Le Général Tiéfing Konaté, ministre de l’Intérieur et de la sécurité
Les affrontements du week-end dernier entre diverses tendances au sein de la police nationale ne plaident pas en la faveur des putschistes qui conservent encore une influence réelle sur la vie publique.
Selon un communiqué officiel du gouvernement, des affrontements ont opposé le 4 avril 2013, diverses tendances de la police nationale dans l’enceinte du Groupement mobile de sécurité (GMS). Si dans ce communiqué, le gouvernement dit que ces affrontements à répétition perturbent la quiétude des populations, force est de reconnaître qu’ils constituent un réel facteur entravant le bon déroulement de la transition.
Mais, ce qu’il faut surtout déplorer c’est que ces affrontements ont malheureusement fait des victimes dont un cas de mort dans les rangs des forces armées et de sécurité dépêchées sur les lieux avec pour mission de désarmer les factions rivales.
Si cette opération a permis d’interpeller 16 policiers et de saisir des armes et des munitions, des incertitudes persistent cependant. On ne sait pas jusque-là ce à quoi aboutira l’enquête ouverte. Selon plusieurs analystes, dans ces affrontements on voit l’ombre agissante d’anciens putschistes.
Selon de mauvaises langues, la tendance de la police favorable à un syndicat serait toujours dans la dynamique de s’imposer aux autres peu ou prou. Certains lient l’engagement de cette tendance à ne rien lâcher à l’influence de son chef, le syndicaliste Siméon Kéita, dans le CNRDRE. Si cela est vérifié, autant dire que l’histoire a donné raison à ceux qui estiment que le Mali doit aller à l’élection du nouveau président pour espérer se sortir de l’emprise des auteurs du coup d’Etat manqué du 22 mars 2012.
D’ici là le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Tiéfing Konaté, proposé dans le gouvernement par l’ex-junte, doit sortir de son silence pour faire face à un problème qui prend de plus en plus une tournure compliquée.
Y. C.
Opération de désarmement de policiers :
Un soldat tué, 16 policiers interpellés samedi au GMS
Lors de l’opération inopinée de désarmement de policiers proches du capitaine Sanogo, un soldat a été tué par balle et un policier blessé alors que 16 autres étaient interpellés samedi par des militaires et des gendarmes envoyés au GMS par le Premier ministre, Diango Cissoko, qui veut siffler ainsi la fin de la récréation.
Après deux nuits d’affrontements violents entre clans rivaux, le Premier ministre a ordonné samedi une opération de désarmement des policiers. L’opération a été menée par des militaires et des gendarmes, à l’intérieur du camp du Groupement mobile de sécurité (GMS, police).
Militaires et gendarmes ont commencé tôt le matin à encercler le GMS où plusieurs armes automatiques ont été saisies. Une dizaine de policiers – dont trois femmes – ont été arrêtés, mais cinq policiers ont fui en escaladant le mur du camp, selon la même source militaire.
« C’est un policier qui a refusé de désarmer qui a tiré sur le militaire qui est mort. Le même policier a tiré par erreur un autre coup de feu qui a blessé un de ses camarades », a déclaré à l’AFP une source militaire. Un soldat a été tué ainsi qu’un policier blessé à la cuisse droite.
« La police malienne est un corps démilitarisé » et tous les policiers qui ont des armes lourdes sont dans « l’illégalité », a affirmé cette source.
La situation au GMS samedi était sous le contrôle des soldats et gendarmes. L’opération avait été menée par surprise pour prévenir de nouveaux incidents entre policiers, après de récents heurts entre membres de ce corps, a affirmé à l’AFP une source sécuritaire.
« La récréation est terminée. Nous ne pouvons plus accepter ce désordre, au moment où la communauté internationale est au chevet du Mali », a affirmé à l’AFP un responsable du ministère de la Sécurité.
Ces violences surviennent après les heurts ayant opposé des policiers de deux syndicats, dans la nuit de jeudi à vendredi à Bamako. Un membre d’un syndicat avait fait état vendredi de 4 blessés par balle lors de cette fusillade, ce qu’avait nié l’autre syndicat. Ces syndicats s’opposent sur des promotions accordées à certains policiers réputés proches des auteurs du coup d’Etat de 2012 et restés influents à Bamako.
Des heurts avaient déjà éclaté le 26 septembre 2012 à Bamako entre des policiers promus et d’autres qui ne l’avaient pas été, faisant deux blessés, dont un par balle, selon le bilan du gouvernement. Les promotions contestées avaient ensuite été annulées par le président par intérim, Dioncounda Traoré.
En novembre 2012, la police avait été de nouveau secouée par le « rapt » de quatre policiers, séquestrés au GMS puis relâchés le lendemain à la suite d’une médiation d’une organisation musulmane. Des policiers avaient ensuite manifesté pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Yousssouf COULIBALY
Source: L’Indicateur du Renouveau