A présent, il n’y a plus aucun doute qui tienne : l’Imam Mahmoud Dicko a, bel et bien, les deux pieds dans la politique. Il est désormais une des voix les plus audibles à l’échelle nationale et avec qui il faudra nécessairement compter. Avec une audience aussi imposante que menaçante, le coup semble dorénavant parti pour une rude et subversive bataille contre le régime. Se disant témoin de tous les événements majeurs de l’ère démocratique, l’Imam ne voudrait plus se voir écarté de la gestion des processus publics.
Le 28 février 2020 aura marqué un pan important dans l’officialisation de l’engagement politique et institutionnel de Mahmoud Dicko sur la scène publique malienne. Jusque-là, l’Imam s’était limité à des déclarations plus ou moins ambivalentes, qui ne permettaient pas à une grande partie de l’opinion nationale de mieux entrevoir ses vraies ambitions. Le meeting du samedi, 28 Février dernier, avec à la clé, un franc ultimatum au gouvernement, aura été la goutte qui aura fait déborder le vase : l’ex-Chef du Haut Conseil Islamique, reste visiblement débout, avec armes à la main, pour combattre le régime jusqu’au dernier retranchement.
Et, sans nul doute, ces menaces ont été bien prises au sérieux par l’Etat en ce sens qu’une convocation judiciaire eût été officiellement adressée à l’Imam Dicko. Mais son audition a été littéralement empêchée par une foule de partisans déchaînés et visiblement prêts à en découdre avec, non seulement, les autorités judiciaires, mais également, avec les forces de sécurité si toutefois celles-ci tentaient de s’opposer à leur manifestation de colère.
Au terme des propos guerriers tenus par Dicko lors du meeting du 28 février, il est essentiellement question de la dissolution pure et simple de presqu’une demie-dizaine d’institutions de la République et que l’Imam trouve foncièrement inutiles et budgétivores. Il réclame la reprise immédiate et effective des cours par les enseignants grévistes, tout en se portant garant moral de la satisfaction de leurs doléances par l’Etat. A cet effet, un ultimatum a été clairement lancé au régime par Dicko et ses partisans, lequel arrive à terme, ce vendredi, 6 Mars 2020. Si ces revendications politiques et sociales ne sont pas considérées par les décideurs publics, l’Imam se verrait dans l’obligation de mettre à exécution ses menaces déstabilisatrices, peu importent les risques à prendre, nous révèlent ses partisans.
Par conséquent, l’implacable bataille que l’Imam s’apprête à livrer contre le régime, consiste d’abord à amener une frange immense de la conscience populaire malienne à absolument désavouer le régime pour, ensuite, parvenir à asseoir une meilleure légitimité sociale et s’engager, en dernière instance, à un « balayage » systématique du pouvoir en place. Cela, pour finalement aboutir à quelle franche alternative de gouvernance ? Difficile de le savoir !
La Rédaction
Source: Le Point du Mali