Dans l’affaire de blasphème de la religion musulmane, le Procureur de la commune IV a annoncé, ce jeudi 3 novembre, avoir inculpé et mis sous mandat de dépôt Doumbi Fakoly et 5 autres personnes, dont le chef d’une secte « pour délit à caractère religieux, pouvant causer des troubles à l’ordre public ». Au même moment, la communauté musulmane s’active pour l’organisation de sa grande mobilisation au boulevard de l’indépendance cet après-midi.
Alors qu’un rassemblement de la communauté musulmane était en préparation et doit se tenir cet après-midi au boulevard de l’indépendance, le Procureur du tribunal de la commune IV, qui s’est autosaisie du dossier, a annoncé sur sa page Facebook avoir inculpé et mis sous mandat de dépôt Doumbi Fakoly Doumbia et 5 autres personnes pour « délit à caractère religieux pouvant causer des troubles à l’ordre public ».
Dans un premier temps, M. Doumbi Fakoly Doumbia, l’un des leaders de ce groupe, était entre les mains de la police pour, dit-il, aider à retrouver l’auteur de la vidéo blasphématoire avant que les musulmans ne mettent le grappin sur lui.
En effet, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, un homme assis dans une boutique se réclamant du kémitisme, une communauté très peu représentée au Mali et qui revendique des croyances ancestrales, s’en prend à l’islam et aux symboles sacrés de la religion musulmane.
S’exprimant en langue Bamanankan, l’homme sur la vidéo tient des propos virulents contre l’islam et manque de respect à Allah et à son prophète (PSL), tout en piétinant le Coran.
Pour la justice, ces propos et agissements sont constitutifs de manifestations contraires à la liberté de conscience et de culte susceptibles de dresser les citoyens les uns contre les autres.
Ainsi, ces faits sont prévus et punis notamment par les dispositions combinées des articles 58 du Code pénal 55 et 56 de la Loi n°2019-056 du 05 décembre 2019 portant répression de la cybercriminalité.
Des gestes et propos qui ont provoqué l’ire de la communauté musulmane, à travers le Haut conseil islamique du Mali, qui a appelé à une grande mobilisation cet après-midi au boulevard de l’indépendance contre ce blasphème, inédit, pour de nombreux leaders religieux dans le pays où durant des siècles l’islam est pratiqué.
Ainsi, depuis quelques jours, des leaders religieux offusqués par cet outrage à la divinité, à la religion ont également appelé à la manifestation pour que jamais de tel comportement ne se produise dans le pays.
Pour calmer la tension qui couve, le ministre a appelé la communauté musulmane à la retenue et a exhorté les leaders religieux, à leurs niveaux, à appeler au calme, à la sérénité et à la patience afin que les autorités puissent régler le problème dans un climat apaisé devant les instances indiquées en la matière.
« Nous sommes très fâchés aujourd’hui parce que si on s’attaque à une religion dans le pays, il est obligatoire que nous jouions notre rôle pour régler la situation. Dans la journée du dimanche 30 octobre, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux et on m’a envoyé ladite vidéo. Quelqu’un a insulté Dieu, le Prophète Mohamed (PSL), profané le Saint Coran et tout ce que les musulmans adorent. Il a prononcé des paroles inimaginables qui font mal même à ceux qui n’appartiennent à aucune religion. Il est allé loin en marchant sur le Saint Coran. Certes, le Coran ne se rabaissera pas à son niveau, mais ceux qui adorent le Coran ne resteront pas les bras croisés alors qu’on s’attaque à leur religion », s’est indigné le ministre des Affaires religieuses, du culte et des coutumes.
« Si l’on tolère ces genres d’actes dans le pays, cela sera une source d’instabilité. Aussi, ça peut pousser les gens à commettre l’inadmissible. Cet acte a choqué tout le monde, même ceux qui ne se reconnaissent dans aucune religion. Si tu touches au livre Saint d’une religion, c’est comme si tu as touché au livre Saint des autres religions. Ce qu’il a fait n’est pas du tout poli. Nous sommes là pour toutes les religions et toutes les religions sont égales pour nous », a déclaré le Dr Mahamadou KONÉ, en promettant que tout sera fait pour que ce genre d’acte ne se pose plus au Mali.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin