L’obtention de statistiques de meilleure qualité et la démocratisation de l’insémination artificielle animale sont prises en charge dans la création de deux nouveaux établissements
Le projet de loi de ratification d’une ordonnance d’avril dernier portant création du Centre de formation et de perfectionnement en statistique (CFP-STAT) a été adopté mardi à l’unanimité des 112 députés ayant pris part au vote.
Le rôle de l’information statistique dans le processus de développement économique et social est de nos jours fondamental. Toutes les politiques mises en œuvre dans notre pays, (notamment celles se rapportant à la réduction de la pauvreté) sont centrées sur l’amélioration des conditions de vie des populations. Dans cet ordre d’idées, des statistiques de qualité sont indispensables à l’élaboration de politiques convenables, ainsi qu’au suivi et à l’évaluation de celles-ci. C’est pourquoi le gouvernement du Mali a adopté pour la première fois en janvier 2006 le Schéma directeur de la statistique visant à assurer la production de statistiques de qualité dans notre pays. Ce schéma directeur de première génération et les revues annuelles s’y attachant, ainsi que le schéma directeur de deuxième génération adopté en juillet 2014, et d’autres études spécifiques mettent tous l’accent sur la problématique des ressources humaines du Système statistique national (SSN). La qualification de ces ressources constitue en effet un facteur déterminant de la performance du système en matière de production de statistiques de qualité dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle.
Le gouvernement avait ainsi autorisé le recrutement d’autres corps de personnel dans les emplois de statisticiens. Conséquence de cette mesure, l’effectif du SSN regroupe aujourd’hui 15% de statisticiens sortis d’une école de statistiques et 85% d’autres spécialistes affectés à des emplois de statisticiens. La présente situation expose par conséquent la production et l’activité statistiques à des risques d’erreurs préjudiciables à la qualité des statistiques publiques et à la gouvernance des affaires.
La création du CFP-STAT s’inscrit dans le cadre de la recherche d’une solution durable à ce problème de ressources humaines mises à disposition du SSN. La création du CFP-STAT vise également le renforcement du Système statistique national ainsi que la mise en œuvre des recommandations du cadre statistique régional. Le Centre, créée sous la forme d’un Etablissement public à caractère scientifique et technologique (EPST), est placé sous la tutelle du ministre chargé de la statistique. Cette tutelle consiste en un contrôle de légalité exercé sur les autorités du CFP-STAT et sur leurs actes.
Le Centre aura pour missions d’assurer la formation initiale des techniciens de la statistique ; d’assurer le perfectionnement et la formation continue des statisticiens du Système statistique national ; de contribuer à la diffusion des méthodes et outils statistiques des structures du SSN ; de participer à la recherche dans les domaines statistiques spécifiques ; de réaliser des études ou des expertises entrant dans le cadre de sa mission.
L’accès au Centre se fera par voie de concours. Les conditions spécifiques d’accès au cycle d’Adjoint Technique de la Statistique sont les suivantes : être âgé de 22 ans au plus à l’admission au concours ; pour les candidats non professionnels, être détenteur du baccalauréat série scientifique ; pour les candidats professionnels, appartenir au corps des agents technique de la statistique et attester d’une expérience professionnelle de trois années au moins après l’accès au corps ou l’obtention du diplôme d’agent technique de la statistique.
UN FAIBLE POTENTIEL GÉNÉTIQUE. L’accès à la formation continue est ouvert sur demande pour leur perfectionnement aux candidats provenant des secteurs publics privés, associatifs et communautaires. La priorité est accordée aux candidats présentés par les structures du SSN. Le nombre de candidats à recruter et les conditions d’admission sont déterminés annuellement par le conseil d’Administration du Centre.
C’est aussi par un vote unanime, mais réunissant 117 voix, que les députés ont approuvé le projet de loi de ratification d’une ordonnance d’avril portant création du Centre de l’insémination artificielle animale (CNIA). Pays sahélien à vocation agropastorale, le Mali dispose d’un cheptel évalué à plus de 10 millions de bovins, 32 millions de petits ruminants (ovins et caprins) et 98 000 camelins. Le sous-secteur d’élevage contribue pour 10 % au PIB et occupe le troisième rang dans les recettes d’exportation après l’or et le coton.
Malgré tout, cet élevage ne couvre pas les besoins nationaux en lait à cause de la faible production nationale de cet aliment, production handicapée par le faible potentiel génétique des races locales et les conditions d’élevage défavorables. Pour inverser cette tendance, les services de recherche ont mis en œuvre des programmes d’amélioration génétique de nos races locales par voie de sélection et de croisement avec des races étrangères à haut potentiel en lait et en viande, d’abord en station (Sotuba, Kayes Niono et Madina Diassa), puis en milieu réel.
Ces croisements ont permis de porter la production de lait de 540 litres par an en 270 jours de lactation à 1956 litres en 300 jours de lactation. En outre, la production de viande est passée de 250 kilogrammes (poids moyen adulte) de la race locale à plus de 500 kilogrammes pour les métis. Ces performances ont suscité un fort engouement des éleveurs, surtout péri-urbains, pour le programme d’amélioration génétique.
Il est donc apparu nécessaire de créer une structure chargée de l’insémination artificielle animale pour l’amélioration des productions, la préservation et la conservation des races locales. Le présent texte de loi entre dans ce cadre.
Le Centre d’insémination artificielle animale sera un établissement public à caractère administratif (EPA) qui aura a pour missions de rendre les services de l’insémination accessibles au plus grand nombre d’éleveurs, d’organiser les éleveurs autour des programmes d’amélioration génétique, de production (lait et viande) et de conservation des races autochtones, d’améliorer la production laitière des vaches par la sélection et le croisement, d’améliorer le revenu des producteurs par l’augmentation de la production de lait et de viande et de réduire la facture d’importation du lait.
Le Centre permettra de conserver in situ la diffusion massive des races locales dans leurs zones d’origine, et ex situ les semences congelées de géniteurs de races locales de hautes potentialités génétiques et d’animaux menacées de disparition.
A. LAM
source : L Essor