Une année après l’assassinat de manifestants à Gao, l’association Gao Lama Boré demande que la lumière soit faite sur le drame du 12 juillet 2016 dans la ville de Gao. L’association avait décidé d’organiser une marche pacifique pour protester contre l’installation des autorités intérimaires et exprimer son rejet catégorique de l’ensemble de l’accord d’Accord d’Alger. «Cette marche pacifique, entamée dans la plus grande sérénité a été violemment réprimée dans le sang, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants », a déclaré Abdel Kader Maiga, le président de Gao Lama Borey, lors d’une conférence de presse hier (11 juillet 2017) à l’hôtel Onomo de Bamako.
Pendant que l’Etat du Mali donne des centaines de millions aux rebelles de Kidal, dénonce Gao Lama Boré, les familles des défunts et les 41 blessés n’ont reçu de l’Etat malien que deux millions de F CFA par victime. « Comme si cela ne suffisait pas, le président de la République, dans un discours méprisant et ironique déclarait que l’accord n’avait pas été compris. Le ministre de la Justice, avec un ton faussement sérieux a promis une enquête diligente. A ce jour, nous n’avons aucun retour », a affirmé le président de Gao Lama Borey.
Le jour du drame, l’association avait trouvé des jeunes dynamiques, patriotes courageux appartenant déjà à des mouvements de résistance civile qui étaient déterminés à marcher. «Voici les circonstances dans lesquelles des élus de la nations se sont rendus à Gao pour apaiser la situation. Malgré les larmes de crocodiles versées et des humeurs pitoyables, aucune promesse n’a été tenue », a déploré Abdel Kader Maïga.
Ainsi, l’association réclame justice et réparation pour les jeunes qui sont tombés à Gao en défendant le Mali. Pour les membres de Gao Lama Borey, l’Accord d’Alger est mauvais et le restera tant que des dispositions ne seront pas prises avec le soutien de tout le peuple malien pour corriger ses défauts. Les raisons du rejet de l’accord par l’association sont liées à l’impossibilité de sa mise en œuvre intégrale.
Au nombre des reproches, il y a la création anarchique des régions au nord du pays « pour 10% de la population du nord, contre 90% de population sédentaires, autochtones et noires ». Selon les militants de Gao Lama Borey, la minorité démographique est en passe de devenir une majorité démocratique, ce qui ouvre la voie à des conflits inévitables autour des terroirs.
La responsabilité de la communauté internationale est évoquée face à l’ampleur du drame qui se prépare au nord du Mali à cause de l’Accord d’Alger. Les statistiques de Gao Lama Borey font froid dans le dos. En effet, le Comité de suivi de l’accord(CSA) est composé de 22 membres et sur ces 22 membres, il y a seulement 4 Noirs (2 de la CMA et 2 de la Plateforme). « Soit 18% de Noirs et 82% de Touareg et alliés, alors que cette minorité de Touareg et alliés ne représente pas plus de 10% de la population du nord », a expliqué le président de Gao Lama Borey .
Pour contourner l’inertie de l’Etat, une plainte a été déposée contre le gouverneur de Gao pour sa responsabilité dans le drame du 12 juillet 2016. « Gao Lama nous saisi en tant que conseil, et nous avons initié une plainte avec constitution de partie civile pour assassinat, complicité d’assassinat, incendie volontaire, complicité d’incendie volontaire contre monsieur Seydou Traoré en sa qualité de gouverneur de la région de Gao et toute autre personne que l’enquête pourrait révéler », a affirmé Me. Malick Ibrahim, le conseiller juridique de Gao Lama Borey.
Ceux qui sont morts à Gao le sont pour le Mali, selon Ibrahim Ikassa, le vice-président de Gao Lama Borey. Ils se sont battus pour un droit constitutionnel d’opinion et de manifestation, en rejetant l’installation illégale et illégitime « d’autorités dites intérimaires, et subséquemment le cantonnement, la réintégration et le réarmement de ceux, anciens bourreaux, enfants gâtés de la République, qui n’hésiteraient pas certainement si l’occasion leur était donnée de retourner une fois de plus leurs armes contre leur patrie », a ajouté Ibrahim Ikassa.
Soumaila T. Diarra