S’il est vrai que de nos jours, l’apanage de l’insécurité revient aux localités des régions du centre du pays, il faut aussi reconnaître que c’est essentiellement la zone du ‘’Seno’’, communément appelée ‘’pays dogon’’ qui focalise, le plus, les attentions. Tant y sont récurrents les conflits exacerbés par la présence des groupes d’autodéfense communautaires et ceux djihadistes.
Des analyses de spécialistes en gestion et règlement des conflits communautaires dans les régions du centre, il ressort que pour réussir à relever le défi de l’insécurité dans les localités du centre, il faille absolument résoudre le problème du grand banditisme sur cette partie du territoire national. Selon leur analyse, la crise sécuritaire qui sévit dans les localités en question, n’est ni politique ni religieuse encore moins identitaire. Il s’agit plutôt d’une insécurité persistante consécutive aux actions de groupes de bandits de grands chemins qui pillent les localités à tour de bras, volent le bétail, terrorisent les populations et tuent tous ceux qui se retrouvent sur leurs chemins. Il faut dire que ce phénomène est plutôt récent dans nos contrées où les populations, toutes communautés confondues, vivaient en parfaite symbiose, même si de temps à autres quelques conflits essentiellement liés à des problèmes de pâturage éclataient par-ci et par-là, mais qu’on parvenait toujours à canaliser et à régler au niveau-même du terroir.
Nous vous relations dans notre édition N°5495 du jeudi 29 janvier 2021, que sous les bons auspices du ‘’Centre pour le Dialogue Humanitaire’’ (HDC), une ONG suisse œuvrant au Mali, trois accords avaient été signés dans le cercle de Koro. Avec ces accords en question, les communautés peule et dogon, dans 11 communes sur les 16 que compte le cercle de Koro, sont convenues de faire la paix. De ce fait, les représentants desdites communautés, entre lesquelles les conflits se sont multipliés ces dernières années, s’engagent à se porter garants des textes qui les engagent à une stabilisation dans toute la circonscription administrative de Koro. Entre autres dispositions contenues dans lesdits accords, on retiendra : Laisser les personnes circuler librement ; s’opposer au vol de bétail ; faciliter l’exploitation par chacun des champs et pâturages ; ne pas circuler avec des armes dans les villages et les villes ; ou encore accompagner le retour des déplacés… Pour l’aboutissement de ce processus de réconciliation entre les communautés peule et dogon dans le cercle de Koro, il a fallu à l’ONG ‘’Centre pour le Dialogue Humanitaire’’ (HDC) quatre mois de labeur et pour cela, nous lui devons une fière chandelle.
Signalons que c’est seulement après la signature des différents accords, que les peuls ont enfin pu accéder au marché de Koro pour la première fois depuis 2018. Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin dans ses actions de réconciliation, après Koro, l’ONG ‘’HDC’’ a mis le cap sur le cercle de Bankass pour réconcilier les différentes communautés de cette circonscription administrative. Ainsi cette organisation humanitaire a réussi à faire signer un nouvel accord de paix, le dimanche 7 février 2021, dans le cercle de Bankass. Il faut dire que là, étaient concernées les communautés dogon, dafing et peulh, dans sept communes du cercle.
Signalons que cet accord signé à Bankass porte à quatre le nombre total des accords que l’ONG ‘’HDC’’ a réussi à faire signer par les différentes communautés protagonistes de la crise sécuritaire. Le moins que l’on puisse dire est que la signature de cet accord à Bankass a été accueillie avec enthousiasme par les populations. S’il est vrai que les localités du centre du pays ont connu, par le passé, des trêves qui se sont révélées fragiles, il n’en demeure pas moins vrai que tout laisse augurer que « Cette fois-ci sera la bonne » et toutes les parties prenantes l’affirment. A cet effet, Daouda Togo, leader de la jeunesse dogon à Bankass n’a pas caché son émotion en déclarant : «Nous, nous sommes très contents, très heureux. Tout le monde était là ; on sentait les larmes sur les joues ; les mots me manquent. Tout le monde était à la recherche de la paix. Tout le monde peut circuler librement ; tous les groupes vont déposer les armes. Et on va aussi s’entraider par rapport au développement. Il n’y aura plus de guerre entre nous. Ce sera respecté parce que les gens en ont marre. On est fatigué. La guerre n’apporte rien ».
Concernant dans les termes de l’accord signé le dimanche 7 février 2021, il est disposé en substance : « Chaque communauté doit déposer les armes. La libre circulation des biens, des personnes et des animaux est garantie. Le boycott des foires est supprimé et les déplacés pourront rentrer chez eux ».
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako