Le mode opératoire des ravisseurs de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de RFI tués samedi à Kidal au Mali, n’est pas habituel. Leur exécution a été étonnamment rapide. Alors que leurs corps ont été rapatriés de Kidal à Bamako, de nombreuses interrogations subsistent.
Si le ministre des Affaires étrangères français a donné des précisions sur les circonstances de leur enlèvement puis de leur assassinat, de nombreuses zones d’ombre subsistent et appellent beaucoup de questions. Pourquoi eux et pourquoi une exécution si rapide? Y a-t-il un lien avec la libération quelques jours plus tôt de quatre otages français?
Que sait-on des ravisseurs?
Les certitudes sont minces à ce sujet. D’après Laurent Fabius, les deux journalistes avaient été enlevés “par un petit commando” devant le domicile d’un responsable touareg qu’ils venaient d’interviewer. Leurs corps ont ensuite été retrouvés, moins de deux heures après le rapt, à 12 km de Kidal, par une patrouille française qui avait été alertée.
Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements islamistes radicaux, voit dans ces assassinats une possible vengeance, contre le MNLA (Mouvement de libération de l’Azawad) qui avait invité les reporters, mais aussi la marque d’une possible action d’AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique). Si rien ne permet d’établir un lien avec la récente libération de quatre otages français, précisément retenus pendant trois ans par AQMI, cette hypothèse est dans tous les esprits.
Pourquoi un assassinat si rapide?
“Il n’y a pas d’autre message, manifestement, que celui de tuer”, constate Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans Frontières. Cette analyse corrobore celle de Laurent Fabius pour qui les deux Français ont été “assassinés froidement”. Peut-être leur appartenance à RFI a-t-elle été déterminante, car ce média est très écouté en Afrique? Ces assassinats sommaires pourraient relever d’une volonté d’intimidation, car les deux reporters voyageaient sans protection.
La direction de RFI partie au Mali pour aider au rapatriement des corps, a d’ailleurs rappelé que les deux journalistes expérimentés n’étaient en aucun cas des “têtes brûlées” ou des “casse-cou” et qu’ils n’avaient pris aucun risque.