Depuis les premiers éléments fournis par les enquêteurs, lors de l’attaque terroriste à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, ces suspects qui ont réussi à quitter le pays, pour pénétrer au Mali, sont suivis et traqués. Deux d’entre eux, et non des moindres, ayant eu des liens directs avec le raid meurtrier de Grand Bassam, viennent d’être arrêtés par les forces maliennes. Seront-ils extradés vers la Côte d’Ivoire, où les enquêteurs les attendent de pieds fermes ?

Entre le vendredi et le samedi dernier, deux des gros suspects de l’attaque terroriste de Grand Bassam, qui avaient réussi à quitter le pays, pour s’infiltrer au Mali, activement recherchés, ont été arrêtés par les forces spéciales maliennes. Mais l’information, pour son caractère sensible, n’a pu être révélée que le dimanche dernier, où elle a fait la manchette de pas mal de média internationaux. Ces deux suspects, selon des sources de renseignements maliens, sont des cibles sensibles des enquêteurs, en raison justement de leurs liens étroits avec le principal suspect, le supposé cerveau de l’attaque criminelle, ce fameux Kounta Dallah, qui a fui la Côte d’Ivoire, dès le lendemain de la tragédie, pour regagner le nord du Mali.
Le premier suspect arrêté, qui s’appelle Ibrahim Ould Mohamed, selon les sources sécuritaires, a été repéré, dans les parages de Tombouctou, à un barrage par des forces de sécurité, à la suite d’un contrôle effectué par les militaires, pendant que le fugitif tentait une ultime incursion vers l’extrême nord du pays, censé être le sanctuaire des djihadistes. Ce dernier est connu dans les milieux d’enquêtes liés à l’attaque de Grand Bassam comme étant l’un des principaux organisateurs de la tragédie. Le second, lui, est connu sous le nom de Sodack Dicko et il a été appréhendé, à Gossi, dans les environs de Goundam, pendant qu’il se trouvait dans une résidence. Selon toute vraisemblance, ce dernier, un vrai caïd, comme l’autre suspect, a été un acteur principal du raid meurtrier de Grand Bassam. En fait, c’est le pistage à partir du téléphone portable du suspect numéro I de cette tragédie qui a permis aux enquêteurs de remonter plus rapidement au cœur de cette filière djihadiste. Le premier suspect, arrêté, Ibrahim Ould Mohamed, a tout déballé. Proche collaborateur du cerveau de l’attentat de Grand Bassam, certains affirment d’ailleurs qu’il est son chauffeur et son bras droit, Ibrahim Ould Mohamed, a livré aux enquêteurs de précieux indices sur la manière dont le raid meurtrier a été planifié.
Ce dénommé Ibrahim Ould Mohamed est soupçonné par les enquêteurs d’avoir quitté précipitamment Abidjan, dès le lendemain de l’attaque, à partir d’un vol régulier sur Bamako. C’est là qu’il a pu rallier la région de Tombouctou, via Mopti. Même si les enquêteurs ne le relèvent pas, il est évident que l’arrestation de cet homme, proche parmi les proches du cerveau de l’attaque de Bassam, est fort appréciée dans les milieux de renseignements, en raison justement de la position de Kounta Dallah qui sera certainement démasquée. En tout cas, c’est le principal souci des enquêteurs, au Mali comme en Côte d’Ivoire, de pouvoir mettre plus rapidement la main sur cet homme qui paraît aujourd’hui être l’un des plus recherchés de la sous-région.
Il a été rapporté que les forces spéciales maliennes, après l’opération de traque, ont aussitôt remis ces fugitifs aux forces Barkhane pour interrogatoire poussé sur leurs agissements avant, pendant et après leur boucherie, survenue à Grand Bassam. Il semble également que les enquêteurs sont intéressés par ces deux suspects, en raison des connexions qu’ils pourront établir avec d’autres groupes terroristes et sur d’autres attaques djihadistes, survenues ces derniers temps dans de nombreuses localités, comme celle perpétrée récemment à l’hôtel Nord-Sud de Bamako, où un commando a tiré sur les gardes en faction, le mardi dernier, avant d’être neutralisé.
L’autre aspect crucial de ce dossier est lié à l’extradition de ces deux suspects vers la Côte d’Ivoire, où les enquêteurs les attendent de pieds fermes. Sur ces questions, les spécialises soutiennent plusieurs versions dans l’immédiat : il est possible que face à l’urgence du contexte, des enquêteurs ivoiriens viennent sur place pour de nécessaires interrogatoires. Mais, dit-on, il est également possible que les deux suspects puissent être rapidement extradés vers la Côte d’Ivoire. En tout état de cause, à Abidjan, et dans de nombreuses villes ivoiriennes, les populations expriment à l’endroit des forces spéciales maliennes leur reconnaissance pour ce geste de haute portée professionnelle ; en mettant hors d’état de nuire ces terroristes sans foi, ni loi.

Sékouba Samaké

Source: info-matin