Le Collectif de soutient à Rokia Traoré ou « Free Rokia » se réserve le droit d’organiser des sit-in et des marches sur les ambassades de la France et de la Belgique si elle n’est pas libérée le mercredi prochain, a appris l’AMAP de source proche des membres du collectif.
L’information a été donnée samedi à la Maison de la presse au cours d’une conférence de presse organisée par les membres de l’association en présence de plusieurs journalistes, des artistes et des parents proche de la musicienne.
En effet, c’est le mercredi 18 mars 2020 que la célèbre artiste Rokia Traoré, arrêtée à sa descente d’avion la semaine dernière à l’aéroport de Paris en vertu d’un mandat d’arrêt international, doit comparaitre devant un juge français pour une éventuelle extradition en Belgique. Car un juge de ce pays a émit ce mandat international pour « enlèvement séquestration et prise d’otage » contre l’artiste. Un tribunal de première instance de Bruxelles en Belgique a donné la garde exclusive de leur fille de 4 ans à son père Jans Goosens, ex-compagnon de Rokia Traoré. Ce jugement ordonne également à Rokia Traoré de prendre en charge les frais d’entretien de la fille.
Selon l’avocat de Rokia Traoré Me Yéhia Touré, principal conférencier, sa cliente a fait appel de cette décision et porté plainte au pénal contre Jans Goosens. Le juge a ordonné l’exécution de sa décision nonobstant cet appel, qui en principe, a un effet suspensif. De son côté, Rokia Traoré a aussi demandé au tribunal de grande instance de la Commune VI de Bamako de lui confier la garde de sa fille. Ce qui a été fait à l’issue d’une audience publique. Ainsi, « on se retrouve devant deux décisions de justice de deux pays différents » explique l’avocat.
Rokia Traoré avait déjà été arrêtée à deux reprises dont la première à Dakar (Sénégal) et la seconde à Paris (France) pour le même mandat. A chaque fois les juges ont accepté les arguments de droit exposé par ses avocats et ont libéré cette mère de famille.
Malgré son passeport diplomatique, le procureur parisien a décidé d’envoyer l’artiste en prison le mardi dernier. Selon Me Touré, ce qui constitue une violation de la Convention de Genève sur les traités internationaux fondamentaux dans le domaine du droit international humanitaire.
Me Touré s’est dit « ébranlé par cette manière de rendre la justice dans un pays comme la Belgique ». Un pays qui est supposé être un Etat de droit. C’est devant ce que Rokia Traoré qualifie d’injustice qu’elle a aussitôt commencé une grève de la faim. Ainsi depuis le mardi dernier, l’artiste refuse de s’alimenter. « Elle se dite prête à mourir pour son enfant » a déclarer l’avocat.
L’artiste faisait seulement escale à Paris, car elle partait pour son audience à Bruxelles. Cette arrestation l’empêche de comparaître librement à cette audience de la justice Belge. Ce qui constitue une aberration de la justice. Pourtant tout le combat de Rokia est de préserver l’intimité de sa fille. C’est pourquoi, elle a payé plusieurs fois le billet d’avion de son ex-compagnon pour qu’il vienne voir sa fille à Bamako.
Goosens est connu de tous ceux qui fréquentent le domicile de Rokia, explique Boubacar Bocoum, le directeur de la Fondation Passerelle. Une Fondation créée par l’artiste pour soutenir les jeunes. Pour lui, c’est donc très surprenant que ce monsieur aille devant la justice pour demander la garde de cet enfant qu’il voyait régulièrement.
Les artistes du Mali, d’Afrique et du monde entier sont entrain d’envoyer leur témoignage et soutien à Rokia. Tout comme les autorités maliennes qui ont toujours œuvré aux cotés des avocats et de la famille dans cette affaire poursuit le directeur de Passerelle.
Le Dr Hamadoun Touré, ancien directeur de l’OIT et de Smart Africa et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018, fait parti des initiateurs du Collectif « FreeRokiaTraoré », s’est dit indigné par cette arrestation.
De nombreux artistes, la cinéaste Soussaba Cissé, la cantatrice Nènè Sourakassi, et la styliste Aminata Konaté dite Mimi, se sont relayées au micro pour apporter leur soutien respectif au Collectif. Quant à Souleymane Kouma, membre de l’Association Art et culture, il promet des actions, dans les règles de droit, dans chacun des 12 pays africains membres de cette association.
Mohamed Haïdara, représentant du Conseil des Maliens de l’extérieur, il estime que Rokia Traoré constitue « un symbole du patrimoine culturel du Mali ». Partout en Europe, les Maliens organiseront des actions en faveur de l’artiste.
YD
(AMAP)