Ce mardi 17 septembre 2024, les Bamakois se sont réveillés sous des coups de feu. Deux attaques simultanées revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, branche locale d’Al-Qaida, ont visé l’école de gendarmerie qui se trouve à Faladié et la base aérienne 101 de l’armée de l’air à Sénou.
Ces deux attaques ont fortement paralysé la circulation routière et les services administratifs et judiciaires de la rive droite. La Cour d’appel de Bamako, située à quelques mètres de ladite école n’a pas échappé à cette paralysie administrative.
En effet, c’est ce même jour que devait s’ouvrir le procès dit de l’achat de l’avion présidentiel et les contrats de surfacturation des équipements militaires qui incrimine Bouaré Fily Sissoko et huit accusés. Malgré cette situation d’insécurité inédite, les accusés présents sur le sol malien ont tous comparu devant la Cour.
D’abord, c’est Mahamadou Camara, ex-ministre et directeur de Cabinet de la présidence de la République qui était le premier à faire son entrée dans la salle d’audience vers 10 h 30. Après ses salutations chaleureuses et amicales avec des anciens collaborateurs dont Tiéna Coulibaly, lui aussi ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, M. Camara a pris place dans le box des accusés.
Trois heures après, Bouaré Fily Sissoko à bord d’un véhicule banalisé fit son entrée dans la salle souriante et décontractée, un signe de sa détermination à dire la vérité afin de laver son honneur. Elle a aussi échangé des accolades avec sa famille et collaborateurs venus la soutenir.
Mais c’est l’arrivée de Nouhoum Dabitao et Moustapha Drabo qui s’est révélée compliquée. Ces derniers, tous des officiers supérieurs de l’armée sont détenus dans l’enceinte même de l’école de la gendarmerie nationale qui a été prise pour cible par les terroristes. Il a fallu des tractations en haut lieu pour les extraire de leur cellule sous bonne escorte des forces spéciales pour qu’ils puissent comparaître devant la Cour.
Bien que les quatre accusés et leurs avocats fussent présents, un doute réel persistait quant à l’ouverture de ce procès attendu par toutes les parties prenantes.
Le 1er président de la Cour d’appel, Faradji Baba, le procureur général et l’avocat général de ladite Cour ont passé de longues heures au téléphone avec le ministre de la Justice concernant l’ouverture de ce procès. Selon les informations recueillies sur place, le ministre a exigé que ce procès s’ouvre avec la promesse de renforcer le dispositif sécuritaire dans et autour de la Cour.
Au terme de 7 h d’attente et d’incertitudes croissantes pour les journalistes, le procès de l’achat de l’avion présidentiel, les contrats de surfacturation des équipements militaires s’est brièvement ouvert sous un dispositif sécuritaire impressionnant.
Aussitôt ouvert, le ministère public, représenté par Koké Coulibaly dans ses réquisitoires spéciaux a demandé aux membres de la Cour le renvoi jusqu’à ce que la situation se calme pour permettre à toutes les parties (accusés, ministère public, avocats, contentieux de l’Etat) de débattre dans un contexte plus serein.
Les conseils de la défense et le contentieux de l’Etat ont abondé dans le même sens que le parquet général.
La Cour, présidée par le 2e président de la Cour d’appel de Bamako, a accepté les différents réquisitoires spéciaux formulés dans la salle d’audience en décidant de renvoyer le procès. Il reprendra ce mardi 24 septembre 2024.
Pour le public, la Cour n’aurait pas dû renvoyer le procès à cause de cette attaque terroriste. Selon eux, l’objectif des terroristes est que nous vivions dans la peur et l’angoisse. Pourquoi leur offrir notre psychose supposée sur un plateau d’argent ?
Ousmane Mahamane