Malgré l’enchainement des scandales, le régime IBK est encore loin de changer sa gestion afin d’influer sur le mauvais usage du dernier public. Promesse d’enquêtes sans suite et menaces de sanctions sont devenues les seules réponses que l’on brandit après chaque scandale pour apaiser la colère sociale.
Après la polémique soulevée par les scandales des engrais, de l’achat de l’avion présidentiel et du matériel militaire dont les auteurs ne sont nullement inquiétés, l’actualité est dominée par l’état des hélicos nouvellement acquis par les FAMA en cette période de crise sécuritaire sans précédente. Annoncés à grand renfort de publicité et accueillis avec soulagement par tout un peuple, les hélicos achetés par les autorités du pays sont cloués au sol peu de temps après leur livraison. Des récentes déclarations du président IBK, il ressort qu’il y’a un problème d’entretien. Quant au président de la commission défense de l’Assemblée nationale, il se demande si le Mali n’a pas été floué lors de l’achat des deux hélicos. Ces propos aux allures d’aveu émanant du chef suprême des armées et du président de la commission défense de l’Assemblée nationale, son fils témoignent du peu d’intérêt que les plus hautes autorités accordent à l’usage du dernier public et leur manque de volonté à agir de manière à dissuader les auteurs de détournement de fonds et autres pilleurs des ressources du pays.
Au regard de la gestion des scandales précédentes et le peu d’empressement des autorités à faire la lumière sur les conditions d’acquisition et l’état des hélicos au moment de l’achat, on résisterait difficilement à l’envie de croire que nous sommes en face d’un énième gaspillage des fonds publics dont les auteurs ne rendront aucun compte.
L’annonce de l’ouverture prochaine par le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement d’une enquête pour élucider le mystère des hélicos demeure sujette à caution, car des annonces similaires n’ont jamais été suivies d’effet. L’espoir suscité par l’arrivée au pouvoir d’IBK fond comme beurre au soleil au rythme des défis et de l’ambiguïté qu’il entretient à travers ses discours sur les grands maux de la nation. En effet, entre les discours de fermeté du président et sa passivité face aux actes répréhensibles dont il a les moyens, on ne peut que nourrir le doute sur sa volonté de relever les défis pour lesquels il a été plébiscité en 2013. Disposant de tous les outils de lutte contre la corruption et le mauvais usage du denier public, la majorité de l’opinion nationale s’interroge sur la récurrence des scandales de détournements et de mauvais usage des maigres ressources du pays. Aujourd’hui, c’est un peuple qui a perdu toute illusion de voir trembler corrompus, corrupteurs et pilleurs des ressources du pays. Celui qui se plaisait à dire à qui voulait l’entendre que « nul n’est et sera au-dessus de la loi » montre depuis son élection en 2013 qu’il est plus facile de faire des déclarations de fermeté qu’à les concrétiser. Sauf par miracle, la seule triste vérité au Mali est qu’il y’a des gens au-dessus de la loi qui prennent leur liberté avec les ressources du pays sans la moindre crainte. Au regard du nombre de dossiers du BVG restés sans suite et la fréquence des scandales, l’échec du président IBK face à la corruption et au gaspillage des ressources du pays restera une des tâches noires sur sa gouvernance.
Bouba Sankaré
Source: Le Forum