et Kaourou Magassa

Il n’y a pas encore de réaction officielle de la part des autorités maliennes, mais deux officiels contactés par téléphone par RFI se contentent de dire que le gouvernement prend acte de la décision de retrait.

Une réunion, initialement prévue mercredi, a eu lieu ce jeudi après-midi à Bamako entre les autorités maliennes et les représentants de pays européens membres de la force anti-jihadiste Takuba. D’après nos informations, la partie malienne a expliqué aux diplomates en poste à Bamako que le départ annoncé des deux forces n’est pas de la faute du Mali. Toujours d’après nos informations, en matière de coopération sécuritaire sur le terrain, le Mali va maintenant privilégier des accords bilatéraux.

La prise de relai des Famas

Maintenant que le départ des militaires français et de ses partenaires est acté, au Mali, il va falloir combler un vide. Actuellement, 66% de la superficie totale du Mali qui se situe dans le nord est habitée par seulement 9% de la population malienne. C’est une zone vaste avec des problèmes de sécurité qui demeurent.

Quand j’entends le président français dire que l’armée malienne, la junte ne peut pas combattre le terrorisme ? Je me porte en faux.

Abdel Kader Maiga, M5, le mouvement dont est issu le Premier ministre malien de transition, Choguel Maïga

Cette semaine, selon différentes sources, des dizaines de civils ont été encore tués par de présumés jihadistes laissant place à de nombreuses questions. Les ex-rebelles sont-ils toujours armés ? Que vont-ils faire ? Et surtout, les Famas vont-elles pouvoir se déployer pour occuper la place laissée pas le départ de Barkhane et de Takuba ? Une autre piste est sur la table, faire appel au grand voisin du Nord : l’Algérie.

Les casques bleus des Nations unies vont, de leur côté, restés sur place, mais ils n’ont pas un mandat robuste pour lutter efficacement contre le terrorisme.

Sentiment anti-français

D’autre part, dans les rues de Bamako, c’est une journée somme toute banale. Les gens sont véritablement préoccupés sur leur quotidien et leur journée de travail. Il faut dire que l’annonce d’Emmanuel Macron n’est pas une surprise et nombreux sont les habitants de la capitale qui réclamaient ce départ des troupes françaises du Mali.

Il y a beaucoup de facteurs qui ont contribué à la crise actuelle

Baba Dakono, secrétaire exécutif de l’observatoire citoyen, membre de la coalition citoyenne pour le Sahel

Le principal argument des détracteurs est de dire qu’en près de dix ans, les rares succès militaires et l’élimination de certains chefs terroristes n’ont pas permis de mettre fin au cycle de la violence dans le pays. Et même si le président français récuse ce terme, l’intervention française au Mali est perçue comme un échec.

Avec le départ français, on compte surtout, au Mali, sur l’action des forces armées maliennes et la coopération avec la Russie et celle supposée avec la société Wagner, en vue d’une amélioration de la situation sécuritaire au Mali. Mais Bamako dément la présence de mercenaires de Wagner sur son territoire.

D’autres voix beaucoup plus minoritaires pensent que le Mali va regretter ce départ. Un cadre politique contactée par RFI a fait part de sa crainte de voir le pays livré à son propre sort, tout en trouvant dommage de perdre un partenaire du calibre de la France alors que les niveaux d’insécurité sont toujours très élevés dans le pays.

Bien évidemment que le départ de la France nous inquiète

Source: RFI

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