En visite officielle au Burkina,les 1er et 2 mai, la chancelière Angela Merkel s’est rendue au deuxième jour de son séjour, le jeudi 2 mai, à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou où elle a eu des échanges directs avec les étudiants. L’enseignement, la formation professionnelle, l’insécurité, la politique africaine de l’Allemagne, le développement socio-économique ont été, entre autres, au cœur des débats d’une cinquantaine de minutes.
Angela Merkel dit être en phase avec les chefs d’Etat du G5 Sahel qui demandent une implication cohérente de l’Europe pour la stabilisation de la Libye d’autant que ce sont les membres du Conseil de sécurité des Nations unies qui ont voté la résolution établissant une zone d’exclusion aérienne, qui a plongé la Libye dans le chaos. Elle se dit aussi affligée par la situation qui prévaut dans le pays de Mouammar Kadhafi parce que n’étant pas membre permanent dudit conseil pourvu du droit de veto, l’Allemagne n’a pu empêcher l’intervention militaire.
À une question sur la politique d’aide au développement, la chancelière de décliner l’approche de son pays vis-à-vis de l’Afrique de l’Ouest où elle dit n’avoir pas de passé colonial, contrairement à la France. «On ne s’intéressait pas assez à l’Afrique de l’Ouest ; nos relations économiques et diplomatiques sont beaucoup plus renforcées avec l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, la Namibie… Mais maintenant, nous avons décidé de nous engager davantage en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina», a-t-elle expliqué avant d’ajouter que son pays a une autre manière de coopérer avec l’Afrique.
Toujours dans le domaine de la coopération universitaire, les étudiants ont relevé les difficultés à s’inscrire dans les universités allemandes avec le Bac burkinabè. Sur la question, Angela Merkel a révélé la complexité du système éducatif de l’Allemagne, avant de souligner que «même le Bac français n’est pas reconnu en Allemagne».
Comme il fallait s’y attendre, le «mythe de la puissance» allemande a été également au centre des préoccupations des étudiants au point qu’un intervenant demande à la chancelière de partager ses recettes avec le Burkina. Réponse : «Il suffit que vos dirigeants tiennent leurs promesses de campagne», a dit Angela Merkel tout en invitant les étudiants ainsi que la société civile à demander des comptes aux gouvernants. Une autre recette, selon elle, c’est l’initiative privée.
Paul Dembélé
Nouvelle Libération