Si la Banque mondiale anticipe une poursuite la reprise en Afrique subsaharienne, avec une progression de l’activité de 2,3 % en 2017 à 2,7 en 2018, elle n’en pointe pas moins une accumulation de nuages à l’horizon : baisse de la demande de produits de base, guerre commerciale États-Unis-Chine, remontée des taux dans les pays développés…
Dans son rapport bi-annuel « Africa’s Pulse » rendu public le 3 octobre, la Banque mondiale fait dans ses grandes lignes le même constat que le Fonds monétaire international (FMI), la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) ou la Banque africaine de développement (BAD) : l’Afrique subsaharienne continue à croître, mais de façon trop molle pour réduire la pauvreté, alors que de gros nuages apparaissent à l’horizon.
Il est vrai que l’activité accélère avec 2,3 % en 2017, 2,7 % prévus en 2018 et 3,3 % espérés en 2019. Mais le dynamisme faiblit, car la croissance de 2018 est désormais inférieure de 0,4 point à ce qui était annoncé en avril 2018. Et comme le dit le rapport, avec des taux à peine supérieurs à ceux de la croissance démographique, la richesse par habitant ne progresse guère.
Tous les pays ne sont pas dans la même situation. Les grandes économies que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola ne sont pas en grande forme. Les belles performances de la Côte d’Ivoire, du Kenya ou du Rwanda promettent de se maintenir.
Trop faible productivité
Le ralentissement en cours de la croissance africaine s’explique par un recul de la demande et donc des prix des produits de base miniers et agricoles sous l’effet d’un ralentissement de l’économie mondiale dû aux incertitudes commerciales venues des États-Unis. Si les économies subsahariennes ont commencé à réduire leurs déficits commerciaux et leurs déficits de comptes courants, elles sont prises en tenaille par une chute de plusieurs de leurs monnaies au moment où les taux d’intérêt de leurs emprunts remontent.
Le recul des investissements étrangers compliquera encore leur capacité de réaction à une crise toujours possible. Autant dire qu’en raison de l’importance de leur endettement (en dollars notamment), nombre de pays risquent d’aborder une dégradation de la situation sans avoir les moyens d’y faire face.
Africa’s Pulse essaie de voir plus loin et consacre une bonne partie de ses analyses à la trop faible productivité africaine qui est distancée non seulement par celle des pays développés, mais aussi par celle de l’Asie. Les auteurs mettent en cause une mauvaise allocation des ressources au sein des entreprises agricoles et manufacturières. Pour eux, une trop grande part de l’emploi est agricole, parce que l’absence de régimes fonciers dignes de ce nom dissuade les exploitants de se lancer dans l’apprentissage de techniques agricoles capables d’améliorer leur production en quantité comme en qualité et de dégager, dans un second temps, de la main d’œuvre au profit de l’industrie manufacturière.
Jeune Afrique