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Au-delà des clameurs…

Mali-France : au-delà des clameurs…
La France a suspendu ses opérations militaires conjointes avec les forces armées maliennes. L’annonce a été faite le jeudi 3 juin 2021 dans un communiqué du ministère français des armées. Cette décision fait suite au coup de force intervenu le 24 mai dernier à Bamako. La brouille entre deux amis et deux partenaires stratégiques de longue date expliquée en français facile

Que faut-il entendre par suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit » ?
En clair ça veut dire que la France a décidé de suspendre sa coopération militaire avec notre pays mais provisoirement. Provisoirement veut dire pour un temps. Combien de temps ? Selon les déclarations des autorités militaires et politiques françaises jusqu’à ce que le pouvoir revienne aux civils dans notre pays. Donc jusqu’à au retour de la légitimité démocratique, c’est-à-dire ce qu’il ait un président démocratiquement élu.

Quelle sera la conséquence de la décision française de suspendre sa coopération militaire française avec notre pays ?
Cette suspension entraînera immédiatement l’arrêt de la coopération technique, en termes d’assistance, conseils et des activités de formations menées par les Français auprès des militaires et des forces de sécurité maliennes. La suspension de la coopération et de l’assistance de la France entraine automatiquement celle de l’Union Européenne à travers l’EUTM.

Y a-t-il une autre conséquence ?
Oui. C’est l’arrêt des opérations militaires conjointes de Barkhane et Takuba avec nos forces défense et de sécurité. Désormais, nos soldats dans le cadre de la lutte contre les terroristes ne bénéficieront plus de l’aide, l’accompagnement, l’assistance et l’appui technique, logistique, tactique mais aussi de renseignement que la France leur fournissait.
En d’autres termes, nos soldats seront seuls désormais sur le terrain face à l’ennemi, sans assistance d’avions de combat et sans renseignements utiles que leurs fournissait Barkhane.

Vers qui peut-elle se retourner l’armée malienne pour demander de l’appui ?
La décision de la France de suspendre sa coopération opérationnelle avec notre armée suit celle États-Unis qui ont annoncé dès fin mai leur décision de suspendre leur assistance aux forces de sécurité et de défense du Mali. Plusieurs pays européens qui devraient envoyés des troupes dans notre pays ont aussi suspendu leur décision en attendant de voir plus clair.

Que veulent de nous concrètement les occidentaux, la France, les Etats-Unis et les autres ?
Des gages clairs et sans équivoques de notre volonté de retourner rapidement à la légitimité démocratique à travers les élections notamment celle d’un président conformément au calendrier imparti à la Transition.
Il convient dans ce cadre de rappeler, disent jeudi soir les français, que «des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cédéao et par l’Union Africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement».

Exigent-ils que les militaires quittent le pouvoir pour le remettre aux civils ?
Si la CÉDÉAO ne préconise pas cela, l’Union Africaine à travers son Conseil de paix et sécurité le dit clairement.
Dans son communiqué du 1er juin publié suite à sa 1001ème réunion, tenue le 1 juin 2021, sur la Situation au Mali, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) dit exhorter : « vivement les militaires maliens à retourner d’urgence et sans condition dans leurs casernes et à s’abstenir de toute nouvelle ingérence dans les processus politiques au Mali, tout en appelant à la création de conditions propices à un retour sans entrave, transparent et rapide à la transition dirigée par des civils, sur la base de la feuille de route convenue pour la transition au Mali, faute de quoi le Conseil n’hésitera pas à imposer des sanctions ciblées et d’autres mesures punitives à l’encontre de tout trouble-fête de la transition actuelle ».

Se référant aux exigences notamment de l’Union l’Africaine, il est clair que la France, qui semble être surprise par les évènements du 24 mai, ne souhaite point voir les colonels de Kati, soupçonnés d’être des pions à la solde des russes, aux commandes de la Transition.

La France a-t-elle les moyens ou peut-elle se donner les moyens de contraindre les Colonels de retourner dans les casernes ?
Est révolu les temps des Bob Denard, ces mercenaires à la solde de la France qui mettaient et balayaient les régimes en Afrique. Il serait très difficile pour la France de s’imposer à Kati par la force des armes. Une opération du genre Raid d’Entebé relèverait aujourd’hui de la fiction ; et la France pourrait difficilement faire avaler à son opinion et à la communauté internationale une intervention au nom de la légitimité démocratique pour chasser les colonels du pouvoir.
Si en 2013, Hollande a pu faire rallier l’opinion française et l’ensemble de tous les acteurs pour justifier la pertinence de l’intervention au Mali, 8 ans après et avec plus 50 soldats français tués, il est peu probable que Macron réussi à bénéficier d’une oreille attentive pour une opération militaire uniquement pour chasser un régime en vue d’installer un autre.

La France peut-elle se passer du Mali ?
Au regard de la position stratégique, le Mali, au cœur de l’Afrique de l’Ouest et au centre de la croisade anti-djihadiste au Sahel, il est pratiquement impossible de faire sans le Mali.
La collaboration opérationnelle avec Barkhane depuis 18 mois a fortement affiné les capacités des FAMa qui poursuivent progressivement leur montée en puissance. Aussi, une mise en quarantaine des FAMa se fera au détriment des capacités cumulées et de l’indispensable mutualisation des forces engagées contre les terroristes dans le Sahel. Sans oublier que si le Mali tombe, ça fera boule de neige jusqu’à Paris. Et Paris n’a pas que des ennemis à Bamakois, elle y a bien des intérêts aussi.

Que faut-il faire alors ?
-Relancer les discussions entre partenaires et alliés maliens et français engagés dans la lutte contre le terrorisme.
-Se parler franchement et sincèrement sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
-Pour la France, tenir compte des sentiments de légitime fierté des Maliens dans les actes et dans les discours ;
-Pour le Mali, faire preuve de reconnaissance et d’un minimum de respect des règles entre partenaires ;
-Négocier la reprise de la coopération militaire sur la base des intérêts réciproques et souverains des deux États ;
-La France accepte d’aider et d’assister le Mali à restaurer la légitimité démocratique.
-Le Mali tient compte et préserve les intérêts de la France en renonçant à toute diversification de partenariat avec les russes pour l’instant.

 

Source: Info-Matin

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