Les autorités de la transition semblent être dubitatives par rapport à la tenue des élections à la date échue. Selon le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, pas de chronogramme détaillé de la tenue des élections avant les Assises nationales de la refondation(ARN).
Dire aujourd’hui que les détails du chronogramme seront fournis par les futures assises est une malhonnêteté clairement affichée pour prendre en otage le Mali pour aller vers une prolongation de la transition qui ne dit pas son nom.
Dans son ambition périlleuse, Choguel qui se trouve seul contre l’écrasante majorité de la classe politique sur la tenue des assisses nationales, le chronogramme des élections et la mise en place de l’organique unique de gestion des élections.
Double langage
Pourtant, il avait déjà annoncé un chronogramme lors de son passage au Conseil National de la Transition (CNT), en affirmant qu’il confirme les dates annoncées par son prédécesseur. Ce double langage pourrait donner raison à certains hommes politiques qui insinuaient, les assises comme un moyen pour proroger la transition. Cette nouvelle posture qu’emprunte le PM risque de créer une véritable cacophonie au niveau national ainsi qu’international.
La population sera divisée et chaque camp empruntera le chemin du boulevard pour apporter son soutien ou montrer son mécontentement. La communauté internationale de son côté tenterait de durcir les sanctions sur le Mali. Si la classe politique, la société civile, les syndicats n’arrivaient pas à se comprendre au bout du compte, les colonels risquent de s’assumer pour une troisième fois en procédant à un coup d’Etat ou un coup de force institutionnel. Ce qui va les amener cette fois-ci à dissoudre la constitution ainsi que toutes les autres institutions, excepté le CNT et la Cour suprême. Ils garderont la Cour suprême pour juger tous les hommes politiques et hommes d’affaires qui sont cités dans des dossiers de malversations, sans oublier le dossier des tueries et des destructions des édifices publics.
Ça serait l’occasion pour rédiger une nouvelle constitution et pour finalement organiser des élections par des organes de leur choix. Cette transition pourrait s’étaler sur une longue durée, contre toute attente.
Il est important que la classe politique et la société civile se ressaisissent pour éviter le chaos car personne n’a le soutien total et le monopole de l’armée. Chaque fois que les hommes politiques n’arrivent pas à se comprendre sur des simples questions, l’armée profite pour intervenir en utilisant la force de ses armes pour les neutraliser et confisquer le pouvoir.
Si cette transition doit être prorogée, elle doit se faire de façon consensuelle dans l’intérêt suprême du Mali. Aucun homme politique ne doit tenter d’exclure un autre sinon l’armée risquerait d’exclure tous les hommes politiques.
En tout cas, devant les émissaires de la Cedeao, la classe politique a dégagé une position presque unanime en faveur du respect du délai de la transition et l’organisation des élections à date impartie et rejette la mise en place de l’organe unique de gestion des élections et les assises nationales de la refondation qui restent la seule boussole du bouillant PM Choguel spécialiste de double langage.
Abdoul Aziz Diallo
Source : Le Démocrate