François Hollande achève ce vendredi 13 décembre une visite d’Etat de deux jours au Brésil, visant à renforcer les liens économiques entre les deux pays et réchauffer des relations politiques un peu distendues. La problématique centrafricaine s’est invitée dans le déplacement. Le président français a réaffirmé qu’il souhaite que l’Europe mette en place un fonds pour ce type d’interventions d’urgence.
Lors de l’inauguration du futur lycée François-Mitterrand à Brasilia, jeudi 12 décembre, François Hollande tombe nez à nez avec les ambassadeurs du Cameroun et du Congo-Brazzaville.
C’est évidemment de la Centrafrique qu’il leur parle, pour les remercier de leur contribution à la force de l’Union africaine en RCA, la Misca : « Je sais qu’il y aura d’autres contingents qui viendront du Congo et du Cameroun rapidement. Je vous remercie parce qu’on a besoin de tout le monde. »
La Centrafrique, c’est le dernier cheval de bataille du président français. François Hollande se tient informé d’heure en heure de la situation sur le terrain. Jeudi au Brésil, il confie encore : « La nuit a été plus calme, la situation progressivement est sécurisée, mais il faut rester très attentif, prudent, vigilant et faire le désarmement jusqu’au bout. »
Convaincre les Européens de participer financièrement
Hier au Mali, aujourd’hui en Centrafrique, la France est la seule puissance européenne à intervenir quand l’urgence africaine l’exige. « Je ne suis pas devenu président pour faire la guerre, assure François Hollande, mais voilà, la France a des responsabilités. »
Pour le chef de l’Etat, l’Europe doit prendre sa part, car la guerre a un coût, que les Français comprennent d’ailleurs mal en cette période de rigueur budgétaire. D’où la volonté française de demander, lors du Conseil européen de jeudi et vendredi prochain, la création d’un fonds permanent pour financer ces interventions d’urgence.
François Hollande précise qu’il ne dit pas aux Européens : « Payez-nous ! », car « on n’est pas des mercenaires », précise-t-il. Mais son idée chemine, assure le président français. Il dit avoir le soutien de la Pologne et de la Belgique. L’Allemagne, elle, réfléchit, mais François Hollande espère convaincre Angela Merkel lors de sa venue à Paris, mercredi.
La France et le Brésil d’accord sur tout, ou presque
La guerre en Centrafrique a bouleversé l’ordre du jour de la visite du président français au Brésil. Mais en conférence de presse, après leur entretien, François Hollande et Dilma Rousseff n’ont pas dit un seul mot à ce sujet, probablement pour ne pas étaler publiquement leurs divergences. Car le Brésil est assez réservé sur ces interventions de la France dans ses anciennes colonies.
Sur les autres sujets internationaux en revanche, de la Syrie à l’Iran en passant par le climat, la gouvernance mondiale et la protection des données, les deux chefs d’Etat sont d’accord. Au Moyen-Orient, le Brésil se satisfait que la voie diplomatique l’ait emporté.
La France et le Brésil, ce sont des valeurs partagées. Mais c’est également, un peu, une amitié contrariée, au goût d’inachevé, à l’image du pont sur le fleuve Oyapock, qui sépare le Brésil de la Guyane française au cœur de la forêt amazonienne. A terme, l’ouvrage se voudrait le symbole de l’amitié entre les deux pays. Mais voilà : achevé depuis un an, il n’est toujours pas en service. Si tout est prêt côté français, au Brésil, on traîne des pieds.
Ce vendredi, François Hollande se rend justement en Guyane pour y passer deux jours. Mais l’inauguration du pont n’est pas encore pour cette fois.
Source : RFI