Elle a formulé des recommandations et des propositions allant dans le sens du retour définitif de la paix et de sa consolidation dans notre pays
La seconde phase des pourparlers inter maliens se déroule depuis le début du mois de septembre dans la capitale algérienne. Entamée en juillet dernier à Alger, sous la médiation algérienne, la première phase de ce processus a été sanctionnée par la signature d’une Feuille de route consensuelle balisant la voie des négociations proprement dites. L’on se rappelle les réactions d’alors des Maliennes qui avaient déploré leur mise à l’écart à ce processus crucial pour le retour définitif de la paix et sa consolidation dans notre pays.
Réagissant à leur sous-représentation, les Maliennes se sont regroupées au sein d’une plate forme-pour revendiquer une présence massive des femmes à Alger. Elles ont eu satisfaction. En effet, le second round des pourparlers inclusifs et du dialogue inter-malien a vu la participation d’une délégation de la plate-forme des femmes leaders du Mali.
Composée de 4 personnes – Mme Diallo Deidia Mahamane Kattra, Mme Fatoumata Maïga, Mme Rahmatou Wallet Ansari et Mme Falla Wallet Idal -, cette délégation a pris part aux travaux du 2 au 11 septembre. De retour d’Alger, ces messagères de la paix ont tenu à restituer à la base les points saillants des négociations et de leurs efforts pour calmer les esprits et véhiculer le message de la paix et de la cohésion nationale.
Les quatre participantes entendaient être témoin du déroulement des activités menées à Alger, donner leurs points de vue en tant qu’actrices de la société civile féminine. Elles avaient également comme mission de proposer de solutions de sortie de crise, de relayer les informations recueillies à Alger auprès des membres de la plate-forme, des populations à la base, particulièrement les femmes.
Elles ont participé aux travaux de groupes conformément aux Accords préliminaires d’Alger. Quatre commissions thématiques ont été constituées : « Questions politiques et institutionnelle », « Défense et sécurité », « Développement économique social et culturel » et « Réconciliation, justice et questions humanitaires ». La plate-forme, a indiqué le Dr Diallo Deidia Mahamane Kattra, a été représentée dans chacune de ces commissions. De même elle a rencontré tous les mouvements, individuellement ou collectivement, ainsi que les femmes des groupes armés. Les contacts se sont poursuivis dans les couloirs et après les auditions des acteurs de la société civile.
La plate-forme a fait des propositions concrètes allant dans le sens de la recherche d’une solution dans les différentes thématiques. Dans le groupe thématique « Questions politiques et institutionnelle », la plate-forme a souhaité la précision du contenu du concept « Régionalisation », le transfert et le renforcement des compétences des élus, le renforcement des capacités de l’administration, en tenant compte de la spécificité des zones nomades. Elle a demandé le transfert des ressources dans le cadre de la décentralisation et préconisé une plus grande proximité de l’administration avec les populations.
UN ACCORD COMMUN ET CONSENSUEL. Sur le thème « Défense et sécurité », elle a formulé, entre autres recommandations, la sécurisation physique des camps, des services de défense et de sécurité, la sécurisation des frontières avec l’implication des populations, conformément à la gouvernance du secteur de la sécurité. La plate-forme a recommandé le déminage des zones affectées, le ciblage des sites de cantonnement loin des grandes agglomérations, le ciblage et la réhabilitation des sites d’accueil des réfugiés.
Dans le domaine du « Développement économique, social et culturel », la réhabilitation, l’équipement et l’opérationnalisation des secteurs sociaux de base (éducation, santé) et leur dotation en moyens de fonctionnement ont été fortement sollicités par les émissaires de la plate-forme. Elles ont aussi préconisé l’accès aux services sociaux de base, la réouverture dans les meilleurs délais de toutes les écoles de Kidal, Gao et Tombouctou.
Sur la question de la « Réconciliation, justice et questions humanitaires », la plate-forme a recommandé aux groupes armés de cesser toutes les hostilités afin que les femmes et les enfants puissent vivre en toute quiétude sur leur terre. Ils doivent également régler les différends par le dialogue et bannir à jamais la violence comme moyen de revendication. Les uns et les autres sont appelés à respecter les engagements qui seront pris dans le cadre des accords.
Les femmes demandent au gouvernement d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, de veiller à la transparence dans la gestion des affaires publiques, de lutter contre toutes les formes d’impunité. Les autorités sont invitées à mettre en place dans les meilleurs délais « la Commission dialogue, vérité, justice et réconciliation ».
Sur le plan humanitaire, des efforts doivent être poursuivis par l’Etat et ses partenaires afin d’identifier les populations réfugiées et déplacés et celles restées sur place. Il faut aussi identifier et préparer les sites d’accueil pour le retour des réfugiés. Les populations, à leur tour, devront garantir la cohésion sociale, bannir la stigmatisation des communautés. Les échanges intra et inter communautaires doivent être également favorisés.
La communauté internationale est priée d’accompagner notre pays jusqu’à la stabilisation totale du pays. Elle doit veiller sur la sécurité des personnes et leurs biens dans les zones où l’administration est absente.
Les discussions ont permis d’établir que toutes les parties aspirent à la paix, a souligné Mme Diallo Deidia Mahamane Kattra. Les problèmes et les souffrances vécus par les populations en matière de développement, de sécurité et d’enseignement ont été mieux compris.
Le succès a été, certainement, que toutes les femmes présentes avaient un seul souci : « la paix ». Elles ont conjugué leurs efforts pour aboutir à un appel commun qui invite les protagonistes et facilitateurs à œuvrer davantage pour un aboutissement heureux de ce processus de paix.
Au regard de ces résultats, les Maliennes se montrent optimistes. Au sortir de ses assises, estiment-elles, les Maliens se retrouveront autour d’un accord commun et consensuel afin de sortir définitivement notre pays de cette crise et de faire face ensemble aux défis du développement.
M. A. TRAORÉ
source : essor