Bassirou Diomaye Faye et Alassane Dramane Ouattara ont annoncé dans leurs discours de nouvel
an le retrait des forces françaises présentes sur leur territoire. La nouvelle année qui commence sera décrétée comme la fin de la présence militaire étrangère en Afrique de l’Ouest voire même centrale avec cette annonce fracassante de N’Djaména de mettre fin aux accords militaires qui le lient à Paris depuis 1960.
La présence militaire permanente de la France sur le continent africain sera bientôt limitée à une seule base au Gabon, en sus de Djibouti.
Pour cause, les présidents sénégalais et ivoirien ont déclaré mardi dernier, lors de leurs discours respectifs prononcés à l’occasion de leurs vœux pour la nouvelle année, que les troupes françaises vont se retirer de leurs deux pays.
]
Si Alassane Ouattara a choisi ce mois de janvier pour le retrait des forces françaises avec la rétrocession du camp du 43 Bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouët, aux forces armées de Côte d’Ivoire.
Quant à Bassirou Diomaye Faye, il table sur le premier semestre de 2025 pour le retrait effectif de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal. Toutefois, en lieu et place M. Faye propose
une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité avec la France. Bassirou Diomaye Faye depuis son accession au pouvoir en avril 2024 a mis en avant la souveraineté en prônant la rupture avec le système et se réclame d’un panafricanisme de gauche.
Pour plusieurs commentaires, il y a une multitude de facteurs qui expliquent le retrait annoncé des forces françaises du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Selon eux, le facteur immédiat serait les accusations
proférées par les pays de l’Alliance des Etats du Sahel qui ont poussé ces deux chefs d’Etat de la Cédéao à anticiper le départ de la présence française dans ces pays. Parce que le Mali, le Niger et le Burkina Faso voient en la présence française dans ces pays comme une menace potentielle pour leurs pays respectifs.
Mais en réalité, depuis le clash entre Paris et Bamako, qui a entrainé le départ de la force Barkhane du Mali, la France, devenue persona non grata au Sahel s’était promise de revoir complètement sa
stratégie militaire sur le continent africain en inventant un nouveau modèle de partenariat reposant sur une réduction de ses effectifs militaires déployés et sur une augmentation de l’offre de formation, d’accompagnement et d’équipements.
C’est dans ce contexte que Jean-Marie Bockel a été nommé par le président français, Emmanuel Macron comme son envoyé personnel chargé de mettre en œuvre cette nouvelle stratégie de diminution des bases militaires permanentes. Ce dernier s’est rendu successivement à Libre ville, Dakar et Abidjan. En octobre dernier il a même présenté son rapport au président français, Emmanuel Macron.
Pour couper court l’annonce du président Ouattara est donc un non-événement, car il subsiste encore des zones d’ombre et des interrogations.
Comment annoncer le départ de l’armée française tout en autorisant la présence d’une base militaire américaine à Odienné, au nord du pays, près du Burkina Faso et du
Mali ?
Ouattara est-il insatisfait de l’attitude ambiguë de Macron concernant le renouvellement de son bail pour un 4e mandat et de la mise en surface de la pièce de rechange de Tidjane Thiam dans la quincaillerie de l’Élysée ? Comme l’explique Pascal Airault et Antoine Glaser dans ” Le piège africain de Macron : Du continent à l’Hexagone” ?
Ousmane Mahamane
Source: Mali Tribune