Génériquement, la colonisation peut se définir comme l’occupation par un autre peuple, d’un espace préalablement occupé par un peuplement. C’est une relation de rapport de force par laquelle, l’occupant (le colonisateur) soumet les colonisés (considérés comme sous-développés et non civilisés) de gré ou de force. Dans le cadre de la colonisation française en Afrique, la quasi-totalité des territoires ont été occupés de force par l’armée coloniale française. Ce qui permit de constituer, pendant plusieurs siècles, une administration coloniale. Laquelle n’a de cesse œuvré pour soumettre les populations africaines « indigènes » sous le régime des travaux forcés pour produire dans les plantations et créer des infrastructures coloniales pour la prospérité de l’empire colonial.
Cette barbarie de l’administration et de l’armée coloniales françaises qui niaient tout droit de citoyenneté aux peuples africains, l’histoire contemporaine africaine la reconnaît dans toute son ampleur. Considérées comme des « sujets français », les populations autochtones ont constamment été marginalisées et réduites par la colonisation française. De même, pour le maintien des intérêts économiques de la métropole, l’armée coloniale écrasa dans le sang toute velléité de révolte des indigènes contre l’ordre colonial. Ce qui l’a souvent conduite à commettre de nombreux crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les archives coloniales sont là pour l’attester. C’est également une colonisation qui a toujours œuvré pour l’exploitation à outrance de la main d’œuvre et des matières premières africaines au profit de la métropole. Ce sont les populations indigènes qui étaient utilisées pour travailler dans des conditions inhumaines.
Au regard de ce tableau très sombre de l’empire coloniale française, avec le recul de plus d’un demi-siècle et pour le respect de l’éthique, les autorités françaises actuelles doivent instamment être incitées à faire la repentance de la République pour reconnaître enfin que la pratique coloniale a profondément fait saigner le continent noir. Ce qui exige simplement des autorités de la République de faire des excuses publiques pour regretter les pratiques douloureuses de l’empire colonial, plutôt que de continuer à réagir avec condescendance et mépris à chaque fois que le sujet de la colonisation est abordé.
Ce regard critique sur la colonisation en Afrique devra désormais être un devoir moral de mémoire pour tous les citoyens français. Notamment, chez les acteurs politiques hexagonaux qui devraient d’abord reconnaître qu’au cours de sa survenue et de son évolution, la colonisation française a commis d’énormes atrocités et crimes contre l’humanité. Ce premier pas leur est d’abord dû afin d’amener l’ensemble des français à faire de même.
C’est ce que semble bien comprendre le candidat de « La France en marche », pour briser courageusement le tabou lors de son séjour de campagne en Algérie. Même si cette reconnaissance d’Emmanuel Macron n’est survenue que plus tard et en pleine campagne électorale. Mais somme toute, elle est bien un premier pas afin que le sujet de la colonisation française ne soit plus un sujet tabou pour les acteurs politiques français. Lesquels devront s’inspirer de la valeur sémantique politique générée par les propos de Macron. Ce, quoique l’ancien ministre de l’Economie de Hollande tente de les nuancer après des polémiques suscitées par la Droite et l’Extrême Droite.
Ce qui est incompréhensible quand l’on sait que depuis des années, cette même France a pourtant fait voter une loi pour exiger des citoyens, la reconnaissance de la « Shoa » comme crime de génocide et crime contre l’humanité du nazisme allemand. La non-reconnaissance de la Shoa par un individu sur le sol français est passible d’une peine de prison ferme. Aussi, cette même France a également fait voter une loi qui reconnaît que l’empire Ottoman a commis des crimes de génocide sur les arméniens. Alors que des crimes similaires et même pires se sont bel et bien produits lors de la colonisation française en Afrique. Ce qui exige de la France de procéder aux mêmes exercices pour reconnaître enfin, que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés par l’empire colonial en Afrique.
Des faits clairement répertoriés et têtus sont gravés dans les archives coloniales afin que la France sorte désormais de sa lecture à géométrie variable d’un même type d’évènement. Ce qui est d’ailleurs contraire aux valeurs éthiques qu’incarne la République française qui doit être naturellement du côté de la repentance.
Gaoussou Madani Traoré