DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, laisse à ses millions de fans un héritage immortel. Un artiste ne meurt pas, dit-on. Un astre, même éteint, sa lumière continue de nous parvenir sur terre, à des années-lumière. DJ Arafat continuera d’inspirer la jeunesse qui avait su trouver un écho favorable à ses souffrances. Là où les politiques ont échoué, la musique, le coupé décalé, à travers l’inspiration de son maitre, DJ Arafat, a réussi la prouesse de créer un nouveau mode d’expression, une philosophie, qui perdureront.
Né le dimanche 26 janvier 1986 et mort le lundi 12 août 2019
« Il est né le divin enfant, jour de fête aujourd’hui sur terre, il est né le divin enfant, chantons tous son avènement », les paroles de ce célèbre cantique de Noël, auraient pu résonner dans le ciel ivoirien, le dimanche 26 janvier 1986, jour de messe, jour de naissance de DJ Arafat.
Plus jamais on ne le reverra dans les rues chaudes d’Abidjan, cambrant sa routière, ou postant ses clashs sur les réseaux sociaux. Pour certains, DJ Arafat était l’exemple visant des excès à travers son comportement, que ces derniers qualifiaient de ‘’mauvais’’. Une source, sous couvert de l’anonymat, nous déclarait le jour de sa mort : « Arafat a été un mauvais exemple pour la jeunesse et a terni l’image de la Côte d’Ivoire. » Un artiste rocambolesque, complexe, qui cristallisait toutes les frustrations de ses concurrents du show biz et qui, après tout demeurait le lion, le maître incontournable du coupé décalé. Arafat, on l’aimait ou on ne l’aimait pas.
L’enfant Guéré de père et Bété de mère, n’a pas eu une enfance paisible. Il a été éduqué dans la rue, exposé au banditisme et à la drogue. Mais dans l’enfer des rues abidjanaises, DJ Arafat a su trouver son chemin et au bout du tunnel, le succès. Son Hommage à Jonathan sorti en 2003 révèle l’enfant prodige du coupé décalé aux yeux des Africains. Les destins des artistes ivoiriens se croisent ils ? Comme Jonathan son ami, Arafat est victime de la moto. Le maître avait pourtant rendu un ultime hommage à l’engin par lequel la mort allait le faucher. Dans Moto Moto, l’une de ses dernières réalisations, Yorobo, comme dans un ultime pacte avec la mort, avait magnifié les grosses cylindrées à 2 roues. Vers la fin 2009, en octobre, Arafat DJ était victime d’un 2èmeaccident, en l’espace de quelques mois seulement. Dans la nuit de dimanche à lundi 12 août, c’est une moto qui le conduira dans sa dernière demeure.
DJ Arafat puisait dans une source d’inspiration intarissable pour égayer des millions de mélomanes. Les uns et les autres, à travers le monde entier, ont nourri des sentiments les plus contradictoires pour DJ Arafat. Mais stoïque, il a toujours maintenu son caractère, jusqu’à en mourir. Il avait pourtant déjà reçu des conseils. ‘’Abandonne la moto’’, ‘’Respecte les gens’’. Mais pouvait-il fuir son destin ? L’homme ne peut échapper à sa destinée. Arafat n’a jamais eu honte d’assumer ses choix quand bien même il savait qu’ils n’étaient pas partagés. Il a assumé sa vie. En bien ou en mal.
Arafat DJ laisse derrière lui cinq enfants, trois fils (Owen, Mael et Ezekiel) et deux filles (Lachoina et Rafna encore nourrisson). La relève est assurée.
« Le petit est parti. Il a vécu comme une étoile filante. Nous sommes tous effondrés. Dans le style du Zouglou, à l’international, il y a Magic System. Pour le coupe-décalé, c’était DJ Arafat… C’est une grande perte pour la musique ivoirienne », regrette A’salfo, le leader du groupe Magic System, dans Jeune Afrique.
Dj Arafat restera à jamais dans nos cœurs. Un jour, peut-être, tous les ‘’Chinois’’, le surnom que le maitre avait donné à ses fans, parviendront-ils à chanter à l’unisson, reprenant les paroles du grand poète Novalis : « Bientôt les astres reviendront visiter la terre d’où ils se sont éloignés pendant nos temps obscurs ; le soleil déposera son spectre sévère, redeviendra étoile parmi les étoiles, toutes les races du monde se rassembleront à nouveau, après une très longue séparation, les vieilles familles orphelines se retrouveront et chaque jour verra de nouvelles retrouvailles, de nouveaux embrassements ; alors les habitants du temps jadis reviendront vers la terre, en chaque tombe se réveillera la cendre éteinte, partout brûleront à nouveau les flammes de la vie, les vieilles demeures seront rebâties, les temps anciens se renouvelleront et l’histoire sera le rêve d’un présent à l’étendue infinie ».
Vas maestro. Nul n’est parfait. Vas dans la dignité et l’accomplissement. Quelles que soient les critiques, nous sommes, tous, mortels, comme Arafat. Vivons pleinement, assumons notre vie, assumons nos actes. Le temps est un grand maître le malheur c’est qu’il tue ses élèves, nous rappelait un célèbre penseur. Aucun élève n’est plus grand que le maître. Aucun serviteur ne sera plus grand que le maître…
Même allongé dans un casier mortuaire, Arafat DJ, l’éternel rébel, refusera de s’aligner à jamais.
H. L
Source : Le Pays