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Affaire de l’immeuble WOYOKOTE au grand marché: les boutiques de 5 commerçants défoncés par les héritiers

Ce vendredi 9 septembre 2022, tôt le matin, aux environs de 6 heures, les portes des boutiques de 5 commerçants ont été défoncées à leur insu à l’immeuble WOYOKOTE, à Bozola, au Grand marché de Bamako. Cette intervention fait suite à un différend qui les oppose aux héritiers de feu Famourou WOYOKOTE.

 

Après avoir pillé les magasins des commerçants, emporté ce qui peut l’être, l’huissier commis par les maîtres des lieux et ses badauds, ont tout simplement jeté les autres articles sous le soleil et la pluie.
A l’origine du différend, la volonté des héritiers WOYOKOTE de démolir l’immeuble pour des raisons, disent-ils, de sécurité. Mais, pour les victimes, cela n’est qu’un prétexte pour les déloger pour confier la reconstruction à un nouvel acquéreur. Un richissime opérateur économique, selon certaines sources, qui leur a promis de construire un immeuble plus grand, donc plus rentable.
C’est des commerçants choqués et dépités qu’une équipe d’hommes de médias, ait donc rencontré ce samedi 10 septembre 2022, sur les ruines de leurs magasins en train de rassembler ce qui est encore récupérable.
Selon les victimes, ces événements sont survenus alors que le dossier est encore pendant devant la justice.
Témoignages
accablants
L’un des porte-paroles des victimes, Mamoutou TRAORÉ, a fait savoir que vers 6 heures du matin, les héritiers de feu Famourou WOYOKOTE, par l’entremise de leur huissier, Ibrahim BERTHE, ont forcé les portes de leurs magasins en compagnie d’éléments des forces de l’ordre.
Pour lui, ces actes ont été posés en violation des textes en vigueur en la matière. De même, a-t-il expliqué, les héritiers WOYOKOTE, se sont donné le droit d’exécuter une décision de justice qui a fait l’objet d’appel. D’ailleurs, l’audience prévue ce vendredi 9 septembre 2022 a été finalement reportée au 16 septembre prochain devant la Cour d’Appel de Bamako. Donc, sans attendre la décision de justice, ils sont venus défoncer les boutiques et jeter dehors sous la pluie, des lots des couches ; des cartons vides, des nattes, un coffre-fort, des lots de chaussures, d’huile cosmétiques ; des lots de cartons de spaghetti, de chocolat, biscuits, etc.
«Ils nous ont montré qu’ils ont le pouvoir et qu’ils n’ont pas peur de la justice», se plaint Mamoutou TRAORÉ.
«Les huissiers et les héritiers nous ont convoqués au tribunal alors que nous n’avons pas de contrat avec eux. Nous avons signé nos contrats avec un cabinet de bail et nos documents sont toujours valables. Une fois là-bas, ils nous ont fait savoir que l’immeuble sera démoli et que nous devons quitter les lieux le plus tôt que possible. Nous avons répondu que pour nous obliger à quitter, ils doivent d’abord rembourser nos cautions qui s’élèvent à plus de 30 millions », a-t-il poursuivi.
Il a fait savoir que les baux ont été signés depuis 2003 moyennant le paiement de 7 millions dont la somme cumulé s’élève à 30 millions de F CFA si on ajoute les magasins annexes.
«Aujourd’hui, nous n’avons plus où aller, nous avons été obligés de chercher un autre magasin pour mettre nos articles à l’abri», s’est-il lamenté.
Selon M. TRAORÉ, cette destruction vient de mettre en chômage plus de 200 jeunes. «Nous étions en train de gagner notre vie à la sueur de nos fronts. Nous payons régulièrement les taxes et versons 50 000 F CFA, chaque mois aux propriétaires. C’est un acte révoltant », s’est-il insurgé.
De son côté, Diadié DRAME, une autre victime, en 1988, a rappelé que boutiques ont été construites en 1988 par les nommés Baissou KANOUTE et Abdoulaye HAÏDARA, pour les mettre en bail.
«Tout récemment, ils nous ont fait savoir que le niveau un de l’immeuble est défectueux et nécessitait une réparation», a-t-il dit.
Mais, selon lui, cette question ne concernait pas les magasins qu’ils occupent. Mais, contre toute attente, les héritiers ont exigé au mois de juillet dernier à tous les occupants de vider les lieux sans que les bailleurs n’aient eu le temps d’aviser les commerçants.
Appels aux autorités
Pour sa part, Mamoutou MAGASSA, a ajouté que les magasins ont été défoncés devant une centaine de témoins dont certains sont des badauds.
« Nos affaires ont tout simplement été emportées. J’ai mon grand-frère qui a perdu son iphone 13 dans ce pillage. On a tenté d’ouvrir mon coffre-fort de plus de deux tonnes qui est maintenant bloqué. Je peux dire que j’ai perdu plus de 22 millions F CFA dans cette affaire», a-t-il déploré M. MAGASSA.
Pour lui, rien ne justifiait cette opération dévastatrice alors que l’affaire est pendante devant la justice.
Pour lui, les autorités doivent s’employer à mettre fin à ces genres d’injustice dans un pays qui vient de connaître un changement de régime à la suite d’un soulèvement populaire contre la mauvaise gouvernance et l’insécurité.
«Rien ne peut mieux rassurer un pauvre qu’une bonne décision de justice. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités compétentes de nous mettre dans nos droits», a-t-il exigé.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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