Prévu pour être jugé au cours de la session de la Cour d’assises de Bamako tenue du 2 au 30 mai 2016, le dossier du général Amadou Haya Sanogo a été retiré du rôle et reprogrammée pour une session spéciale ultérieure.
Selon des sources bien informées, le jugement du général Sanogo et de ses coaccusés posait de sérieux problèmes de sécurité et de logistique. En effet, les locaux de la Cour d’appel de Bamako qui devaient abriter les travaux risquaient de ne pas suffire à contenir la foule qui pourrait venir assister aux débats. De plus, il fallait mobiliser pour plusieurs semaines un très gros contingent de forces de l’ordre pour parer à toute éventualité. Sans compter que toutes ces mesures sécuritaires risquaient d’interrompre l’activité normale de la Cour d’appel de Bamako. C’est pour toutes ces raisons que le département de la Justice avait instruit de retirer le dossier des « bérets rouges » du rôle de la session du 2 mai 2016.
Mais que devient la session spéciale qui devait juger les accusés ? « Le budget de ladite session est bouclé depuis le mois de juin 2016 et les sommes nécessaires sont dans la caisse du régisseur du ministère de la Justice », nous confie une source proche du dossier. Pour éviter aux juges la pression des foules et, peut-être, de la presse, la ville de Kayes est désignée pour abriter la session spéciale : distante de Bamako d’un millier de kilomètres, la capitale de la première région ne connaît pas non plus de problèmes sécuritaires particuliers.
Rappelons que le général Sanogo et ses coaccusés comparaîtront devant les assises en même temps que plusieurs de ses compagnons d’armes dont les suivants:
– capitaine Amadou Konaré et sergent-chef Seyba Diarra, cerveaux du putsch du 22 mars 2012 ayant renversé ATT;
– général Ibrahim Dahirou Dembélé, chef d’état-major de l’armée au moment des faits,
– général Yamoussa Camara, ministre de la Défense au moment des faits.
Victime d’une tentative de contre-putsch, le 30 avril 2012, de la part des « bérets rouges », la junte de Sanogo a durement sévi contre les insurgés réputés proches du régime déchu d’ATT. C’est ainsi que 21 soldats et officiers « bérets rouges » seront enlevés et assassinés. Par qui ou sur ordre de qui ? C’est ce que le procès dira. Lorsqu’il a ouvert l’instruction du dossier, le juge Yaya Karembé du pôle économique de Bamako a d’abord posé l’inculpation d’« enlèvement de personnes ». Le 10 avril 2015, il a requalifié les faits en assassinats. Infraction retenue par la Chambre d’accusation, la juridiction d’instruction du second degré, qui, au passage, a mis hors de cause le général Sidi Alassane Touré, patron de la sécurité d’Etat (services secrets) au moment des faits.
Longtemps, le gouvernement malien a hésité entre le jugement des accusés et leur amnistie. Il semble que les tenants du jugement prennent, ces derniers temps, le dessus. D’où le futur procès de Kayes.
Abdoulaye Guindo
Source: Le Procès Verbal