Scellé en 2013 dans la foulée de l’occupation des régions du Nord et des atrocités commises sur les paisibles citoyens, le partenariat entre le Mali et la Cour Pénal Internationale a amorcé un nouvel épisode du feuilleton judiciaire enclenché avec la détention et la condamnation du djihadiste Al Faki. Après le destructeur du patrimoine immatériel que constituent les mausolées de Tombouctou, les hautes maliennes ont consenti à livrer d’un autre détenu également poursuivi pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Il s’agit notamment du citoyen malien âgé d’une quarantaine d’années répondant à l’identité d’Alhassane Ag Mahmoud, un activiste d’Ansardine et non moins redoutable agent de la police islamiste a Tombouctou pendant l’occupation. C’est à ce titre qu’il lui est reproché des atrocités commises contre la population de cette ville où il serait l’objet d’une quarantaine de plaintes traduites en chefs d’accusation et qui vont de la participation à la destruction des mausolées au viol en passant par les séquestrations et l’esclavage sexuelle par unions forcées, etc.
En attendant l’issue de cette deuxième comparution de Maliens devant la CPI, la juridiction internationale aura déjà montré les couleurs et l’étendue de ses tentacules au Mali où elle est présente en vertu de l’ouverture faites par les autorités maliennes sous la présidence de Dioncounda Traoré. Or il est de notoriété publique que le septentrion malien n’a point l’apanage des pratiques susceptibles d’attirer l’attention des collaborateurs de Fatou Ben Souda. En clair, leur intérêt peut tout aussi porter sur les crimes commis au Centre et au Sud du pays pendant la période concernée par leur mission dans notre pays. Pour le sud, on peut citer par exemple le rocambolesque dossier des charniers de Diago et autres, dans le cadre duquel le chef des putschistes du 22 Mars 2012 et certains de ses compagnons sont poursuivis par la justice malienne pour assassinat, complicité d’assassinat et disparition forcée, entre autres chefs d’inculpation. L’incapacité des autorités maliennes à conduire l’action judiciaire à terme, ainsi que la nature des crimes pourraient bien justifier un intérêt de la CPI pour le dossier et le transfèrement pour ce faire de Sanogo et co-accusés à La Haye. Au Centre également, les atrocités commises de l’épisode de Konna à l’avènement d’Amadou Kouffa ne sont guère moins dignes d’intérêt. Reste à savoir si les hautes autorités maliennes feront preuve de la même réceptivité face à chaque sollicitation de la CPI. En tout cas, un récent passage de Fatou Ben Souda au centre du Mali et sa rencontre avec la haute hiérarchie militaire malienne en disent long sur l’étendue des intentions de la CPI au Mali.
À Keïta
Le Témoin