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Alger II : le mensonge des négociations

La seconde phase des pourparlers inclusifs inter-maliens a commencé à Alger. Comme chacun le sait, ces pourparlers réunissent autour d’une même table l’Etat malien et les groupuscules armés du Nord du Mali, et doivent aboutir à un Accord définitif et global qui permettra au Mali de tourner la page de la crise l’ayant fortement ébranlé. Aussi interviennent-ils après la signature le 24 juillet dernier d’une feuille de route entre les parties concernées.

 

 

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Le déroulement de ce processus génère chez beaucoup, des officiels compris, de l’enthousiasme. Mais, dans la presse, voire dans certains milieux, l’on tente d’y mettre un bémol en disant que c’est loin d’être une discussion profonde sur le Nord du Mali, puisqu’il se pose un problème de légitimité du côté des groupuscules armés. « Ce que je peux dire sur les négociations, c’est qu’on ne peut pas prétendre discuter d’un problème qui concerne des populations dans leur globalité, en excluant leurs plus légitimes représentants ! Donc, pour moi, de fait, le gouvernement, en excluant les notabilités traditionnelles et anciennes, assimile systématiquement « tous les Touaregs » aux groupes armés. Ce qui est un non sens, puisqu’il (l’Etat) a toujours mis en avant l’argument selon lequel les rebelles ne représentent pas tous les Touaregs. C’est contradictoire et paradoxal même. Donc, ce qui se discute en ce moment à Alger, n’est pour moi pas une discussion profonde, pertinente, sur le Nord-Mali, mais une simple discussion entre l’État et des individus promus par la rébellion, qui sont loin d’être les légitimes représentants de tous les Touaregs. Il  faudrait avoir ces civiles représentants des populations et les groupes armés au tour de la table des négociations, pour être sincèrement dans un dialogue inclusif». Voilà ce que nous a confié dans un échange le journaliste et écrivain malien, Intagrist El Ansari.

C’est vrai, le processus dirigé par le médiateur, l’Algérie, donne matière à espérer. Les pourparlers sont entrés dans le vif du sujet, les préoccupations des différentes communautés sont en train d’être recueillies, offrant à certains une tribune politique où ils dressent de violents réquisitoires contre l’Etat malien accusé en permanence d’avoir maintenu le Nord du Mali dans le sous-développement.   Ainsi, «Abdel Karim Al Madagha du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), a accusé l’Etat malien de ne pas respecter ses engagements par la violation ou la non-application des accords passés. Avant d’indiquer que les communautés du Nord aspirent aujourd’hui à avoir l’indépendance (1)».

 

Ils sont nombreux, comme Abdel Karim Madagha, à penser la même chose. Sauf qu’il n’y a plus personne à duper, parce que ce discours est conditionné. Loin de renvoyer dos à dos l’Etat malien et les groupuscules armés, il vise à apporter des justifications à un soulèvement qui n’a rien apporter qui soit au dessus ! Accuser l’Etat malien d’avoir failli à ses engagements pris dans les accords passés, est facile. Facile aussi de parler, comme Abdel Karim et les groupuscules armés, au nom de toutes les communautés du Nord du Mali. Ce qu’’il faut dire c’est que l’Etat malien n’est certes pas à disculper, mais lui faire porter l’entière responsabilité de la situation «dantesque» qui prévaut au Nord, relève de la simplicité. Le fait est que la plus première victime de ces accords a été les vraies aspirations des populations du Nord du Mali. Et cela est aussi clair que le soleil se lève à l’Est. Et parmi ces aspirations, il n’y a ni indépendance, ni autonomie, ni Azawad. Il s’agit plutôt d’un accès à l’éducation, à la santé, de la promotion de la formation professionnelle, de l’accès à des points d’eau potable… C’est-à-dire que l’Etat n’est pas seul à faillir à ses engagements. Il y aussi tous ces ténors groupuscules armés qui ont toujours prétendu prendre les armes pour ces populations dont les aspirations ont toujours été la victime des négociations.

 

Encore une fois, c’est un mensonge, noir, que de dire que toutes les communautés du nord veulent l’indépendance. C’est un mensonge qu’il faut avoir honte de dire. Au Nord, il n’y a pas que ceux qui veulent d’Azawad. Non, l’écrasante majorité des communautés qui vivent, veulent encore rester dans l’ensemble malien.

(1)          Pourparlers d’Alger : la société civile donne de la voix, Journal Du Mali

Boubacar SANGARE

SOURCE: Le Flambeau

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