Après Pr Clément Dembélé, le président de la Plateforme contre le Chômage et la Corruption (P.C.C.), c’est le jeune leader du Parti F.A.D, Nouhoum Sarr qui se trouve maintenant entre les griffes de la justice. Il y a comme un cycle de répressions ouvert.
Elhadj Oumar Abou Touré, président de l’association Kaoural international, à travers une vidéo récente qui a connu un partage viral sur les réseaux sociaux, a adressé un mot au général Moussa Diawara, patron de la Sécurité d’État. Il conseillait à ce dernier, suite à l’arrestation musclée de Pr. Clément Dembélé, d’éviter de violenter les citoyens. C’est que l’interpellation du président de la P.C.C. a choqué l’opinion publique nationale qui estime que ce fut plutôt un enlèvement.
En effet, selon des témoins qui ont assisté à la scène, ce sont six agents de la Sécurité d’État armés de PA, qui se sont saisis de Pr Clément Dembélé sur un espace public du quartier de Banconi. On reproche au militant social d’avoir diffusé une vidéo dans laquelle il appellerait les militaires à la déstabilisation des institutions de la république. Or, pour tous ceux qui ont visionné la fameuse vidéo, il n’en est rien. Mais à supposer même que Pr Clément Dembélé ait agi ainsi, c’était au procureur de la République de le convoquer dans les règles de l’art pour procéder à sa mise en accusation.
Mais la Sécurité d’État n’en est pas à une première incartade. Elle avait convoqué Me Hassan Barry, ancien ministre de la république, et l’avait séquestré comme un complice actif des djihadistes. L’affaire s’est terminée en queue de poisson, Me Hassan Barry a recouvré la liberté et aussi son honneur. Mais Pr. Aly Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, le premier de l’ère démocratique, avait marqué ce malheureux incident en publiant une tribune dans laquelle il mettait en garde le général Moussa Diawara de toute ambition à la Monastir, c’est-à-dire une velléité à reproduire le scénario du général Ben Ali de Tunisie qui s’est emparé du pouvoir dans les conditions historiques que l’on sait. Tout compte fait, la Sécurité d’État est désormais au cœur de plusieurs interrogations. Pour le moins, c’est dans ses locaux que Birama Touré, le journaliste disparu du Sphynx, aurait été torturé, puis décédé. C’est elle qui a récemment arrêté un groupe de militaires sans affectation et sans armes, au prétexte qu’ils fomentaient un coup d’État.
Après l’arrestation de Pr. Clément Dembélé, on apprend avec étonnement que le jeune leader du Parti F.A.D., Nouhoum Sarr, a été interpellé ce lundi par la Brigade d’Investigations Judiciaires (B.I.J.). On sait que Sarr a organisé il y a quelques semaines une conférence de presse sur le rapt de Soumaïla Cissé, mais on ne lui connaît pas de propos séditieux.
Qu’est-ce qui se passe? Le pouvoir est-il désormais dans une logique de répressions tous azimuts visant à museler tous ceux qui osent le critiquer? Veut-il désormais régner en instaurant la peur et la terreur?
D’ores et déjà, il faut relever qu’il y a un Mali à deux vitesses; un Mali deux poids, deux mesures. Pr Clément Dembélé est enlevé pour incitation à la violence, prétexte-t-on. Qui ne se souvient de Ousmane Madani Haïdara en train de brandir, lors d’une manifestation publique au monument de l’indépendance, une arme à feu comme avertissement aux plus hautes autorités ?
Djibrila Sadou Touré
LE COMBAT