Le Mali a été électrocuté par la diffusion large d’une vidéo de viol collectif sur les réseaux sociaux. Indignation collective à la clé qui a conduit à mettre les auteurs présumés sous les verrous.
On y voit quatre jeunes en train d’abuser sexuellement, l’un après l’autre, d’une fille de 14 ans. Insultée sous toutes les coutures, elle n’avait que ses yeux pour pleurer. Après la grogne populaire qui a suivi, les malfrats ont été arrêtés par la brigade des mœurs de Bamako.
Le plus jeune a 16 ans et le plus âgé 25, les deux autres 18 ans. Cette vidéo a provoqué la mobilisation d’associations et la réaction du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Il a d’ailleurs communiqué activement sur ce drame mettant à nu les visages des violeurs. Même les âges de tout un chacun n’ont pas été omis par le n°2 de l’exécutif.
Parmi les acteurs de la société civile dans le bain de l’affaire, un avocat s’est illustré. A la réception de la vidéo, Balla Mariko, membre de l’association “Halte aux violences conjugales” s’est assumé.
Joint par nos confrères de France 24, il indiquait que ce n’est pas la première fois qu’il voyait une vidéo du genre. “En 2014 déjà, la vidéo d’un viol collectif dans une voiture avait circulé”, a-t-il indiqué. Ceux-là en voulant peut être humilier la victime sont tombés dans leur propre piège comme l’affirme Balla Mariko.
“Cependant, il est rare que les violeurs se filment. Là, les coupables sont largement reconnaissables sur la vidéo, de même que la victime, et je me suis dit qu’il fallait absolument les identifier. J’ai donc lancé un appel à témoins sur ma page Facebook qui a été partagé”.
Il a déclaré avoir également transmis la vidéo à un commissaire de la brigade des mœurs, qui s’est penché sur l’affaire le 5 février passé. Quarante-huit heures après, Balla Mariko est allé jusqu’à proposer un million de F CFA contre tout témoignage pouvant permettre l’arrestation des auteurs du viol. “Nos enfants sont devenus des monstres arrêtons-les !”, a-t-il martelé dans l’appel à témoignage.
Le même jour, la victime s’est rendue avec sa mère à la Brigade d’investigation judiciaire. Au cours de l’entretien avec les enquêteurs, elle a communiqué l’identité de ses bourreaux. Avec ces informations importantes, les policiers sont descendus dans la ville à leur recherche, ce qui aboutira à leur arrestation.
Dans la foulée, un homme de 73 ans était arrêté pour des attouchements sexuels sur une fillette de 3 ans dans un quartier populaire de Bamako. Ce qui provoqua une seconde onde de choc dans notre Maliba. Le jeudi 8 février 2018, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a réagi en diffusant le portrait de quatre accusés sur Tweeter. Il avait pourtant omis la présomption d’innocence malgré que ce soit un flagrant délit de viol.
“C’est l’occasion de frapper un grand coup pour éviter la récurrence de ces actes commis par des individus qui ne mesurent pas l’ampleur des sanctions qui les attendent”, a affirmé Drissa Traoré, coordonnateur de projet à l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), l’une des parties qui entendent se constituer partie civile dans la procédure judiciaire ouverte au Tribunal de la Commune III du district de Bamako.
En effet, en janvier 2017, une étude menée par Wildaf-Mali, l’antenne locale du réseau Women in Law and Development in Africa, révélait qu’environ 300 femmes sont violées chaque année au Mali. Selon Bintou Founé Samaké, présidente de Wildaf-Mali, le phénomène du viol a pris de l’ampleur à la faveur de la crise de 2012, notamment dans le Nord du pays. A l’époque sous l’occupation totale des groupes jihadistes et rebelles armées, des femmes et des jeunes filles étaient victimes de viol, d’esclavage sexuels et d’autres violences.
Cette mode portant atteinte à la féminité est appelée à prendre fin. Les dénonciations ne font que se multiplier et beaucoup ont été mis aux arrêts. N’oublions pas de rappeler qu’au Mali le viol est puni de 5 à 20 ans de prison.
Atiyatou Rahmane Coulibaly
Stagiaire
Source: Le Point