Bamako, 12 novembre (AMAP) Les jurés de la Cour d’assises ont poursuivi leurs audiences par un cas de blanchiment de capitaux dont l’accusé, Mahamadou Amadou dit Lalama Tandia, s’en est sorti, faute de preuves, après d’intenses débats, a constaté l’AMAP.
Dans cette affaire dont l’infraction n’est pas très courante dans le rôle des assises en cours, les faits remontent au 5 janvier 2018, lorsque la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), transmettait un rapport au procureur du Pôle judiciaire, spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Le procureur a, à la suite, requis l’ouverture d’une information pour blanchiment de capitaux.
La CENTIF a relevé, dans son rapport, que l’inculpé avait ouvert un compte bancaire, sous une fausse identité “ingénieur financier”, alors qu’il était, en réalité, régisseur spécial. Le compte enregistrait des versements très importants, en espèces, qui ne semblaient avoir aucune justification licite, à hauteur de 302.591.334 Fcfa, entre le 3 juin 2011 et le 4 décembre 2017. Dans le même laps de temps, il a effectué des retraits d’argent pour un montant de 252.369.901 Fcfa.
Après avoir nié les faits lors de ses premiers interrogatoires, devant les incohérences de ses explications, il finissait par les reconnaître. Ainsi, lors de son second interrogatoire, il a déclaré ceci : “En réalité, c’est un système, délibérément mis en place par ma hiérarchie, pour profiter des fonds mis à la disposition de la régie, car en fin d’année budgétaire, nous partageons les fonds qui n’ont pas été utilisés, bien que nous restitutions une partie du détournement de deniers publics”.
Tous les témoins entendus ont trouvé « inadmissibles » les agissements de l’inculpé qui versait les fonds publics dans un compte bancaire personnel. Ce qui prouve, selon l’accusation, qu’il s’agissait bien d’une entreprise de détournement de derniers publics. Ainsi, les montants étaient, d’abord, placés dans un compte bancaire, en attendant que de fausses pièces justificatives soient produites. Ils étaient, ensuite, retirés et réinjectés dans un circuit économique normal.
Pour ne pas éveiller les soupçons, l’inculpé se faisait passer pour un ingénieur financier, alors que cette profession n’existe pas dans la Fonction publique. Dans ses explications, il a tenté de mouiller ses supérieurs hiérarchiques qui, entendus tous comme témoins, ont démontré qu’ils ignoraient, totalement, tout des agissements du régisseur.
A la suite, une information judiciaire ouverte sur les faits établis et reconnus par l’inculpé l’a renvoyé devant la Cour d’assises pour être jugé. Face à la Cour, l’accusé a plaidé non coupable. Il a expliqué que, depuis sa nomination, en décembre 2012, jusqu’à son arrestation, les sommes mises à sa disposition ont été justifiées.
Et d’ajouter : “Mon seul tort a été que j’utilisais mon compte personnel (compte d’épargne) pour faire certains retraits”. A l’entendre parler, le témoin principal était l’agent comptable, pour la simple raison qu’il était signataire des chèques. Aux termes des procédures requises en la matière, l’inculpé a été reconnu non coupable des faits. Il a été tout simplement acquitté des charges retenues contre lui.
Se référant à l’accusation, les faits sentaient la participation de nombreuse personnes dans le coup tordu, saut que Mahamadou Amadou dit Lalama Tandia a été le seul contre qui la charge a été retenue. Certains de ses complices dans la chaîne, reconnus ou non identifiés durant la procédure, n’ont pas comparu. Il a été, donc, le seul à se présenter à la barre.
TC/MD (AMAP)