« Une mort programmée. » Les jours de deuil n’ont ni apaisé la colère, ni entamé la conviction des proches de Soumeylou Boubèye Maïga. Pour eux, l’ancien premier ministre du Mali n’est pas mort en détention « des suites d’une longue maladie », comme l’a indiqué le communiqué de condoléances du gouvernement le jour du décès, le 21 mars. Une formule qui suggère que « l’illustre disparu » aurait succombé à un mal incurable, et non à « la double peine » que dénonce son frère, Tiegoum. « Le pouvoir, souligne ce dernier, ne l’a jamais laissé bénéficier de la présomption d’innocence et lui a refusé le droit élémentaire de se soigner. »

« En juillet, un mois avant d’être incarcéré, il avait fait un bilan de santé à l’hôpital Percy [à Clamart] et son médecin n’avait rien signalé d’anormal », relate un autre membre de la famille proche. Selon son dossier médical, Soumeylou Boubèye Maïga, 67 ans, à qui on avait diagnostiqué un ulcère gastrique en 1984, souffrait « d’une affection cardiaque, ayant fait l’objet d’intervention et de pose de stent coronaire en 2019 ». Nulle trace en revanche d’une quelconque « longue maladie ».

Le destin du « Tigre », comme le surnommaient ses partisans, a basculé le 26 août. Ce jour-là, l’ancien premier ministre est convoqué à la Cour suprême pour être entendu sur deux affaires datant de 2014, qui ont agité la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK. L’une est liée à l’achat d’un nouvel avion présidentiel pour un montant de 40 millions de dollars (36,6 millions d’euros) que la rue avait vite fait de rebaptiser « Air IBK » et qui valut au Mali la colère du Fonds monétaire international (FMI). L’autre dossier concerne des contrats d’équipements militaires surfacturés.

Cible de choix

A l’issue de l’audience, les juges inculpent celui qui était à l’époque ministre de la défense de « faux, corruption, favoritisme, trafic d’influence et abus de confiance ». Ils ordonnent sa mise sous mandat de dépôt. « Le dossier des équipements militaires a été monté par un rival politique alors que le paiement des contrats a débuté après son départ de la défense et sans qu’il soit prouvé que leur promoteur a reçu une marge anormale, plaide un membre de la famille. La justice française n’a d’ailleurs pas reconvoqué Soumeylou après sa garde à vue. Concernant l’achat de l’avion présidentiel, tout le monde sait qu’il n’avait rien à voir avec cette affaire qui a été gérée par Karim – le fils d’IBK – alors que lui poussait pour que l’on investisse en priorité sur l’armée. »….Lire la suite sur lemonde.fr