Bagui Traoré, 25 ans, grand frère de notre compatriote Adama Traoré mort dans des circonstances non encore élucidées en France, a été reconnu coupable de violences commises en novembre à Beaumont-sur-Oise, banlieue parisienne, contre des policiers français en marge de cette affaire. Il a écopé de huit mois de prison ferme par le tribunal correctionnel et une interdiction de séjour de deux ans.
Dix mois de prison ferme avaient été requis contre Bagui Traoré, le grand frère d’Adama, mort en juillet lors de son interpellation par les gendarmes. Finalement, le jeune homme de 25 ans a été condamné avant-hier mercredi soir à Pontoise (Val-d’Oise) à huit mois de prison ferme pour des violences commises en novembre à Beaumont-sur-Oise contre des policiers en marge de cette affaire. Prenant en compte « le besoin de sérénité » de Beaumont-sur-Oise, théâtre d’épisodes de violence, depuis le décès suspect d’Adama Traoré, le 19 juillet dernier, le tribunal correctionnel de Pontoise a également frappé Bagui Traoré d’une interdiction de séjour de deux ans dans cette petite ville de grande banlieue parisienne où vit une grande partie du clan Traoré.
Son frère Ysoufou Traoré, 22 ans, jugé à ses côtés pour outrages et menaces de mort à l’encontre de deux agents de police, a été condamné à six mois de prison, dont trois avec sursis, comme requis par le parquet, et est ressorti libre de l’audience.
« Une honte pour la justice du Val-d’Oise », a déclaré après le jugement leur sœur Assa, à la pointe du combat pour faire traduire en justice les gendarmes que la famille juge responsables de la mort d’Adama.
« Après une instruction minutieuse, le tribunal a entendu mes clients. Je souhaite que cette décision contribue à ramener la paix sociale », s’est félicitée au contraire Me Caty Richard, l’avocate des huit policiers municipaux et gendarmes.
« Il n’y a pas de justice d’exception qui serait vengeresse : on applique la loi et la procédure pénale, quels que soient les victimes et les prévenus », avait affirmé le procureur dans son réquisitoire, critiquant les tentatives de la défense pour « faire dévier l’objet de ce procès ». Car « c’est Bagui Traoré qui s’acharne, ce n’est pas la société », avait ajouté le procureur, rappelant que le prévenu avait douze condamnations à son actif, pour des vols avec violence et des extorsions.
Les faits remontent au 17 novembre. Ce soir-là, une cinquantaine de personnes, membres de la famille Traoré et des soutiens, voulaient assister au conseil municipal pour protester contre une délibération visant à faire prendre en charge les frais de justice de la maire par la commune. Le ton était monté, des insultes avaient fusé et des heurts avaient éclaté quand les soutiens s’étaient vu refuser l’accès à la salle du conseil au motif qu’il n’y avait plus de place. Une policière municipale avait fait usage de gaz lacrymogène, malgré la présence de « poussettes » dans la foule massée devant l’hôtel de ville.
Une absence de perquisition, une interpellation plusieurs jours après les faits, des témoins-clés que l’accusation n’a pas pris la peine de faire citer : pour Me Yassine Bouzrou, l’enquête conduite par le parquet de Pontoise est « bidon, pourrie, minable ». Depuis le début de l’affaire, la famille Traoré accuse le parquet d’avoir voulu passer sous silence les véritables causes du décès d’Adama Traoré.
« On n’a pas confiance en vous, c’est vrai », a lancé Me Bouzrou au procureur.
Le jeune homme était mort dans les heures qui avaient suivi son interpellation par les gendarmes du Val-d’Oise, venus arrêter son frère Bagui. Une instruction est en cours à Paris, puisque sa mort, qualifiée de « bavure » par ses proches, a entraîné le dépôt en France de deux plaintes par sa famille qui dénonce l’attitude des forces de l’ordre pendant et après son arrestation.
Transporté dans notre pays, le corps d’Adama Traoré a été enterré le 7 août à de Bamako, en présence de plusieurs proches.
En cette douloureuse circonstance, le Président IBK a reçu personnellement, quelques jours plus tard, à Koulouba, la mère, la sœur et l’oncle d’Adama Traoré. Il en a profité pour rappeler l’attachement de l’État à tous ses enfants, aussi bien ceux de l’intérieur que de l’extérieur. Le Chef de l’État a également rappelé toute l’importance et la considération qu’il accorde aux Maliens tant de l’intérieur que de l’extérieur. Lors de cette audience en présence de plusieurs ministres, le locataire de Koulouba a présenté en son nom et au nom du peuple malien les condoléances les plus attristées à la famille et à toute la diaspora malienne.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin